Le PSAAL (Programme de Sevrage Ambulatoire Alcool Lyonnais) est une initiative innovante basée sur les valeurs fondatrices de l’Association LYRE, visant à offrir un soutien personnalisé et un maintien à domicile aux patients souhaitant arrêter leur consommation d’alcool. En collaboration avec des professionnels de santé, des structures hospitalières et des associations, le PSAAL propose un parcours de soins coordonné, rapide et sécurisé, adapté aux besoins de chaque patient.
Nous sommes allés à la rencontre de Pascale Lacroix Cormier, médecin addictologue référente du PSAAL, et Nathalie Rochefort, infirmière coordinatrice au PSAAL, pour en savoir plus sur son fonctionnement, ses méthodes et son histoire.
Dans cette première partie de notre interview, elles nous présentent le projet du PSAAL, de son concept à sa création.
LBB : Pouvez-vous nous présenter le PSAAL, ses structures et ses principales missions ?
Médecin référent (Pascale Lacroix Cormier) – Le PSAAL, ou Programme de Sevrage Ambulatoire Alcool Lyonnais, est une initiative qui vise à soutenir les personnes souhaitant arrêter leur consommation d’alcool. C’est une association assez récente, née de la fusion de plusieurs réseaux. À l’origine, nous faisions partie du réseau LYRE, qui a vu le jour début 2023 avec la création des DAC (dispositifs d’appui à la coordination). Sur notre plateau, nous avons deux DAC pour le Département et la Métropole de Lyon.
Nous opérons comme un satellite des DAC 69 et Métropole, intégrés au sein de l’association LYRE, tout en gérant un dispositif très spécifique appelé le Programme de Sevrage Ambulatoire Alcool Lyonnais. Notre rôle n’est pas de servir directement de ressource pour les DAC, mais de fonctionner au même titre que d’autres initiatives telles que les programmes thérapeutiques, l’éducation thérapeutique, les activités physiques adaptées et le comité d’éthique. Tout cela fait partie de l’association LYRE.
Le PSAAL a vu le jour il y a plus de dix ans, en 2012. À l’époque, nous étions soutenus par l’association AVHEC (Association Ville-Hôpital Hépatite C) et situés à La Maison du patient, Cours Charlemagne. En 2018, l’AVHEC a été absorbée par le réseau LYRE, en même temps que six autres réseaux. Cette fusion n’était pas notre demande, mais celle de l’ARS (Agence Régionale de Santé) pour mutualiser les moyens généraux En 2023, une nouvelle restructuration nous a été imposée, supprimant les réseaux et créant les DAC, avec quelques dispositifs restant satellites de l’association LYRE. Voilà pourquoi le PSAAL existe donc sous cette forme depuis 2012. Nous sommes installés depuis début 2019 au 33 cours Albert Thomas. Nous avons fonctionné au sein du réseau LIR de 2019 à 2023, et depuis, nous faisons partie de l’association LYRE. Actuellement, nous opérons avec un budget dédié de l’ARS pour une période de deux ans, ce qui est une nouveauté par rapport à notre fonctionnement précédent.
L.B.B – Alors justement, comment a été créé le PSAAL, comment avez-vous procédé ?
Médecin référent (P.L.C) – Alors, le PSAAL a été créé à la suite d’une étude des besoins en addictologie. À l’origine, l’AVHEC s’occupait de l’hépatite C depuis 2007 à La Maison du patient, où les traitements pour l’hépatite C et les nouveaux traitements antiviraux ont été mis en place. Avec l’arrivée de ces nouveaux traitements, l’accompagnement des patients porteurs de l’hépatite C est devenu moins nécessaire. Avant ces traitements, les patients présentaient souvent des signes somatiques et psychiatriques importants, nécessitant un soutien considérable.
En 2011-2012, l’ARS nous a signalé que le champ de l’hépatite C allait se réduire et nous a encouragés à développer un programme innovant en addictologie. C’est ainsi qu’une enquête a été réalisée pour identifier les besoins et les demandes dans ce domaine.
L.B.B – Qui a mené cette enquête ?
Médecin référent (P.L.C) – L’enquête a été menée par un comité de pilotage, sous la direction de Françoise Aoustin, notre chargée de projet, qui est avec nous depuis le début. Elle était déjà présente à l’AVHEC et continue son travail avec les DAC et le LYRE. Ce comité comprenait des experts de l’université et des PUPH, notamment des anciens PUPH d’addictologie de l’Hôtel-Dieu, comme le Dr François Baillie et le Dr Olivier Lejeune, qui sont maintenant à la Croix-Rousse. D’autres membres incluent des professionnels de CSAPA ambulatoires et d’autres domaines liés à l’addictologie.
L.B.B – Alors là vous parlez de CSAPA ambulatoire. Est-ce que vous pouvez m’en dire un petit peu plus sur ce que c’est ?
Médecin référent (P.L.C) – Bien sûr. Les CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) ambulatoires sont des structures qui offrent des soins en dehors du cadre hospitalier. Ils peuvent être hospitaliers, comme ceux des HCL, ou associatifs, comme ceux d’Opélia rue Dedieu, de Lyade et d’Addiction France.
Voilà, ça c’est les trois grosses associations qui font de l’addiction. Nous, on n’est pas dans ces associations-là. Nous, on n’est pas du tout considérés comme CSAPA ambulatoires parce que nous, avons un objectif dans le PSAAL, c’est le sevrage ambulatoire, c’est-à-dire le sevrage au domicile du patient.
L.B.B – Comment travaillez-vous au sein du PSAAL ?
Médecin référent (P.L.C) – Bien, je vais vous expliquer. Le PSAAL a donc été créé en 2012 après une étude des besoins. À l’époque, il y avait très peu d’initiatives similaires en France. Une étude menée par Françoise Aoustin, notre chargée de projet, avait identifié un accompagnement ambulatoire au sevrage dans la région du Nord, rattaché à un hôpital, mais autrement, il n’y avait pas grand-chose sur le territoire français. L’idée a donc germé de créer ce dispositif pour permettre à des patients, hommes ou femmes, majeurs et motivés pour un sevrage, d’atteindre l’abstinence. Nous ne faisons pas de gestion contrôlée ; les gens sont motivés pour arrêter de consommer de l’alcool, et notre but est de les aider à sevrer.
Nous utilisons exactement le même protocole que celui de la conférence de consensus de 1999 qui stipule que pour un sevrage alcoolique, qu’il soit à l’hôpital ou en ambulatoire, il faut une hydratation, une vitaminothérapie, et une prise en charge par benzodiazépines de manière dégressive (Seresta ou Valium) sur dix jours. En ambulatoire, il n’y a pas tous les ateliers thérapeutiques, mais nous nous concentrons sur le sevrage en toute sécurité.
Au PSAAL, nous ne sommes que deux : Nathalie Rochefort, infirmière coordinatrice à mi-temps, et moi, médecin référent. Nathalie est présente le mardi, le jeudi et un vendredi sur deux. Mon rôle est d’inclure les patients et de m’assurer qu’ils n’ont aucune contre-indication pour ce programme. Le programme doit se dérouler en toute sécurité, sans danger pour le patient. Par exemple, nous excluons les patients qui ont déjà convulsé ou qui ont des antécédents psychiatriques graves susceptibles de décompenser.
Notre travail n’est pas de faire le sevrage nous-mêmes, mais de le coordonner. Nous nous assurons que le patient ne présente aucune contre-indication, qu’elle soit somatique, psychiatrique ou sociale. Par exemple, nous ne faisons pas de sevrage chez un SDF, car, par définition, il n’a pas de domicile.
Nathalie coordonne le sevrage, qui est réalisé par des professionnels libéraux, c’est-à-dire le médecin traitant du patient reste le prescripteur principal, et elle organise aussi le suivi à domicile par des infirmiers de cabinets libéraux. Cela permet de voir que le médecin seul ne pourrait pas assurer tout le suivi.
L.B.B – Et comment le PSAAL est-il financé ?
Médecin Référent (P.L.C) – L’ARS nous fournit une enveloppe budgétaire pour financer nos postes, un peu d’infrastructure, dont la location du bureau et les ordinateurs, pour une période de deux ans, ce qui est une nouveauté par rapport à notre fonctionnement précédent. Ensuite, le patient doit payer son médecin traitant, ce qui est essentiel. C’est pour cela que nous nous assurons que les patients ont bien accès à leurs droits sociaux.
L.B.B – Et vous n’avez pas d’autre source de financement, seulement l’ARS ?
Infirmière (Nathalie Rochefort) – Oui c’est ça, seulement l’ARS.