J’ai mené mon enquête pour voir comment les agences « vendeuses de listes » agissent et comment elles profitent de personnes en recherche urgente de logement.
Crédit photo : Confédération Etudiante
Avant de me rendre à l’agence APL location, je passe un coup de fil pour des renseignements sur le lieu de l’agence. Je tombe sur une femme à la voix chaleureuse, elle m’explique clairement comment venir et me demande de la rappeler une fois sur place pour qu’elle puisse sortir m’accueillir. L’agence n’est en effet pas très visible au premier regard. Le rendez-vous étant fixé, elle sort comme prévu me faire un signe du tramway à l’agence.
Je rentre dans une petite pièce, mal éclairée. Aucune chaise ne se trouve de mon côté, et peu d’affiche sont affichées, sauf une seule qui indique le nom de l’agence. Après les salutations de base, on rentre tout de suite dans le vif du sujet. La jeune femme, visiblement contente de ma visite, me demande si c’est pour une location. Je lui fais signe de la tête que oui en disant que je recherche un appartement. Puis elle enchaîne avec une succession de questions : Quel est votre budget ? Quel type d’appartement ? Et pourquoi ? Dans quel arrondissement ? Et pour quand ? Je lui réponds que je cherche un t2 de moins de 500 euros sur le 8ème, et que je souhaite emménager dès le 1er mai.
Assise sur une chaise, devant un écran d’ordinateur, elle m’écoute tout en tapant sur son clavier. À la fin de ma phrase, elle lève la tête et m’indique qu’elle a trouvé deux logements qui correspondent à mes attentes. Le premier se trouve à Monplaisir, elle énumère les avantages du lieu, accessible au métro D, dans quartier calme proche de Grange Blanche, et l’appartement est récemment rénové. Le second est sur Saxe-Gambetta, elle me précise que c’est bien desservi, ligne D toujours. De plus, les deux appartements sont disponibles début mai avec seulement un mois de loyer à payer avant de m’installer. Je reste extrémement surprise par la rapidité de l’action : à peine quelques minutes que je suis dans l’agence et j’ai presque déjà les clés d’un appartement. Elle me précise que les propriétaires sont des personnes conciliantes.
» Il me faudra seulement 190 €, et l’appartement sera à vous «
Ensuite, je lui dis que je suis très intéressée mais que je ne connais pas les modalités de l’agence. » Il me faudra seulement 190 euros, se sont les frais d’APL Location, et l’appartement sera pour vous « , me dit-elle avec le sourire. Elle précise que c’est la commission pour avoir la liste et que je pourrais les appeler après constitution du dossier pour aller visiter et prendre les clés. Elle sort une feuille bleue et me propose, stylo à la main, de le remplir, et me demandant par quel mode de paiement je souhaite régler. Je prends le document qu’elle me tend pour mieux le lire et lui demande quelques précisions : si elle pense que je pourrais régler le loyer et la caution sur deux mois, n’ayant pas les moyens financière nécessaire à l’immédiat. Elle me rassure toute de suite : » Vous allez vous arranger avec le propriétaire, je peux intervenir pour vous « .
Ensuite, elle me demande si je suis étudiante, et si ce n’est pas » trop indiscret » de quelle origine je suis… J’ai l’impression qu’elle tente de me flatter, elle me dit que j’ai » les traits du visage fins « , qu’elle sait combien c’est dur pour les étudiants de nos jours pour trouver un appartement et que » c’est pour ça qu’elle fait ce métier « .
Je n’avais toujours rien rempli, ni sorti un moyen de paiement. Je lui dis que je suis à sec. Je me rends compte que je me suis trompé de sac et que je n’ai rien sur moi. Elle me dit : » Vous n’avez même pas un euro symbolique et demain vous revenez signer et régler le reste de la somme ? « . Je dis que non, elle insiste pour prendre mes coordonnées et pour me fixer un rendez-vous le lendemain avec elle, précisant qu’elle préfère traiter mon dossier et non le déléguer à une ou un collègue. Une fois ayant obtenus les renseignements me concernant, je peux enfin partir.