Dans le cadre du Cycle l’Archipel des Résistances, co-organisé par La Maison des Passages, Mediapart, Camedia (l’association des lecteurs de Mediapart) et le Lyon Bondy Blog, nous accueillions le CEDRATS et l’Observatoire des armements sur le thème : « Les 50 ans du statut des objecteurs de conscience en France : quel antimilitarisme et quel pacifisme aujourd’hui ?
La reconnaissance du statut d’objecteur de conscience a été un combat politique intense. Dès 1957, Louis Lecoin, libertaire pacifiste et figure de proue du mouvement entame une lutte contre l’Etat. Il mène alors une campagne d’opinion, s’appuyant sur son journal « Liberté ». D’autres associations et personnalités se joignent à la cause : L’Union pacifiste de France (UPF), la Ligue d’action pacifiste (LAP), Albert Camus, L’Abbé Pierre…
La guerre d’Algérie fait accélérer les choses. A 74 ans, Louis Lecoin entame une grève de la faim qui l’emmènera à l’hôpital. Devant l’établissement, des nombreuses manifestations de soutien se succèdent, obligeant le général De Gaulle à promettre la reconnaissance du statut d’objecteur de conscience. Le 21 décembre 1963, le gouvernement français adopte le texte. Triomphaliste, Louis Lecoin déclare » Je suis le seul homme à avoir fait plier le Général. » En France, la fin de la conscription obligatoire, en 2001, marque une victoire pour le mouvement antimilitariste.
« L’objection de conscience 1963/2013 en France et en Europe. » Intervention de Maurice Montet, secrétaire national de l’Union Pacifiste de France ( 19.00″)
Le combat des objecteurs de conscience n’est pas franco-français et à une vocation internationale. Avant la France, des pays ont reconnus les objecteurs, à l’instar de la Grande-Bretagne dès 1917.
Le Parlement européen vote une résolution en 1983 tandis, que le 10 mars 1987, l’ONU adopte un texte reconnaissant les objecteurs de conscience.
Ces dispositifs législatifs internationaux permettent aux comités de soutien de lutter pour faire libérer les réfractaires. Car, encore aujourd’hui, le combat continu dans de nombreux pays, comme en Colombie, Erythré, Israël…
Pour conclure son intervention, Maurice Montet déclare : » Tant qu’il y aura un insoumis ou un objecteur en prison dans le monde, nous serons mobilisés.
Dans la deuxième partie, Patrice Bouveret revient sur l’origine du terme objecteur de conscience, » d’origine anglaise, utilisé pour la première fois en Afrique du Sud au début XX siècle, par un général britannique pour désigner Gandhi et ses partisans qui luttaient pour le droit des immigrés Indiens dans les colonies anglaises ».
« Quelle résistance à la militarisation en 2014 ? » Intervention de Patrice Bouveret, directeur de l’observatoire des armements. 9,50″
Le directeur de l’Observatoire des armements met en avant le caractère collectif de la lutte. Il s’interroge aussi sur « quelle résistance en 2014″. Il juge la fin de la conscription comme une victoire au goût amère : » Les citoyens sont désormais moins impliqués, se posent moins de questions, comme sur l’exportation d’armes, le budget militaire ou la politique nucléaire militaire française « . In fine, il se questionne sur comment faire pour, aujourd’hui, remettre la question militaire au coeur du débat.