Prison Insider braque les projecteurs sur ceux qui sont à l’ombre

Ce nouveau site d’information sur les prisons en France et dans le monde se fixe la mission de défendre les droits des détenus et d’informer le public sur leur condition, à l’heure où le Gouvernement multiplie les annonces de créations de places de prison.

Éclairer les détenus sur leurs droits et le public sur la réalité obscure des prisons. Alors que le Premier ministre a annoncé, jeudi 6 octobre, la création de 33 nouveaux établissements pénitentiaires en France et que le sujet revient régulièrement sur le devant de la scène, la tâche fait sens plus que jamais. Le site internet Prison Insider s’y attelle. Il a été lancé en grande pompe le 20 septembre, à l’occasion de la présentation d’un rapport sur la surpopulation carcérale par le ministre de la Justice. L’objectif est de défendre les droits et la dignité des détenus en France et dans le monde. Depuis ses bureaux, à La Duchère (Lyon 9e), l’équipe publie de l’information pratique pour aider les prisonniers à se saisir de leurs droits. Elle centralise également des données pour les journalistes et autre sociologues et tente de lever le voile sur le monde méconnu du milieu carcéral.

En cas d’incarcération

La première rubrique du site, « En cas d’incarcération », présente un résumé court et clair des droits dont peuvent se prévaloir les personnes enfermées. Une carte du monde s’affiche dès que le visiteur clique, et lui propose de choisir le pays duquel il souhaite connaître les règles. Pour l’instant, il n’y en a que deux, la France et l’Italie. « L’information existe, mais elle est éparpillée. Il faut se saisir des nouvelles technologies pour la rassembler », estime Clara Grisot, en charge des résaux sociaux et de la valorisation de la recherche.

La rubrique « Ressources » propose, elle, un « comparateur », assez bien pensé. L’internaute choisi deux pays et l’outil affiche en parallèle les données concernant la détention dans chacun des deux. L’idée est de faire ressortir les disparité et d’identifier les « Pratiques vertueuses ». On y trouve aussi de nombreux autres chiffres, reportages et témoignages.

Clara Grisot, en charge des résaux sociaux et de la valorisation de la recherche

Clara Grisot
Clara Grisot

« Le but est d’informer correctement. Une fois qu’une dépêche de l’AFP tombe et dit :  »Mutinerie à la prison de Vivonne. », on n’est pas réellement informés. Quel est le quotidien des personnes ? Comment le vivent-t-elles ? »

Les coulisses du site

L’idée a été lancée par Bernard Bolze, éternel défenseur de la cause des détenues (voire notre interview du 25 septembre 2106). « Toute mon existence, je me suis intéressé à la question de l’enferment pour combattre les mauvais traitement et produire de l’information sur les conditions de détentions », résume-t-il. Membre de l’équipe du Contrôleur général des lieux de privation de libertés (CGPL) entre 2008 et 2013, il a visité de nombreuses prisons et participé à la rédaction d’autant de rapports officiels. Fin connaisseur de la question, il avait déjà lancé un Observatoire international des prisions (OIP) en 1990.

L'équipe en plein travail, deux jours après le lancement officiel du site. Photo Alban Elkaïm
L’équipe en plein travail, deux jours après le lancement officiel du site. Photo Alban Elkaïm

Une dizaine de personnes travaillent de manière permanante au fonctionnement de Prison Insider, depuis leurs bureaux, accrochés au flanc de la colline de La Duchère. Et pour assurer la qualité du site, Bernard Bolze s’est entouré de juristes, sociologues, informaticiens, graphiste ou encore de rédacteurs. Tout le contenu est traduit en trois langues.

Pour fonctionner de façon indépendante, l’association propose un site mi-gratuit mi-payant. Certaines ressources sont en accès libre, comme la rubrique « En cas d’incarcération ». Mais pour pouvoir naviguer à loisir sur Prison Insider, il faut un abonnement. Les prix restent cependant très corrects et les formules s’adaptent aux besoin des publics visés.

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