Alors que l’année scolaire se termine, les instituteurs de Vaulx-en Velin, Jonage et Décines s’inquiètent de la suppression de 4 postes RASED dans les écoles primaires des communes pour la rentrée prochaine.
Des classes de 35 « unités », des instituteurs doctorants dénichés à Pôle Emploi, des écoles maternelles transformées en garderie privées, un apprentissage de la conjugaison à la chaîne… L’école du futur vue et jouée par une poignée d’enseignants lors de la matinée de mobilisation contre la suppression de postes RASED * (réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté) peut prêter à sourire, mais fait tout de même froid dans le dos.
Réunis avec les parents d’élèves, le mardi 9 juin, devant le centre culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin, sous une pluie battante, les enseignants en grève avaient la ferme intention de marquer le coup. « C’est officiel ! Nous allons perdre 4 postes RASED à la rentrée prochaine. », m’annonce, désolée, Isabelle Gehin, professeur des écoles à Vaulx-en-Velin. « Pour l’Inspection académique, ce n’est pas une suppression, juste un redéploiement de postes. L’an passé, l’on s’était déjà battu afin qu’ils ne nous retirent pas de postes. On avait eu gain de cause mais au final, pour la rentrée prochaine, il va manquer des postes dans d’autres communes du département. »
Isabelle désespère de cette décision. Pour cette institutrice, les postes RASED (un dispositif composé de psychologues scolaires, de maître d’adaptation et de rééducateur) sont une aide primordiale et leur diminution (voir leur disparition) ne présage rien de bon pour l’avenir des écoles primaires publiques de la ville. « La mission de l’école publique est de former tous les élèves, même ceux en grande difficulté. Sans les RASED, ces élèves ne seront plus soutenus. Cela va créer de l’échec scolaire. », assure Isabelle.
Du côté des parents, la colère et l’inquiétude dominent. Un groupe de maman présente ne mâche pas ses mots. « Je ne suis pas mère d’un enfant en difficulté mais je suis solidaire ! Peut-être qu’un jour mon fils aura besoin du RASED. Ce sont des postes très utiles pour les classes. Et c’est à l’école primaire que l’avenir des enfants se prépare ! Au collège, c’est trop tard ! », explique l’une d’entre elles. « Qu’est-ce que ça signifie pour eux ZEP ?! Avec ces postes en moins, la situation va se dégrader. Personne ne nous propose de solutions. », poursuit une autre. « L’éducation doit être adaptée au public ! Il faut surtout voir les besoins en fonction des quartiers. ». Le débat est lancé mais personne ne semble vraiment savoir dans quelles conditions les enfants en difficulté seront pris en charge l’année prochaine.
* LE DISPOSITIF RASED EN BREF
Lancé dans les années 90, le RASED est un dispositif composé de trois types d’enseignants ayant reçu une formation spécialisée de plus d’un an, notamment tournée vers la psychologie. Les RASED ont pour mission de fournir des aides spécialisées à des élèves en difficulté dans les classes ordinaires des écoles primaires. Ils comprennent des enseignants spécialisés chargés des aides à dominante pédagogique, les “maîtres E” (difficultés d’apprentissage), des enseignants spécialisés chargés des aides à dominante rééducative, les “maîtres G” (difficultés d’adaptation à l’école), et des psychologues scolaires.(définition officielle).
A suivre : Ne manquez pas l’interview cet après-midi d’Alexandre, un instit qui n’ a pas sa langue dans sa poche.
Auteur : Pascale Lagahe