Michèle Edery a accordé une interview au Lyon Bondy Blog pour parler du Sytral, des perturbations du métro B et comment le Sytral tente d’y remédier.
Michèle Edery est maire adjointe de la ville de Saint-Fons, déléguée à la politique de la ville, conseillère métropolitaine porte du sud et vice -présidente du Sytral(déléguée à la sécurité et à l’accessibilité des réseaux.)
Pouvez-vous nous présenter le Sytral et son fonctionnement ?
Le Sytral est une organisation qui a vu changer son statut il y a un an. Il est devenu une AOM (autorité organisatrice de la mobilité), une organisation métropolitaine des transports. Avant, il ne concernait que les 59 communes de la métropole, maintenant, c’est un réseau de transport unifié. Cette nouvelle organisation a permis d’étendre les compétences du Sytral à l’ensemble des départements du Rhône et un bout de l’Ain et de la Loire.
Le Sytral s’occupe à la fois des TCL, des cars du Rhône, Optibus, libellule (Villefranche Beaujolais) et rhônexpress.
Cette nouvelle organisation du Sytral, c’est aussi accompagné d’une décision plus élargie avec plusieurs territoires et une modification politique puisqu’elle est devenue plus grande. On avait donc besoin d’organiser la représentation des territoires avec des élus.
Il y a un ensemble d’élus métropolitains, dont moi par exemple avec 8 vice-présidents constitué à la fois des élus métropolitains et des élus représentant des territoires sur l’ensemble du Rhône.
Chaque territoire du Sytral a un représentant politique au sein du Sytral. Le conseil d’administration du Sytral est organisé avec le président, 8 vice-présidents avec 4 élues de la métropole et 4 élues des gros territoires qui sont vice-président également pour montrer la volonté de travailler avec chaque élu de territoires. Ça fait 263 communes qui sont desservies par le Sytral, 11 intercommunalités et bien évidemment la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans un monde de plus en plus enclin aux changements climatiques, quelle est l’importance du Sytral dans une perspective d’évolution écologiste et sécuritaire ?
La volonté politique du Sytral a été de dire, on va mettre le même président pour la métropole et le Sytral. C’est une vraie vision politique de dire que la question des mobilités et du transport est imbriquée à la problématique métropolitaine. C’est très intéressant d’avoir un même président au niveau de la métropole et du Sytral parce que s’il y a un problème, avoir un même président pour les deux assure une efficacité de prise de décisions.
Pour que les gens adoptent les transports en commun et délaissent les voitures pour des questions écologiques, il faut leur proposer des transports de qualités.
Si on veut laisser la voiture, il faut proposer des transports efficaces, sécurisés et à un tarif intéressant et nous faisons des propositions sur les 3 champs.
C’est une vision purement politique et écologique de dire “aujourd’hui, on veut tous sauver notre planète”, je crois qu’on est d’accord là-dessus. La question des mobilités devient une problématique majeure pour protéger la planète, elle est imbriquée dans notre pays. On modifie l’ensemble des TCL pour qu’ils soient plus écologiques, si on veut un transport de qualité, il faut modifier notre parc de transport et nous, on double l’investissement sur le Sytral pour que cela puisse être possible, on donne 2,5 milliards.
Pour répondre à la question de la sécurité, nous avons fait des investissements dans des caméras de vidéosurveillance non-stop pour protéger les passagers et chauffeurs. Nous allons par ailleurs atteindre les 100 caméras-chauffeurs en juin.
Sur le harcèlement sexuel, nous avons impliqué les habitants. Nous avons mis des publicités de sensibilisation. Aussi, nous avons sollicité une brigade d’ambassadrices. 40 ambassadrices qui prennent les transports en permanence et nous remontent les difficultés pour que nous puissions y remédier. Grâce à elle, on a mis en place par exemple l’arrêt à la demande (à partir de 22 h) ou encore des éclairages au niveau des arrêts. Ces investissements ont porté leurs fruits puisque pour la sécurité, on a -35 % d’atteintes aux voyageurs, -7 % d’atteintes aux agents et -20 % d’atteintes sexistes et sexuels.
Sur les voies lyonnaises, nous avons mis en place de nouvelles lignes, de nouveaux trams qui vont desservir les QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville.). En l’occurrence, j’insiste sur 3, un à Vaulx-en-Velin, un à Villeurbanne et un à Saint-Fons. Du jamais vue en moins de 2 ans, d’ici 2026 tous les QPV de la ville seront desservies en tram.
Si on ne met pas les transports ou il n’y en a pas, on ne peut pas dire aux gens de ne pas utiliser la voiture pour l’écologie.
Sur le retard, nous avons cherché plus de chauffeurs pour que ce soit plus efficace. Aussi, c’est un travail très dur que d’être chauffeur, nous avons revalorisé le salaire pour faire revenir les chauffeurs pour avoir moins de difficulté sur les fréquences.
Nous avons mis en place la tarification sociale. Pour ceux qui n’ont pas de ressources, la gratuité.
Des abonnements pour les plus démunis à 10 euros, le ticket famille à 6€50 la journée pour 5 personnes. On a essayé de mettre en place une tarification sociale qui convienne à chacun.
Aussi, nous avons mis en place l’open paiement qui a apporté ses fruits, en mars, on a vendu 1.100.000 tickets en open paiement.
On double l’investissement sur le Sytral, on donne 2,5 milliards pour qu’il soit plus écologique. On voit les effets de ces investissements. On a notamment vu qu’il y a plus d’abonnées TCL que de voitures, c’est historique à Lyon 211 130 abonnés contre 206 000 voitures.
96.5 % des abonnés payent moins de 35 euros par mois, près de 100 % ne payent donc pas le plein tarif. C’est une priorité pour nous les tarifications sociales.
Le sytral bénéficie de subventions notamment de la métropole, qui, comme vous l’avez dit précédemment ont été revaloriser, quelles sont les autres moyens de financement du Sytral ?
Pour mettre en place l’ensemble de cette politique, nous n’avons pas voulu taxer les usagers, mais la métropole a doublé sa subvention au Sytral, plus de 50 % de subvention supplémentaires. Nous avons augmenté le versement mobilités pour les entreprises à 2 % et on a aussi augmenté le ticket unique parce qu’on s’est rendu compte que le ticket unique, ce sont généralement les touristes qui s’en servent.
C’est cette politique qui vise à long terme une ville écologique, moins de voitures et moins de gaz à effets de serre.
Le métro B ces derniers mois a suscité de vives réactions négatives du fait notamment de ses nombreuses perturbations, comment vous expliquez qu’il y ait autant de pannes sur la ligne B ?
Le métro B, c’est un problème, mais il faut savoir qu’un métro coûte extrêmement cher. Une rame supplémentaire de tram coûte 300 millions, un métro, ça coûte beaucoup plus chère et il faut beaucoup de mandats pour sortir les métros. Nous, on a fait un choix, un tram ça nous prend en moyenne 2-3 ans. Donc si on veut être efficace à moindre coût, on a intérêt à faire des trams. Les métros non seulement ça coûte cher, mais aussi, ils ne sont pas faciles à entretenir. C’est ça le problème du métro B, ça a été une des premières lignes de métro lyonnaise. C’est comme une maison le métro, au bout d’un moment, il faut l’entretenir. Ça coûte une fortune l’entretien et il faut le prévoir. On peut nous le reprocher, mais si on a un ancien métro qu’on n’a pas entretenu, le coût de la panne est très excessif. Le problème du métro B, ce sont les pannes.
Pour les blocages, à l’époque, on n’a pas pensé aux issues de secours en cas de panne des métros, le jour où il y a une panne dans les métros, on ne sait pas comment faire. Les métros ont été conçus à l’époque sans prendre en compte les éventuels problèmes et les éventuels coûts. Le métro B, c’est une des plus anciennes lignes et on est victime d’un investissement qui n’a pas été prévu. Nous essayons, maintenant, d’anticiper cela.
Avec Bruno Bernard, on a réfléchi aux pannes, aux sorties de secours, etc. Mais ça à la création du métro, ils n’y ont pas forcément pensé à l’hygiène, l’entretien et c’est là tout le problème.
Quelles sont les solutions mises en place pour remédier à l’état du métro B ? Les perspectives d’évolutions ?
Nous avons mis en place des solutions pour l’entretien de ces lignes avec Bruno Bernard, c’est pour ça que c’est souvent fermé pour travaux, ce n’est pas marrant pour les usagers, mais à un moment donné, il faut réparer ce qui est cassé, mais il faut comprendre d’où vient le problème. C’est purement le vieillissement de structure qui n’a pas été pris en compte dans l’entretien et le financement. Il y a une rénovation et un entretien des réseaux, on a mis plus de 2 milliards d’investissements incontournables du réseau d’ici 2038.
Concernant l’évolution de la ligne, l’extension se fait à partir d’Oullins et va être vraiment bénéfique pour la population et permettre d’arriver à Lyon plus facilement, il y a quelques arrêts de plus. Cette extension du métro est la seule chose qu’on aura faite sur les métros. L’extension du métro va permettre de créer des bus sur l’ensemble du territoire qui viendront desservir de nouvelles stations de métro.
Pour 2025 le métro B devrait être totalement opérationnel.
Le mot de la fin ?
J’aimerais parler de la culture, au Sytral, nous avons distribué 500 thrillers pour que les gens puissent lire dans les transports. Nous faisons la fête de la musique avec des groupes de musique dans les stations. On a mis en place des tickets pour la foire et on est en train de réfléchir à une solution pour que les gens n’aillent pas en voiture à l’auditorium et puissent y accéder via les TCL.
La question de la mobilité des transports est un besoin fondamental au même titre que travailler et manger. Dans le quotidien des habitants, les transports sont fondamentaux aujourd’hui encore plus avec la question de l’écologie. C’est une problématique politique majeure.