Le LBB est allé à la rencontre d’une association pas comme les autres dans le cadre de la fin du plan grand froid : La Main Tendue. Nous les avons suivis le temps d’une maraude. Situé 31 rue de la Charité, dans le 2ème arrondissement, rendez-vous est pris mardi soir à 19h45.
La Main Tendue est une association créée en 2011 par Alassane (ancien commercial chez Orange). Une dou’a (invocation) est invoquée à la fin de chaque maraude pour garder la cohésion du groupe. Il a mis en place ce concept pour aller à la rencontre des SDF. Le principe est de tourner dans les rues de Lyon afin de recenser tous les nécessiteux pour leur venir en aide. Les mots qui symbolisent l’association sont l’instant T et le dialogue. C’est de là que l’asso tire son nom : la main tendue. N’ayant pas de subventions de la ville de Lyon, Alassane essaie de frapper à toutes les portes pour que l’association perdure : « On a réussi des partenariats avec Orange et SEB qui nous ont rapporté 6000 euros, sinon on ne serait plus là », explique-t-il. Chaque membre de l’Asso amène sa pierre à l’édifice : préparation des sachets alimentaires (pâtes viandes hachées halal, gâteaux, fruits + une bouteille d’eau), apports de boissons chaudes (thé et café), plus une grande distribution une fois par mois place de Francfort (derrière la gare de la Part-Dieu). Des collaborations sont mises en place tout au long de l’année : « Nous avons participé à une opération nettoyage avec l’Asso « Une assiette pour tous » au foyer Sonacotra de Debourg », détaille-t-il. Les inscriptions des maraudes se font via un formulaire doodle pour pouvoir se répartir les tâches : « Nous essayons d’être au moins 15 bénévoles par maraude ». La maraude se divise en trois secteurs : Part Dieu, Jean Macé, Perrache-Presqu’ile. Les deux premiers secteurs se font généralement en voiture. Le dernier se fait à pied muni d’un chariot contenant les sachets alimentaires, plus deux cabas réservés à l’apport de boissons chaudes.
Deux équipes sillonnent Lyon
La maraude commence à 20h30, ils sont dix bénévoles. Deux équipes seront à l’œuvre ce soir. La première, composée de Daouda, Naïma, Kathy, Nora et Anis, part en voiture dans le secteur de Jean Macé. Une deuxième équipe, formée de Chaimaa, Mohcine, Nathan, Alassane et Myriam, assure le quartier Perrache à pied. Après n’avoir rencontré personne vers Perrache, nous nous redirigeons vers la place Ampère. Nous tombons sur deux SDF, bien tranquilles. Nous évaluons leur besoin (un café et un sachet alimentaire).
21 heures, nous continuons notre chemin dans le 2ème. Nous croisons deux connaissances de « La Main Tendue », Octavian (Roumanie), et Slavko (Serbie) qui dorment sur un trottoir. Ils déclarent : « C’est notre hôtel béton », faisant allusion à l’hôtel de luxe situé à 200 mètres : « le Sofitel ».
Dix minutes plus tard, Alassane décide de traverser le pont de l’université afin de voir ce qui se passe du côté du quartier de la Guillotière. L’ambiance est au beau fixe. Nathan suit de près Alassane, Myriam se met à faire des « blagues carambars » et Mucine met en retard tout le monde en jouant les trublions.
Nous rentrons à l’intérieur du parking de supermarché. Nous tombons sur un jeune guinéen fraichement arrivé d’Espagne, nommé Pape Amadou Diallo. Alassane (d’origine sénégalaise), établis un dialogue.
Dix minutes après, une décision collégiale est prise, nous rejoignons en tramway le quartier de la Part-Dieu. Dès notre arrivée, nous tombons sur un groupe de quatre Polonais, dont un en mauvais état (son pull est recouvert de sang). Il est pris d’une crise de tétanie. Myriam prend la décision d’appeler le 115 (Samu social). On lui rétorque : « Ce n’est pas notre secteur, ce n’est pas à nous d’intervenir. Appelez les pompiers. » Toute l’équipe est abasourdie par ces propos. Nous tentons d’appeler les pompiers, mais personne ne vient. Avec nos petits moyens, nous essayons en vain de réconforter le groupe de quatre.
A 22h30, toutes les équipes se rejoignent, n’en formant plus qu’une.
Jusqu’à 23h30, nous faisons le tour du quartier de la Part-Dieu dans l’indifférence générale des passants. Nous nous posons dans le centre commercial pour faire un débriefing.
Une dou’a est ensuite récitée par Alassane pour clôturer la soirée. Alors que nous rentrons chez nous, un bruit attire notre attention. Un vigile un peu excité s’en prend violemment à un SDF dans le centre commercial. Pendant une demi-heure, tout le monde s’emballe, reprochant au vigile son comportement inadmissible. Nous sortons pour retrouver le SDF pour lui redonner son sac. Alassane n’est pas d’accord avec ce qui vient de se passer. Il décide de revoir le vigile pour lui remettre les pendules à l’heure. Quatre le suivent pour qu’il n’y ait pas de débordement.
Il est minuit passé. Tout le monde reprend son calme et nous décidons d’aller manger une pizza pour nous remettre de nos émotions.
Minuit et demi, la soirée est terminée. Nous pouvons rentrer chez nous. Pour Alassane et ses bénévoles, la maraude reprendra le vendredi prochain.
Merci à Alassane pour cette initiative personnelle et à toute son équipe.