Malgré le froid hivernal peu habituel à Marseille, la communauté comorienne de Marseille, ainsi que des personnalités politiques locales, sont venues massivement ce samedi 23 février 2013 dans la grande salle du Dock des Suds. A l’occasion d’une cérémonie officielle de remerciements et de réjouissances, le général comorien Salimou Mohamed Amiri a remercié son comité de soutien pour le combat qu’il a mené pendant deux ans.
Le général Salimou (au centre) entouré des représentants de son comité de soutien et de notables comoriens.
Le général Salimou Mohamed Amiri, ancien Chef d’état-major de l’Armée Nationale de Développement (AND) des Comores (2007-2010), fut assigné à résidence surveillée pendant deux ans (sous la présidence de Sambi) pour le meurtre du Colonel Combo Ayouba dont il n’a jamais cessé de clamer son innocence. La justice comorienne admet le caractère illégal de cette détention, reconnaît les violations de procédure ainsi que les lacunes de l’enquête policière bâclée et mal orientée.
La conseillère municipale d’origine comorienne, Elisabeth Saïd, fait partie des organisateurs de l’évènement. Elle est vêtue d’une robe traditionnelle pour accueillir et encadrer les invités. C’est elle qui ouvre la cérémonie. Dans son discours, elle évoque « le combat de l’homme et le soutien des comoriens depuis les îles à la France ». Elle remercie leur courage et leur persévérance dans le combat contre les injustices et pour les droits aux Comores. Elle revient aussi sur la mémoire culturelle de Marseille en tant que « terre d’intégration et de métissage culturel» avec ce chiffre : plus de 80 000 personnes d’origine comorienne sont marseillais. Ce qui explique cette forte mobilisation des Comoriens, autant de la part des élus de la république que de la population elle-même.
Une ambiance de meeting politique
Sur la scène, d’autres personnalités politiques locales sont présentes : les députés socialistes de la 7ème circonscription, Henri Jibrayel et Sylvie Andrieux, la sénatrice-maire Samia Ghali, mais aussi le député européen de la circonscription Sud-Est, Karim Zéribi. Le grand mufti de Marseille, Ali Mohamed Kassim, assiste également à la cérémonie.
Parmi les politiques sur la scène, Henri Jibrayel, député de la 7ème circ., et Karim Zébiri, député européen de la cric. Sud-Est.
Dans la salle, les Comoriens de Marseille sont vêtus de vêtements traditionnels. L’ambiance est semblable à celui d’un meeting, beaucoup de ferveur se traduisent au regard de l’évènement.
Mohamed Chanfiou, représentant du comité de soutien, revient sur « la cause défendue », c’est à dire le respect de la démocratie dans la justice comorienne. Il insiste notamment sur la présomption d’innocence. Mohamed Chanfiou revendique une justice plus équitable et moins soumise à la pression du gouvernement comorien. Il explique que l’assassinat du Lieutenant-Colonel Combo Ayouba intervient après que l’AND ait opposée un refus à une prolongation du mandat présidentiel. Selon lui, l’accusation du général Salimou est justifiée par un complot de l’état : « il fallait supprimer de l’AND tout élément impartial ».
Le comité de soutien n’arrêtera pas son action tant que la vérité sur l’assassinat de Combo ne sera pas faite par la justice et que les instigateurs du complot à l’encontre du général Salimou ne seront pas retrouvés.
Un Observatoire Comorien des Droits Humains ?
Le député européen Karim Zéribi met une pierre à l’édifice pour permettre à la communauté comorienne de bénéficier de leurs droits souvent considérés comme bafoués. Il promet de les défendre auprès de l’Union Européenne par la mise en place d’un Observatoire Comorien des Droits Humains pour « veiller et garantir les droits indéniables et les libertés fondamentales des individus ».
Lors de son discours, le général Salimou prend un ton solennel et met l’accent sur la forte mobilisation des comoriens autour de l’injustice qui lui a été faite. « Je me sens l’homme le plus heureux sur cette terre ». Il remercie les comoriens de leur solidarité et parle d’un moment historique. « La mobilisation massive des Comoriens autour de ma modeste personne est un acte historique ; elle est une première dans l’Histoire de notre pays et j’en suis infiniment reconnaissant ». Ensuite, il salue le soutien sans faille des représentants élus de la république française, dont Henri Jibrayel pour avoir soutenu le comité de France, et Karim Zéribi qui appuie l’idée d’un observatoire des droits de l’homme aux Comores ; mais aussi Sylvie Andrieux qui a plaidé pour la tenue d’un procès rapide et équitable.
La cérémonie s’est achevée par des applaudissements et un buffet. Loin d’avoir fini son combat, le comité de soutien et le général Salimou sont toutefois heureux d’avoir l’appui de la communauté comorienne. La perspective des élections présidentielles de 2016 nous laisse donc face à un enjeu important quant à la question des droits et de la justice aux Comores.