Detroit : Become Human, le tourment de la robotique

Il aura fallu attendre cinq ans aux fans des productions Quantic Dream pour connaître la naissance du successeur de Beyond : Two Souls. Plus de 4 années de développement ont été nécessaires aux équipes du studio français pour tenter de pousser son ADN dans ses derniers retranchements et proposer une histoire aux embranchements multiples, grâce auxquels chaque joueur est libre de prendre les commandes du destin des personnages qu’il incarne. Autant le dire tout de suite, l’attente en valait clairement la peine.

Crédit Quantic Dream
(Crédits : Quantic Dream)

Detroit : Become Human nous promet une histoire complexe où chaque choix a une incidence majeure sur le scénario. C’est le discours de chaque jeu narratif actuel et peu sont ceux qui proposent au final un changement très radical. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas de la dernière production du studio français et comme l’expliquait David Cage, le choix de développer des choses que certains joueurs ne verront probablement pas est assumé. Cela rend le scénario terriblement complexe et on a froid dans le dos rien que d’imaginer à quoi ressemble le script de ses multitudes de possibilitésL’arborescence de choix à la fin de chaque chapitre est une très bonne idée qui va nous permettre de se rendre compte du travail de titan qui a été réalisé.

Quand le jeu vidéo et le cinéma se rencontrent

Le scénario est donc complexe dans sa structure mais pas forcément dans son écriture. Certains personnages sont des clichés ambulants, le flic alcoolique qui a perdu son fils et sa femme, ou le père de famille au chômage qui bat sa fille, le vieil intellectuel handicapé… Mais malgré tout, on s’attache à ces personnages même secondaires. En réalité, Detroit est plus qu’un jeu vidéo et va même jusqu’à emprunter l’économie du film hollywoodien. est un gigantesque blockbuster, au scénario au final assez simple mais à la réalisation impressionnante au budget qui permettant d’offrir un grand spectacle inoubliable.

Un exemple de toute les possibilités pour la première scène du jeu ( Crédits : Adrien AAZZAB / Lyon Bondy Blog)

L’histoire n’est pas mauvaise, loin de là, mais le jeu profite d’une réalisation hors du commun pour faire oublier les petits défauts de son scénario. Certaines scènes sont absolument mémorables et l’émotion, marque de fabrique de Quantic Dream, est une nouvelle fois très présente tout au long de la trame. Les développeurs ont fait le choix de représenter la ville de Détroit telle qu’on pourrait l’imaginer en 2038. Pas de voitures volantes ou de technologie du genre mais seulement une évolution logique de ce que l’on connaît déjà, pour nous offrir un monde crédible, que l’on peut facilement imaginer comme réelle On perd ainsi le côté surréaliste du monde au profit de quelque chose de plus froid et réaliste.

Mais cela colle parfaitement car malgré ses défauts, l’histoire de Detroit profite pleinement de cet univers futuriste. Les thèmes abordés sont nombreux, certains de manière très brève (et c’est dommage) et d’autres beaucoup plus profonde mais toujours traités intelligemment. La trame scénaristique est très bien rythmée, les changements de scène entre chaque personnage sont fluides et on sent que David Cage a mûrement réfléchi à chacun des chapitres de son jeu. Le vrai problème paradoxal du jeu, c’est que son thème principal pose la question de savoir si les robots peuvent être considérés comme des humains. Mais le joueur étant celui qui dicte les actions des différents protagonistes, le réaction sont alors proche de celle qu’aurait un humain, à moins que l’on se force à faire des choix contre notre instinct.

Connor, Markus et Kara; les trois personnages jouables ( Crédits : Quantic Dream )

Become Human ?

Résultat, la question tombe un peu à plat puisque nous sommes humains et eux aussi par extension, même pour Connor le plus robotique des trois. Jamais on ne va laisser mourir Hank, son partenaire joué à merveille par Clancy Brown par exemple. Malgré le fait que le thème du jeu soit rapidement abordé, ça n’empêche pas d’être passionné par la lutte de Markus, que l’on décide d’en faire un Martin Luther King Junior ou un Malcolm X. Les acteurs sont excellents et on se sent vraiment investi par leurs histoires. La rejouabilité est absolument titanesque et chaque joueur peut vivre une expérience totalement différente, rendant le jeu incroyable à la seconde où on le démarre, accueilli par un androïde au menu principal qui va évoluer en même temps que l’histoire. Avec une expérience inédite et ambitieuse dotée d’une réalisation irréprochable, Detroit : Become Human nous fait oublier ces quelques petits défauts pouvant gâcher l’ensemble.

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