Avant le premier tour des élections municipales de Givors qui aura lieu ce dimanche 5 décembre, le Lyon Bondy Blog est allé rencontrer les candidats des 6 différentes listes. Pour cette seconde interview, nous avons interrogé Razika Dali et Laurent Decourselle, qui ont fusionné leurs listes : « Givors en commun – Un avenir pour Givors », se définissant comme « sans étiquette ».
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Razika Dali, j’ai 44 ans et je suis infirmière libérale, cheffe d’entreprise. Je suis coordinatrice du centre de vaccination anti-COVID-19 adossé au centre hospitalier de Givors. J’étais à l’initiative du projet. Je suis représentante des usagers du système de santé, j’ai été désignée par l’agence régionale de la santé. J’ai été candidate en mars 2020 d’une liste qui s’appelait « Givors en commun ». Je suis plutôt sans étiquette. On a une liste de « divers » sans étiquette avec Laurent Decourselle. Nous avons fusionné nos listes pour cette nouvelle élection. D’ailleurs, je me demande si appartenir à la gauche ou à la droite signifie encore quelque chose. Ma candidature est une candidature citoyenne et engagée.
Étiez-vous prête à faire une seconde élection ?
On attendait la décision du Conseil d’État. Je ne m’étais pas positionnée ni pour, ni contre, mais j’attendais la décision assez sereinement.
Givors est historiquement une ville plutôt ouvrière. Quels sont les enjeux principaux de la ville selon vous ?
Je pense que Givors a été trop longtemps dans une gestion fermée. Il suffit de voir l’état de la ville aujourd’hui. On est quand même la quatrième ville la plus pauvre de la métropole ! Il y a des difficultés d’accès aux soins, d’accès à l’emploi… En termes de soins, je sais de quoi je parle, parce qu’on est quand même dans une crise sanitaire assez compliquée. Givors a été l’une des deux villes du Rhône la plus touchée alors que la région proposait un dépistage massif juste avant la période de fêtes l’année dernière. Givors n’était pas présente. Je pense que les citoyens ont le droit de s’interroger sur les priorités de la ville.
Est-ce qu’être jeune à Givors en 2021 c’est compliqué ?
Oui, c’est compliqué parce qu’on voit beaucoup de décrochage scolaire. Ils sont loin des pôles universitaires et c’est pour ça qu’on veut aussi créer une antenne universitaire. Les jeunes n’ont pas forcément accès aux facs et n’ont pas la facilité de pouvoir se déplacer dans les grandes villes. Par exemple, sur Vernes, ce n’est pas très bien desservi.
Comment comptez-vous améliorer les offres de transport ?
Laurent Decourselle : J’ai été inspecteur de la sécurité routière et je suis chargé d’études dans une unité où l’on parle d’aménagement du territoire et notamment la cellule « mobilité ». En ce moment, on parle beaucoup du téléphérique. Ceux qui sont motivés pour voir l’émergence de ce projet je les ai clairement identifiés et j’ai pu travailler aussi en proximité avec les acteurs de la métropole, dont certains sont évidemment nouveaux dans ce paysage. On a une expertise pour développer le transport. Je prends le train régulièrement pour aller à Lyon. Par exemple, ce matin, il manquait deux trains, donc on était compressés comme des sardines ! Donc effectivement il y a un outil, mais pas suffisamment régulier pour créer une habitude de transport sécurisé.
Razika Dali : Le jeune qui veut se former à l’université comme à l’Université Lyon 2, c’est un parcours du combattant pour lui. Les jeunes n’ont pas forcément les moyens de vivre sur Lyon. Et ceux qui choisissent l’alternative des transports en commun doivent prendre le bus, puis prendre le train et ensuite reprendre un bus. C’est vraiment pesant. D’autres ont l’option de travailler sur Saint-Étienne parce qu’on est aux portes du 42, mais on reste excentrés.
Laurent Decourselle : Aujourd’hui, Givors a deux cicatrices : l’autoroute qui coupe la ville en deux, et ça c’est historique, c’est compliqué en termes de nuisances sonores, de pollution et tout ça. Et Givors a aussi une route à grande circulation qui longe le Rhône et qui ne permet pas d’avoir une ville apaisée. Tout ça, c’est complexe à gérer.
Est-ce que le court mandat de M. Boudjellaba a permis de changer les choses ou pas du tout ?
Je regrette qu’il n’ait pas demandé au préfet un assouplissement de la circulation des poids-lourds. Il n’a pas eu cette démarche et je pense que ce sont des sujets qu’il ne maîtrise pas forcément. Et ça on le regrette pour quelqu’un qui fait partie d’un mouvement qui promeut les déplacements doux. On n’a pas vu l’ombre d’une piste cyclable en 16 mois alors que le maire de Lyon, et je sais que ce n’est pas partagé par tous, a réussi à mettre des kilomètres linéaires de pistes cyclables ! C’est dommage parce que c’était une ambition qui partait notamment des rues piétonnes. Nous, on va être très réactifs sur ce sujet. On a besoin de la métropole pour qu’elle valide. Mais la métropole a aussi besoin des élus locaux pour avoir la connaissance du terrain. On a d’ailleurs la chance d’avoir sur notre liste le cofondateur du parti des verts, monsieur Daniel Martin, qui produit énormément de réflexions sur la société et notamment sur les modes de transport.
Givors à des conseils dans neuf quartiers différents et avait six permanences citoyennes. Est-ce que la démocratie participative caractérise Givors selon vous ?
Justement M. Boudjellaba a supprimé les maisons citoyennes, et c’est un scandale pour nous parce que c’était l’une des mesures qu’on avait appréciées de la part de la municipalité précédente. La loi prévoit des conseils citoyens dans chaque quartier prioritaire de la ville et aujourd’hui on a quand même trois quartiers prioritaires avec un taux de logements sociaux d’un peu plus de 45%. On a absolument besoin d’avoir une représentation démocratique. Et le second aspect sur lequel on est particulièrement en colère est le suivant : j’ai été conseiller municipal et M. Boudjellaba à supprimé les commissions thématiques qui sont prévus dans les collectivités territoriales. Pendant les 16 mois, on n’a pas eu un instant de débat creusé sur un sujet qui impacte toute la ville. Si on est en responsabilité, on recréera du dialogue, non seulement avec les habitants, mais aussi avec l’opposition pour avoir des débats constructifs.
Le taux d’abstention était d’environ 70% l’année dernière. Comment allez-vous mobiliser les jeunes givordins pour la seconde élection ?
On s’attend à l’abstention. C’est compliqué, mais on a quand même beaucoup de jeunes qui nous soutiennent. De toute façon c’était le problème de l’élection en 2020, on avait un taux d’abstention record au niveau national et 3 mois d’écart entre le premier et le second tour. Les jeunes sont désabusés, ils ne croient plus en la politique ni même aux politiques communaux sans étiquette. C’est compliqué de les mobiliser. On a un local en centre-ville et il y a beaucoup de jeunes qui fréquentent les établissements d’alimentation rapide à côté du local. Donc ils viennent nous voir souvent. Il faut savoir aussi que je suis en libéral, j’interviens beaucoup sur le secteur des Vernes. Je suis un visage connu et je pense redonner un peu confiance à travers ma candidature. Je pense qu’ils se mobiliseront parce que je passe trois fois par jour au quartier des Vernes. Je leur inspire un peu confiance. La popularité d’une personne est importante pour les élections.
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