Dans le cadre d’une conférence sur l’impact du narcotrafic en France, le maire de Villeurbanne et le sénateur Jérôme Durain, se sont exprimés ce jeudi 13 février au Centre Culturel et de la Vie Associative de Villeurbanne afin d’éclaircir certaines interrogations sur la proposition de loi pour lutter contre le commerce de stupéfiants.
Ce jeudi 13 février, le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael, accompagné de Yann Crombecque, adjoint “sécurité et prévention à la délinquance”, s’est entretenu avec le sénateur de Saône-et-Loire Jérôme Durain, à propos d’une proposition de loi sur l’impact du narcotrafic en France, ainsi que les moyens d’action mis en place pour lutter contre ce commerce illicite. En effet, le mardi 4 février, le Sénat a adopté, à l’unanimité, une proposition de loi déposée par les sénateurs Étienne Blanc et Jérôme Durain, afin de “sortir du piège” de cette pratique illégale. En France, 240 000 personnes sont impliquées dans le narcotrafic, selon des statuts variés allant du dealer au chef de file de ce trafic. Que ce soit en France ou à l’international, le narcotrafic constitue une véritable organisation virulente, un point sur lequel le sénateur insiste, car la France ne considère pas le trafic de stupéfiants comme un problème sanitaire, mais plutôt comme un problème “criminel”.
Un problème planétaire très bien orchestré
Cette criminalité se retrouve à l’échelle planétaire avec une vraie structure, mais aussi parfois des spécialistes, inscrits dans la boucle du trafic : transporteurs, chimistes, marketing, dealer… C’est un véritable réseau très organisé, que la police peine à décortiquer. Les principaux produits échangés sont le cannabis et la cocaïne. Le jeudi 6 février, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est revenu sur les chiffres du narcotrafic en France en 2024 avec notamment 53,5 tonnes de cocaïne confisquées.
Le “tsunami blanc”, expression reprise récemment par le ministre ne cesse donc de prendre de l’ampleur et se confirme toujours avec “l’afflux massif de cocaïne vers l’Europe”.
Il existe une véritable guerre commerciale, entraînant parfois assassinat et règlement de compte, notamment au sein et entre gangs pour la “gestion du personnel”, explique le sénateur. Le rajeunissement des criminels est un élément flagrant et très surveillé par les élus. Cela entraîne des décrochages scolaires, car c’est un moyen de gagner de l’argent, puis une fois dans la boucle du trafic, il est difficile de s’en extirper, c’est une “économie de dette”, affirme Jérôme Durain. Les codes criminels évoluent constamment, impliquant parfois une violence débridée, qui s’étend en France. Un des objectifs est donc de limiter l’expansion territoriale de ce phénomène pas forcément que dans les grandes villes, car cela concerne aussi les petites villes, qui sont également des lieux propices aux échanges.
Un texte “transpartisan” et répressif
Mais alors que faire pour limiter la propagation du narcotrafic en France ? Tout d’abord, le sénateur insiste sur l’importance de lutter surtout contre l’asymétrie avec des questions de moyens technologiques ou encore sur les procédures pénales. Les 240 000 individus cités précédemment et impliqués dans le narcotrafic ne constituent que le bas d’une vaste pyramide et remonter jusqu’au chef de file de l’organisation constitue un vrai défi pour les autorités. La facilité d’agir est due notamment aux réseaux sociaux via les groupes WhatsApp par exemple ou encore Uber qui a permis certaines facilité de transport, depuis le covid avec la tendance du “Uber shit”.
La loi est donc à deux étages selon le sénateur Jérôme Durain avec dans un premier temps une bonne coordination locale et établit le lien aussi avec la chaîne juridique nationale et internationale, en pointant notamment la nécessité d’organiser des “tables rondes” entre douaniers, policiers, gendarmes, etc. Il affirme également la nécessité d’obtenir une boîte à outils pour les juridictions et pour les enquêteurs concernant le blanchiment, la corruption, et les techniques spéciales d’enquête. Le maire de Villeurbanne travaille sur ces enjeux de sécurité depuis 2020 et a insisté que le sujet de la sécurité “n’est ni de droite ni de gauche”, et que la gauche “a eu tort” de ne pas s’en être occupé plus tôt.
Malgré l’aspect répressif de ce texte, qui se veut “transpartisan” pour Jérôme Durain, mais auquel il manquerait quelques “dimensions indispensables” (la guérison et la prévention) pour la gauche sénatoriale, il sera examiné à partir du 17 mars à l’Assemblée nationale.
Article signé par Ryoma Novel