Pour la Société Protectrice des Animaux (SPA), l’été rime toujours avec vague d’abandons. Le refuge de Brignais nous fait l’état de la situation.
Le 30 juillet dernier Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA déclarait sur RTL « Ça va être le pire week-end de l’année », à propos du chassé-croisé entre juilletistes et aoutiens. Alors qu’au niveau national, l’association accueille 1000 animaux de plus que l’année précédente à la même période, ces mots résonnent également à la SPA indépendante de Brignais. D’après Estelle Bonin, responsable communication, l’établissement fonctionne « à flux tendu » depuis le début de l’été.
« L’année dernière, pendant l’été, on avait recueilli 585 animaux soit 46% des abandons annuels »
Un scénario qui se répète chaque année. A l’approche du mois d’août, la SPA de Brignais, l’une des plus importantes de la région lyonnaise, fonctionne en pleine capacité : « il y a des arrivées tous les jours, et moins d’adoption en cette période de l’année. Le refuge est vite plein ». Dès le mois de juin, le refuge fait face à un flux régulier d’abandons car naît chez les propriétaires « l’envie de partir en vacances sans se soucier du devenir de leur animal ».
C’est un vrai fléau qui représente presque la moitié des abandons annuels : « L’année dernière, pendant l’été, on avait recueilli 585 animaux, soit 46% des abandons ». Les 148 places pour les chiens, 172 pour les chats et 50 pour les nouveaux animaux de compagnies (rongeurs, oiseaux, reptiles…) sont occupées.
« Il y a des solutions pour tous les budgets quand on s’y prépare un peu en avance »
La première chose que la SPA conseille, au moment de réserver ses vacances, est d’emmener son animal avec soi. « Aujourd’hui, on peut facilement voyager que ce soit en voiture, en avion ou en train avec son animal de compagnie. Il y a de plus en plus d’hôtels, de camping, de sites touristiques qui acceptent la présence des animaux. », rappelle la militante. Si ce n’est pas possible, il existe des solutions de garde plus ou moins onéreuses : « faire appel à un voisin, des amis ou de la famille qui passent au domicile, chercher sur des sites internet et applications qui mettent en relation petsitters et particuliers, confier l’animal à des pensions et des hôtels. Il existe aussi le système d’échange de garde avec une autre famille ».
Estelle Bonin l’affirme : « Il y a des solutions pour tous les budgets quand on s’y prépare un peu en avance. L’abandon, c’est la dernière des solutions, la facilité ». Abandonner son animal de compagnie sur la voie publique ou dans la nature est un délit, puni par 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Si l’abandon est suivi de la mort de l’animal, ce qui est souvent le cas, la sanction monte à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Malgré ces peines dissuasives, les abandons sauvages subsistent car « il est particulièrement rare de prendre quelqu’un sur le fait et le propriétaire de l’animal peut rarement être identifié ».
L’arme la plus efficace reste la sensibilisation : « L’adoption d’un animal est un engagement sur le long terme, il faut bien réfléchir, tous les membres du foyer doivent être d’accord. On recommande de faire des adoptions en refuge et de ne pas passer par les animaleries ou les annonces sur internet car c’est facile de céder à l’impulsion sur le moment. En plus, on n’est pas toujours très bien renseigné car il n’y a pas de message de sensibilisation. Il faut vraiment se demander si l’animal correspond à votre mode de vie, si son caractère va coller avec le vôtre ».
L’animal de compagnie, membre à part entière de la famille ?
Comme l’observait Jacques-Charles Fombonne, même s’il y a eu un emballement en juillet, les chiffres restent sensibles au phénomène de l’été dernier. Estelle Bonin se veut rassurante « une fois que la première quinzaine d’août est passée, ça commence à se calmer un peu ». Elle souligne qu’il est primordial de venir adopter dans les refuges pour permettre aux animaux de trouver une famille et libérer des places pour d’autres.
Alors que le 19 juillet dernier, la signature d’un certificat de sensibilisation et d’engagement pour adopter un animal est devenu obligatoire, d’autres pistes existent pour limiter les abandons. A partir du 1er janvier 2024, les animaleries françaises n’auront plus le droit de vendre des chiens et des chats. L’Espagne va déjà plus loin en organisant juridiquement la garde alternée des animaux en cas de divorce car ils sont désormais considérés comme des membres à part entière de la famille.
Aurore Ployer
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