Mardi 15 février, le Parti Communiste Français (PCF) présentait ses candidats aux élections législatives pour les quatre premières circonscriptions du département du Rhône dans leurs locaux du 3ème arrondissement. Ils sont déterminés à œuvrer en faveur d’un travail mieux rémunéré, du logement pour tous et de la défense du service public, notamment sur le thème de la santé.
Les élections législatives auront lieu du 12 au 19 juin 2022 afin d’élire les futurs députés. Un député représente les citoyens de sa circonscription à l’Assemblée Nationale, qui compte 577 sièges. Il fait d’abord un travail législatif (examen des projets de loi, dépôt des propositions de loi, dépôts d’amendements, vote de la loi) mais il contrôle également l’action du gouvernement et évalue les politiques publiques. Les députés sortants des quatre premières circonscriptions du Rhône sont tous du parti La République En Marche (LREM). Il s’agit de Thomas Rudigoz pour la première circonscription, Hubert Julien-Lafferrière pour la deuxième, Jean-Louis Touraine pour la troisième et Anne Brugnera pour la quatrième.
C’est Augustin Pesche, secrétaire de la section lyonnaise du PCF, adjoint aux sports de la mairie du 8ème arrondissement et président de l’Office des sports de Lyon, qui s’est chargé de présenter les candidats de sa famille politique. Les candidats, dont la liste complète pour les 14 circonscriptions du département est disponible sur le site internet du PCF, sont validés par le conseil départemental puis national du parti après avoir été proposés par les militants.
Augustin Pesche appelle « les citoyens et toutes les forces de gauche à construire un pacte d’engagement commun, afin qu’à Lyon, il n’y ait plus de députés LREM au soir du 19 juin 2022. ». Le PCF reproche en effet aux élus d’LREM leur « silence face à la violence sociale de la politique gouvernementale ». Les chefs d’accusation sont nombreux, mais on peut retenir la privatisation « rampante » de la SNCF, le vote de la baisse des APL ainsi que de la baisse des budgets de la Sécurité Sociale, qui a conduit à la fermeture de 17 000 lits d’hôpitaux. Ils regrettent aussi le refus de l’augmentation du SMIC ou encore la tentative de passer en force la réforme des retraites pendant la crise sanitaire.
S’ils sont élus, les candidats communistes plaideront pour une « revalorisation des salaires et des pensions, la garantie de plus de démocratie dans notre vie politique et économique et l’assurance d’un développement humain en accord avec l’environnement ».
Quatre candidats qui ne sont pas des professionnels de la politique
La section lyonnaise du PCF affirme proposer aux lyonnais « quatre citoyens engagés », deux hommes et deux femmes « au parcours professionnel varié » qui sont des candidats « investis dans les luttes des élus locaux » et des « militants associatifs et syndicaux encrés dans leur quartier et leur quotidien ».
Jean-Luc Flavenot, pour la première fois candidat aux législatives, se présente pour la 1ère circonscription. Retraité depuis 2021, il est aide-maçon, travailleur précaire puis agent au Conseil Général du Rhône. Il a acquis une expérience syndicale et politique par sa qualité de représentant des personnels CGT et par sa candidature sur les listes Lyon Citoyennes et Solidaires en 2014 et de La Gauche Unie en 2020 sur le 5ème arrondissement. D’après lui, « il est indispensable que l’Assemblée Nationale compte parmi ses députés des gens qui ne sont pas forcément des cadres ou des politiques de carrière ». Il souligne : « notre avantage, c’est d’être au contact de la population dans nos quartiers et sur nos lieux de travail ».
Aline Guitard, enseignante en REP+ et 3ème adjointe du maire du 4ème arrondissement de Lyon, est la candidate PCF pour la 2ème circonscription. Militante PCF depuis l’âge de 15 ans, elle est aujourd’hui déléguée de la mairie du 4ème arrondissement à la question de l’urbanisme, du logement, du patrimoine et des services locaux. Elle est suppléante de Nathalie Perrin Gilbert aux élections législatives de 2017 et recueille 47% des voix au second tour face à Hubert Julien-Laferrière, le candidat de LREM. Elle se bat notamment pour un accès au logement qui puisse permettre à chacun de vivre dignement. Elle témoigne : « Je suis prof en REP+ à la jointure de Villeurbanne et Vaux-en-Velin depuis 25 ans. C’est un quartier qui est abandonné par les politiques nationales et où on ne s’attaque pas aux vraies problématiques que sont l’emploi, une école qui donne une chance à tous, c’est ce à quoi j’essaie de m’attaquer dans mon métier et en politique ». Elle ajoute : « En tant qu’adjoint à l’urbanisme, on arrive à faire avancer les choses en matière de logements sociaux. On doit porter à l’Assemblée Nationale des gens qui vont avoir envie de faire la même chose ».
Boris Miachon Debard, 3ème adjoint à la mairie du 7ème arrondissement de Lyon et salarié de la presse locale, est le candidat PCF pour la 3ème circonscription. Il œuvre notamment pour des nouvelles règles en faveur de la production de logements sociaux à Lyon. Il dénonce des « situations de mal-logement inacceptables en plein cœur de Lyon, des travailleurs dont les conditions de travail sont indignes car ils se retrouvent à dormir dans des squats ». Il affirme : « On a à mener bataille sur la dignité des gens, sur le droit à un toit et le droit au travail, le travail digne ».
Marie-Noëlle Lekouara est la candidate de la 4ème circonscription. Actuellement retraitée du secteur privé, elle a été technicienne en électronique puis ingénieure. Elle a une expérience syndicale et politique puisqu’elle a été élue conseillère du 3ème arrondissement de Lyon de 1995 à 2008. Elle défend des salariés précaires bénévolement au sein d’une union syndicale locale et souhaite se mobiliser autour des questions du temps de travail : « le combat de ma vie en tant que travailleuse a été de demander la réduction du temps de travail. Il faut maintenant qu’on passe à 32 heures pour que tous jeunes puissent avoir du travail », confie-t-elle. Elle lutte également pour les questions de santé, comme la fermeture de l’hôpital Desgenettes et Henry Gabrielle.
Outre la question des candidatures, un fait majeur à endiguer reste l’abstentionnisme, et cela commence par faire le point sur l’inscription aux listes électorales, dont la date limite est le 4 mars : « Un gros sujet de communication sur les législatives c’est : est-ce que tout le monde est inscrit sur les listes électorales ? La première bataille à mener, c’est celle que la démocratie puisse vivre », clame Boris Miachon Debard. Les militants du PCF prévoient d’échanger avec les abstentionnistes lors de leurs activités de terrains quotidiennes, comme le porte-à-porte ou l’aide sur les marchés.
Une alliance avec des partis de gauche en ligne de mire
Le PCF souhaite une co-construction locale d’un programme d’engagement avec les autres partis de gauche, comme le Parti Socialiste (PS) et Europe Écologie les Verts (EELV) mais aussi La France Insoumise (LFI), afin de présenter « une ambition commune », d’après les mots d’Augustin Pesche. « A voir si la main tendue est saisie, qui est celle de battre LREM, la droite et l’extrême droite à Lyon » ajoute-t-il. Ils plaident pour que l’ensemble des partis de gauche pensent la question des législatives et des présidentielles de façon concomitante. Le secrétaire de la section lyonnaise du PCF le regrette : « Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup d’échanges car les autres formations politiques sont plus centrées sur l’élection présidentielle et attendent un quelconque résultat au soir du premier tour avant de penser la transformation de notre assemblée nationale. Nous ne sommes pas dans une vision Bonapartiste, les élections présidentielles, c’est 577 candidats, plus un ». Aline Guitard le rappelle : « Encore aujourd’hui, ce sont les députés et les sénateurs qui font les lois, pas le président ». Boris Miachon Debard dénonce quant à lui la « présidentialisation » : « J’aimerais bien qu’on se lance dans la campagne législative maintenant, mais est-ce que les médias et les gens sont dans cette campagne ? ».
Pour ce faire, est née d’une volonté commune des sympathisants communistes, écologistes, socialistes et insoumis les « Rendez-vous du 15 », qui d’après les mots d’Augustin Pesche, « témoignent de la possibilité d’échange et de convergence ». Des discussions se tiennent entre les militants et les citoyens, d’abord « dans un objectif de démocratisation des débats législatifs et de recul de l’abstention ». Les législatives approchant, il s’agit également de trouver des points d’accord en vue d’une éventuelle alliance après les présidentielles. « C’est un travail en amont, car ce n’est pas dans les six semaines qui séparent le premier tour des présidentielles des législatives qu’on va créer les conditions d’une union de la gauche dans l’état où elle est aujourd’hui », précise Boris Miachon Debard. « L’objectif est d’arriver assez rapidement avec une plateforme d’une dizaine de points d’engagements qui disent que sur tous les gens qui sont d’accord là-dessus, on se réunit, et on ne laisse pas une circonscription à droite », poursuit-il. Contrairement à l’image que renvoie le débat national pour les présidentielles, Augustin Pesche informe que localement, il n’y a pas de point de contradiction indépassable avec les autres formations politiques de gauche : « Au quotidien, à la métropole, on est en capacité de travailler ensemble pour changer la vie des gens, on doit donc réussir à le faire pour l’enjeu de l’Assemblée Nationale ».
Les militants du PCF affirment avoir participé au changement du paysage politique lyonnais depuis 2017, « berceau de la macronie » d’après les mots d’Augustin Pesche, en devenant « la principale force politique de gauche dans les arrondissements de la ville de Lyon ». Ils espèrent poursuivre la dynamique aux prochaines élections législatives de juin, en partie grâce à la médiatisation inattendue de leur candidat aux présidentielles Fabien Roussel.