Le collectif Na3na3 propose une mini-série produite par Popkast sur le thème du « Ramadan confiné » . La créatrice, Nadia Slimani, revient sur celle ci en interview pour le LBB . Elle nous a confié son désir de porter la parole des français et françaises d’origine maghrébines dans toutes leurs diversités, croyants ou non, loin des stéréotypes communautaires.
10 épisodes à suivre en cliquant ici.
Vous faites partie du collectif na3na3 dans lequel vous faites des podcasts. Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de celui-ci ?
Je m’appelle Nadia Slimani et je suis médiatrice culturelle . Lors d’une formation en journalisme l’année dernière, j’ai rencontré Djamila Ainennas et Meriem Bioud avec qui nous avons lancé cette idée de podcast. Dans le cadre de ma formation, nous avons eu des contacts avec Popkast. Nous leur avons proposer notre idée et cela leur a plu.
Ensuite nous avons formé le collectif Na3na3. C’est un mot qui signifie menthe en arabe. Celle ci est très consommée avec le thé qui est une des boissons la plus consommée au Maghreb. C’est une plante qui symbolise l’hospitalité. Notre volonté à travers ce podcast est aussi de pouvoir créer un dialogue et d’« adoucir l’air », comme les feuilles de menthes. C’est une image qui est fidèle à notre podcast.
Dans votre podcast « Ramadan Confiné », vous dressez le portrait de français et de françaises d’origine maghrébine pendant cette période de ramadan et de confinement. Pourquoi avoir choisis ce sujet ?
Je suis née dans une famille musulmane et pratiquante. Pour moi la fête du ramadan, comme Noël pour une famille chrétienne, est un moment qui a rythmé ma vie depuis mon enfance. Cette année pour la première fois, il y a le ramadan et le confinement. Pour beaucoup d’amis et moi, cette période de quarantaine est un moment d’introspection où l’on réfléchit beaucoup. Le ramadan est aussi une période faite pour cela. J’ai trouvé que l’association des deux était intéressante, et j’étais curieuse de savoir comment d’autres personnes le vivaient.
Pourquoi avez-vous choisi le format de portrait ?
Pour les deux premiers épisodes de na3na3, il n’y en avait pas encore de portraits. C’était quelque chose d’important Je trouve qu’en France, nous donnons peu la parole aux français et françaises d’origine maghrébine. Il était important pour moi de leur donner la parole, parce qu’à nous trois, nous ne pouvons pas représenter tout le monde ! C’est d’ailleurs un des buts du podcast de montrer que l’on est tous différent et que l’on est loin des stéréotypes qui peuvent exister : le premier épisode parle d’Asma Fares, une influenceuse musulmane et pratiquante, le prochain concerne Lina qui est ni pratiquante, ni croyante. Nous trouvons important de montrer ces différences, et que cela soit les personnes concernées qui le disent.
Quel public souhaitez-vous viser à travers ce podcast ?
Tous d’abord les personnes d’origine maghrébine. Quand j’étais adolescente, j’aurais bien voulu qu’il y ait un podcast comme cela qui me fasse penser que je n’étais pas si différente. Le but est aussi d’ouvrir cela à tout le monde. On veut participer à ce genre de projets qui permet le dialogue et la communication entre les personnes pour découvrir la culture des autres. Plus les gens seront nombreux et diversifiés, plus je serais heureuse.
Ce message de diversité, c’est ce que vous voulez transmettre ?
Oui, complètement. Souvent, on associe maghrébin et musulman, que cela soit dans les médias ou la vie de tous les jours. C’est aussi une méconnaissance des histoires de personnes. Là par exemple, l’épisode que nous sortons aujourd’hui s’appelle : « t’es marocaine et tu ne fais pas le ramadan ?!». C’est une question que l’on peut entendre, parce que les gens ignorent que l’on peut être d’origine maghrébine et ne pas forcément être musulman. On peut être juifs, chrétiens, athée, ou encore agnostique.
Le but est de dresser un portrait un peu plus juste de la réalité.
La série est intéressante à prendre dans son ensemble, c’est là qu’elle prend tout son sens. C’est déjà une très bonne chose d’écouter un témoignage, mais quand on les écoute tous, on se rend compte de cet éventail d’identités. C’est cela que l’on veut mettre en valeur dans le podcast. Ce n’est pas parce que l’on est d’origine maghrébine que l’on doit être d’une manière donnée.