Le réalisateur canadien Philippe Falardeau risque d’attirer la foule de fans de Rocky dans les salles obscures. Son nouveau film Outsider retrace l’histoire de l’homme qui a mis au tapis Mohammed Ali le temps de quelques instants.
Chuck Wepner, l’outsider de la boxe renoue avec son passé agité. Pratiquement inconnu du grand public, il est pourtant celui qui a inspiré la saga Rocky, signée Stallone. Philippe Falardeau met en lumière un personnage qui a vu son destin lui échapper. Un biopic qui rend Chuck le colossal attendrissant.
Entre coups de poing et sensibilité
Le 24 Mars 1975, Chuck Wepner rentre dans l’histoire de la boxe. Inconnu du grand public, il affronte Mohammed Ali. Le combat très attendu aurait dû être sans difficultés pour la grande star du ring, mais son adversaire encaisse les coups jusqu’au 15ème round. Même s’il en sort vaincu par K.O, Wepner savoure son heure de gloire. Ce combat rentre dans l’histoire et inspire Sylvester Stallone. 40 ans plus tard, Philippe Falardeau remet l’histoire sur le tapis avec Outsider. Le réalisateur canadien offre au spectateur un réel biopic centré sur les rêves et désenchantements de Chuck. Passionné et sûr de lui, il se retrouve face à ses démons après son combat contre Ali. Falardeau met un point d’honneur sur la caractérisation du personnage principal, interprété par Liev Schreiber, qui déclare que « l’histoire de Wepner est celle d’une crise d’identité ». Le personnage prend des allures d’anti-héros partagé entre sa carrière, qui ne décolle pas, et sa vie de famille qui vole en éclats. Son besoin d’attention et d’amour lui a valu quelques excès avec les femmes et la drogue.
Un biopic sur un anti-héros
Les longues vestes de Chuck, les décors jusqu’à la musique, replongent dès les premiers instants le spectateur au cœur des années 70. Une vraie esthétique travaillée qui reste fidèle aux films de l’époque post guerre-Vietnam. La recherche d’identité et de gloire chez Wepner est assez similaire à celle du personnage de Robert De Niro dans Raging Bull réalisé par Martin Scorsese. En revanche Falardeau s’attarde plus sur l’homme que sur la représentation de la boxe. La vie du boxeur est la vision principale du film. La voix-off de ce dernier donne des aspects de documentaire avec l’ajout de certaines images d’archives. Elles arrivent même à se confondre avec les vrais plans du film grâce à leur teint granuleux. Quant aux scènes de combat contre Ali, elles donnent du rythme au film en jouant sur les sonorités et les sensations. Liev Schreiber qui se voit généralement attribuer des seconds rôles se révèle étonnant et méconnaissable dans ce biopic.
Un combat contre soi
Trois temps peuvent caractériser le film : le rêve, les coups et le désenchantement. Ces trois phases jouent énormément sur le moral de Chuck, surnommé le « Saigneur de Bayonne », grâce à sa capacité de recevoir des coups sans abandonner. Le surpassement de soi est un thème très souvent abordé dans les films de boxe. Outsider n’y fait pas exception. Mais la recherche de reconnaissance est aussi ce qui fait la force du film. Après le succès de Rocky, le boxeur se laisse entraîner dans une célébrité au goût amer : il est dans l’attente d’une plus grande reconnaissance qui ne viendra pas. Falardeau joue sur la sensibilité et tire un réel portrait de Wepner sans pour autant entrer entièrement dans la psychologie du personnage. Voyant sa carrière stagner, il se voit sombrer dans la drogue et l’alcool. Le film fait l’apologie de sa vie entre brefs moments de gloire et désillusion.
Amateur ou admirateur des histoires de rings, Outsider répond aux attentes d’un biopic américain. Haut en couleur, Falardeau a su faire la balance entre bastons et émotion. Malgré quelques moments creux, la performance de Liev Schreiber inflige quelques coups.