Ce lundi 2 juin, Guillaume Tricard était de passage à Lyon pour présenter son film Luttopia. Une soirée ciné-rencontre organisée au cinéma Comœdia autour du mal logement.
L’événement, animé par la co-présidente du cinéma, Coline David, a réuni un public nombreux, ainsi que plusieurs collectifs partenaires, dont Médecins du Monde et la Fondation pour le logement. Le réalisateur Guillaume Tricard et le monteur Simon Baïchou-Rose ont présenté leur film consacré au collectif Luttopia. Depuis 2016, le groupe a investi l’ancien bâtiment des archives départementales de Montpellier, pour y offrir un refuge à des personnes sans-abri.

Le film retrace le combat de Jonathan Nardu, Gwenaëlle Lasne et de nombreux membres du collectif, engagés pour offrir un logement décent et une vie digne au plus grand nombre. Le documentaire aborde les nombreux obstacles rencontrés : complexités techniques, freins administratifs, difficultés personnelles… Mais il met aussi en lumière des instants de solidarité, de rire, de créativité et de joie. Un film profondément humain qui a suscité de vives émotions auprès des spectateurs qui ont autant ri que pleuré.

La projection a été suivie d’un temps d’échange avec Guillaume Tricard. Le réalisateur est revenu sur ses débuts comme assistant auprès de François Ruffin, ainsi que sur les conditions du tournage entamé durant la période Covid-19. Il a également salué le travail de Simon Baïchou-Rose, qu’il qualifie de « seconde réalisation ». En effet, le monteur nous a confié avoir trié et assemblé environ 275 heures de rushs. Le public a par ailleurs pu rencontrer Gwenaëlle Lasne, qui a fait une apparition surprise. Son visage, peint sur la façade du squat par le street artiste Swed Oner, constitue l’affiche du film.

Plusieurs porte-paroles des collectifs, notamment le Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse ou Solidarité entre femmes à la rue, étaient présents. Leurs représentants ont dit quelques mots pour souligner les similitudes entre les situations montpelliéraine et lyonnaise. À Lyon, plusieurs squats, à l’école Gilbert, au Jardin des Chartreux ou encore au quai Arloing, font actuellement l’objet de tensions avec les autorités. Selon la Métropole, environ 22 500 personnes sont aujourd’hui sans logement et près de 36 000 vivent dans un squat.
“On n’est peut-être pas éligibles aux papiers français, mais on est tous éligibles à un toit” s’est indignée une porte-parole du collectif Solidarité entre femmes à la rue. Elle a poursuivi, appelant à la l’empathie et à la coopération : “nous sommes des êtres humains, il y a des chats et des chiens qui dorment dans des maisons”. Une soirée et un film qui bousculent en confrontant les spectateurs à l’urgence sociale.

Signé Luna Letartre Puig