Loin de l’effervescence médiatique qui a entouré le meeting de François Hollande au Bourget, le Front de Gauche tenait ce mardi à Besançon son troisième meeting de campagne dans une ferveur populaire digne «du grand soir». L’évènement était retransmit en direct et en streaming sur le site de campagne, Maxime l’a suivi.
Et le premier obstacle qui se dresse est le capital. Décidant de l’affronter avec vigueur, JLM harangue la foule avec un tonitruant «Brisons le capital !» qui déclenche une marée de drapeaux rouges. Pour cela, il détaille certaines mesures qu’il prendra si le front de gauche arrive au pouvoir : interdiction des stock-options, rapport salarial de 1 à 20 au sein d’une même entreprise, dépôt de garantie pour les actionnaires.
Ayant conscience que l’endiguement de la toute-puissance du capital ne suffit pas, il veut remettre le salarié au cœur de l’entreprise. Le front de gauche prône un droit de véto des salariés contre les licenciements boursiers lorsqu’une entreprise est en superprofit. De par cette mesure, il s’attaque notamment à la course perpétuelle au profit dont les délocalisations sont l’un des outils privilégiés des entreprises. De plus, il veut rétablir le CDI comme la norme des contrats de travail comme cela l’était quand «j’étais jeune-homme» s’emporte-t-il dans un élan nostalgique, défendant le fait qu’un salarié est plus efficace (et donc plus productif !) s’il n’est pas hanté par la précarité. C’est donc un programme ambitieux au niveau humain mais dont la réalisation fera frémir le patronat dirigé par Mme Parisot.
«Front contre front»
L’autre haie que le Front de Gauche veut enjamber et même faire tomber est le Front National. Dans un contexte de crise qui engendre un sentiment d’abandon de la classe ouvrière, le parti d’extrême droite y trouve un terreau fertile pour y faire germer ses idées et espérer y récolter ses fruits le 23 avril prochain. En riposte, Jean Luc Mélenchon n’hésite pas à un prôner un affrontement raisonné et argumenté «front contre front s’il le faut», et exhorte les militants à «reprendre le terrain mètre par mètre». En tant que chef de file, il montre l’exemple en démontant avec pédagogie et efficacité la proposition phare de Mme Le Pen qui consiste à augmenter de 200€ le salaire des ouvriers.
Puis, expliquant qu’il veut «assurer l’unité mais a le devoir de vérité» il s’est attaqué au cas de M. Hollande. Et l’ampleur de l’attaque tranchait avec la vivacité voire l’agressivité des derniers mois. Souhaitant «la bienvenue au club» à «François» concernant l’adversaire commun qu’est la finance, il a salué l’effort du socialiste mais l’a mis en garde : «On ne combat pas la finance avec un pistolet à bouchon. Il faut des mesures profondes et pas seulement des bons mots sur le sujet». Puis il renchérit : «Quand on s’attaque à la finance, ce n’est pas avec un sabre de bois mais avec une hache.». En Somme, le Front de Gauche se méfie d’un effet d’annonce mais veut y voir une influence de son action. En effet, à 9% des intentions de votes pour le Front de Gauche, le PS s’attaque à la finance. A 12%, « François » parlera du SMIC veut-il croire. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
L’intervention de Jean Luc Mélenchon n’a pas dissipé certaines questions que je me pose. Affirmant que le «Front de Gauche est le Front du peuple» il défend avec vigueur la classe ouvrière mais semble oublier les classes moyennes qui font face à de nombreuses difficultés. Dans le mesure où il aspire à gouverner le pays et donc à rassembler, il serait peut être judicieux d’élargir la cible de ceux qu’il veut représenter. En effet, un certain nombre de personnes issues des classes moyennes se reconnaissent dans le programme prônant «l’humain d’abord». A force de ne pas les nommer explicitement, elles pourraient penser que le Front de Gauche ne s’intéresse pas à elles.
Terminant son meeting en affirmant que ce type d’évènement n’a pas pour but «d’abasourdir» mais d’ «instruire et élever la conscience politique», il a cité Victor Hugo, né à Besançon, ville hôte du soir. «Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé. On marche dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête.». Les «Résistance ! Résistance !» résonnent encore en Franche-Comté, en soutient à cette longue course qui s’annonce, mais avec l’espoir de franchir en premier cette ligne d’arrivée qu’est le perron de l’Elysée.