Retrouvez la première partie de l’interview d’Olivier Berzane ici.
Parlons de proximité justement. Beaucoup de postes « La banque postale » ferment dans certains quartiers. Est-ce que pour vous ces équipements bancaires et postaux sont importants ?
Ils sont essentiels. La poste est tenue de nous informer de ce qu’elle fait. Quand nous avons été informés d’évolution des horaires ou des fermetures envisagées sur l’arrondissement, nous nous sommes retrouvés avec la direction régionale de la poste pour faire un point sur cette situation. Cela nous a permis d’obtenir une ouverture plus importante de ce qui était envisagé. Ils ont un engagement par la loi qui est de garantir des points, mais pas des ouvertures de bureaux de poste. Ils doivent garantir le service, ce service pouvant être chez le boulanger, chez le boucher, dans une épicerie ou dans un point de presse. C’est à eux de faire les démarches nécessaires pour mettre en place ce service. La demande qu’on leur formule c’est le maintien du service dans les quartiers. Donc on travaille en relation avec eux. La proximité est importante. Notre objectif est que dans chaque quartier, on ait une association de commerçants qui vive. C’est intéressant d’avoir des interlocuteurs avec lesquels on peut échanger sur les projets, parler de problématique… On l’a vu avec la situation liée au Covid-19. Ces associations sont porteuses d’une dynamique dans le quartier. On arrive à remettre en place des commerces de proximité parce qu’un quartier vivant, c’est un quartier qui en son cœur permet de consommer tout ce dont il a besoin au quotidien pour vivre : la boucherie, la boulangerie, l’épicerie… Y compris la brasserie et le café pour pouvoir se rencontrer et créer du lien social. C’est ça qu’on veut essayer de pousser avec les commerçants et les associations de commerçants.
Pouvez-vous nous parler du projet de petits-déjeuners solidaires dans le 8e ?
Ce sont des petits-déjeuners organisés à l’école maternelle Olympe de Gouges. Cette expérimentation se fait en lien avec l’éducation nationale et la Ville de Lyon. Elle part d’un constat : 25% des enfants qui arrivent à l’école le matin dans ces quartiers n’ont pas pris de petit-déjeuner. L’attention et l’acquisition ne se font donc pas correctement chez ces enfants. On expérimente effectivement les petits-déjeuners, deux matins par semaine pour le moment avec une épicerie sociale et solidaire. Ce petit déjeuner très qualitatif fait aussi découvrir aux enfants d’autres manières de s’alimenter le matin. C’est fantastique de voir les enfants mettre du miel dans leur yaourt au lieu de sucre. Qu’ils découvrent qu’il y a d’autres moyens de manger son yaourt sans forcément mettre un paquet de sucre à l’intérieur. Donc il y a toute une démarche éducative à travers cela et d’autant plus qu’à chaque table il y a un parent volontaire qui accompagne les enfants.
Allez-vous développer cela à tout l’arrondissement ou juste dans les quartiers ?
Pour l’instant, c’est juste une expérimentation. On adorerait pouvoir avoir les moyens de la financer et de la développer. Un bilan sera fait et on verra les suites qui seront données avec l’État et l’éducation nationale.
Et les cordons bleus ? Que pensez-vous de la polémique autour du fait que Monsieur Doucet veuille arrêter de servir des cordons bleus dans les cantines scolaires ?
Vous avez regardé le dos d’un paquet de cordon bleu ? Donc vous avez ma réponse ! Y-a-il besoin de mettre trente-cinq ingrédients dans un plat qui en comporte cinq basiquement ? Nous promouvons une alimentation saine dans les écoles. La cantine est importante puisqu’on part du principe selon lequel l’éducation à une bonne alimentation part du plus jeune âge. Les enfants apprennent à manger des produits sains, des légumes, des produits qui ne sont pas manufacturés mais cuisinés. On investit sur les enfants et sur l’éducation et l’école. On va ouvrir VRAC à Langlet-Santy pour contribuer à l’éducation à l’alimentation saine des habitants du quartier. On va leur montrer qu’il est possible de consommer autrement que d’aller acheter du manufacturé dans des gros paquets et des produits transformés avec des tonnes d’additifs.
Qui dit alimentation saine dit également prix plus élevés.
Là on est dans des quartiers qui connaissent une très grande précarité, d’où une association comme VRAC qui va pratiquer des distributions à des tarifs sociaux. Épicentre, l’épicerie à Route de Vienne, c’est pareil. C’est une épicerie sociale et solidaire. Le consommateur de la vie courante paye un prix de marché normal les produits, les plus précaires payent le même produit à des tarifs sociaux. C’est quand même une sacrée forme de justice sociale. On veut garantir du sain et du bio pour toutes et tous.
Dans les écoles, comment amener d’autres sports que le football ?
Le 8ème arrondissement est un arrondissement qui a plein d’associations sportives, y compris les gros clubs de foot. Je travaille très bien avec le FC Lyon par exemple. Vous avez raison sur le fait qu’il y a une nécessité de diversifier les sports, très clairement. On a deux locomotives qui sont le foot et le basket. Il faut qu’on sache les utiliser en faire quelque chose d’intéressant. Mais le handball et le volley sont aussi des sports très intéressants, très inclusifs. Tout un tas d’autres activités sportives fonctionnent très bien, comme le ping-pong et le tir à l’arc. Il faut aussi inclure les clubs à la transition écologique. On ne se pose pas souvent la question de la mobilité, et pourtant c’est l’un des plus gros impacts sur l’environnement. On doit limiter les déplacements en voiture. Au lieu qu’il y ait trente voitures qui se déplacent, on pourrait faire en sorte qu’il y en ait beaucoup moins, ou un minibus. On doit mutualiser. Peut-être qu’à d’autres moments, des transports en commun peuvent fonctionner aussi. On peut aussi réfléchir aux déplacements avec des vélos électriques mais il faut que l’infrastructure soit là et que le stationnement soit organisé correctement.
Roselyne Bachelot annoncer un budget de 4 milliards d’euros en 2022 à la culture. Qu’est-ce que vous comptez faire l’échelle du 8ème pour mettre en avant la culture ?
L’arrondissement n’a pas de budget culture le budget. Il est à la ville de Lyon qui finance les institutions culturelles. Donc il y a le subventionnement des structures culturelles que ce soit l’Institut Lumière ou la Maison de la danse. Notre sujet, c’est de travailler avec les structures culturelles pour qu’elles rayonnent sur l’ensemble de l’arrondissement.
Et d’autres acteurs comme les MJC par exemple ? Comment vous travaillez avec eux ?
On a des conventions avec les MJC. On leur donne un cahier des charges pour qu’elles puissent se repositionner par rapport au projet que l’on souhaiterait voir mis en place. Chaque structure culturelle et chaque centre social a joué le jeu. Ce sont des relations naturelles fréquentes et ça fonctionne bien. Je les ai vu encore la semaine dernière sur les projets à venir de la politique de la ville.
Comment mettez-vous en place la campagne de vaccination notamment dans les quartiers populaires ?
On a été sollicités pour mettre en place une campagne de vaccination sur le quartier de Mermoz pendant quatre jours avec la Croix-Rouge au mois d’août. La deuxième tranche pour la seconde dose a eu lieu au mois de septembre. On contribue à la mise en place de la campagne sur le terrain parce que dans certains quartiers on avait réellement besoin de se déplacer pour aller chercher les gens. On n’est pas organisateurs en tant que tel. On est seulement accompagnateurs au niveau de l’arrondissement.
Leïla Ghedaifi