A l’approche des élections législatives 2022, le Lyon Bondy Blog a décidé d’aller à la rencontre des candidats des différentes circonscriptions. Pour notre quatrième rencontre, nous avons interrogé Jean-François Auzal, candidat du Parti Radical de Gauche pour la 3ème circonscription.
Né et élu dans sa circonscription, Jean-François Auzal est président du Parti Radical de Gauche. Il est élu à la mairie du 8ème arrondissement du Lyon. Également adjoint au commerce durant les mandats 2014 et 2020, il se présente en tant que défenseur du droit public humaniste laïque, « comme tout radical farouche ».
Dans un contexte de crise de la représentation et de la confiance envers les politiques, comment comptez-vous mobiliser les électeurs ?
Un politique qui fait carrière est obligé de se consacrer plus à sa carrière qu’à ses convictions. Le Parti Radical de Gauche est quant à lui un parti avec une politique et une philosophie de vie : l’humanisme, la prise en compte de l’individu etc. Chaque décision qui est prise est pour le bien commun. Nous sommes les seuls à ne pas être parti en marche et à avoir gardé notre parti et nos convictions, nous avons donc gardé notre liberté. Le but est de laisser le pouvoir aux citoyens pour que tout le monde se retrouve chez nous.
Comment garderez-vous un lien avec les habitants malgré cette séparation politique ?
Pour que tout citoyen s’y retrouve il faut déjà qu’il retrouve confiance en la politique, la politique sur les jeunes, sur l’Europe, sur le monde salarial. Il y a de vraies difficultés au quotidien, les salaires sont trop minimes, ou alors le coût de vie est beaucoup trop élevé, il faut regagner du vrai pouvoir d’achat, prendre des vraies mesures. On peut reverser 10% de ce qu’on donne aux actionnaires et aux salariés par exemple. On a une Europe qui fonctionne très bien sur certains sujets, par exemple l’aéronautique, ou dans la santé, sur les médicaments, sur la défense etc… l’OTAN nous protège également. Mais il faut faire ce qu’on dit pour que les citoyens s’intéressent à la politique.
Si vous êtes élu abandonnerez-vous votre métier ?
J’ai fait une première campagne électorale quand j’avais 30 ans, j’avais créé une société parce que je suis toujours parti du principe que l’engagement politique est un engagement citoyen et non pas un métier ; ou alors, on peut se poser la question du statut d’élu, il y a un vrai débat là-dessus. J’ai travaillé pendant 20 ans, puis j’ai vendu une entreprise et je suis retourné à mes premiers amours, la politique même si je n’ai jamais lâché l’engagement citoyen. Donc, effectivement si je suis élu je me concentrerai uniquement sur mon rôle de député.
Et du coup quelles seraient les trois premières lois que vous porterez à l’Assemblée nationale ?
Nous on aimerait, pour première loi, faire une prime d’intéressement au plus bas salaire (verser par moitié sous forme de chèques vacances), ce qui permettrai de soulager les salariés en ayant des primes supplémentaires, et chèques vacances utilisés pour la culture ou le tourisme. Ce serait pour essayer de remonter le pouvoir d’achat des gens. La 2eme idée serait la redistribution de 10% des dividendes des actionnaires aux salariés. Et la troisième, une TVA différenciée sur les produits maritimes, ou produits de fabrications artisanales voir industrielles mais qui sont en France, ce qui va permettre de favoriser la fabrication française et donc de soutenir l’emploi indirectement.
Pour vous, que pourrait-on faire pour aider les jeunes actuellement ? Logements, formations du travail etc. ?
On a développé une idée depuis quelques années, chaque jeune qui commence ses études pourrait obtenir un capital de 40000 euros, financé par une banque, aidée par l’État. Mais comment le financer, quand on voit ce qu’on dégage en divisant nos actionnaires. Je pense qu’on peut trouver aisément 40000 euros pour chaque jeune, on peut donner ce capital pour leur permettre de payer leur étude, leur loyer, de quoi manger à sa faim sans avoir à se diriger vers les banques alimentaires ; pour se consacrer plus intensément à ses études sans être obligé non plus, de travailler à côté. On voudrait faire un service civique européen, ne serait-ce que pour tisser des liens entre les différents jeunes et différents pays d’Europe, c’est une catastrophe que Erasmus ait été supprimé. C’était un lien entre les gens pour fabriquer le monde de demain. Ça serait obligatoire. Pendant 6 mois. On pourrait aussi faire reconnaitre le bénévolat par l’état, ça aiderait les jeunes, et c’est un vrai travail. Ça pourrait permettre de cotiser pour la retraite.
Est-ce qu’il y a une forte inflation au niveau du prix de l’énergie, et si oui, quelles sont les mesures que vous pourriez prendre ?
L’énergie ? Moi je reste pro nucléaire, une énergie qui peut être dangereuse mais que la France semble maîtriser. Elle pollue moins. Empêcher les voitures de circuler, ou faire du vélo ne réduit pas la pollution, il y a bien trop de dégâts climatiques pour que ça suffise. Par exemple, la suppression des places de parking fait que les voitures vont juste s’entasser ailleurs et ça n’y change rien. Si on roulait normalement ça irait déjà mieux. On peut être écologique sans être dogmatique. Donc oui je suis pour le nucléaire car on le maîtrise et c’est normal qu’il y ait un coût écologique. Il faut creuser de nouvelles pistes, dont le nucléaire justement, si on ne veut pas retourner à la bougie. Pour ce qui est du coût, la construction européenne réfléchie pour trouver des solutions pour sortir des dépendances envers certains pays pour ce qui est du gaz ; ça peut en être une. Il y a le prix des carburants également, ce qui est cher n’est pas l’essence que l’on met dans la voiture, c’est les taxes qui sont prises par l’état, c’est donc à l’état de trouver d’autres sources de financements, comme une TVA sur, par exemple, les produits fabriqués en France ou les produits de première nécessité. C’est le financement de l’état qu’il faut revoir.
Les énergies fossiles sont vouées à devenir de plus en plus cher avec l’augmentation de leur rareté, comment faut-il repenser notre consommation énergétique ? pour vous il n’y a que le nucléaire ?
Non il n’y a pas que le nucléaire, il y a le solaire, une énergie qu’on ne paye pas et qui est écologique.
Ce mois de mai est marqué par des températures records et des sécheresses précoces. En tant que parlementaire, vous serez en partie auteur de la politique environnementale, qu’est-ce que vous soutiendrez à l’Assemblée nationale ?
Premièrement la réduction du gaz à effet de serre. On a aussi des pays qui polluent plus que d’autres, nous ne sommes pas parfaits mais nous essayons de réduire les causes du réchauffement climatique. D’autres pays favorisent l’industrialisation comme la Chine ou les États-Unis, les plus gros pollueurs du monde. Le but serait d’avoir un impact sur ces pays-là, mais ce n’est pas gagné.
Comment fait-on pour améliorer l’image et l’attractivité des quartiers populaires ?
Le problème c’est que pendant des années on a repoussé les gens qui sont loin de la ville. Pour qu’il y ait de la diversité il faut déjà pouvoir construire, il faut accepter d’accueillir les gens. Le prix immobilier est très cher et augmente ce qui en plus, repousse les gens. Les quartiers populaires devraient être pris en compte par l’état et la république. C’est compliqué car il faudrait que l’autorité puisse avoir sa place dans ces quartiers populaire, l’accès à l’éducation également, et ainsi une baisse du pouvoir d’achat. Il faudrait qu’on retrouve du vivre ensemble. Moi je suis issu d’un quartier populaire et à mon époque on s’en sortait très bien, aujourd’hui tous les prix augmentent et ça devient difficile de s’en sortir. Tous les gens qui souffrent du système se réfugient en banlieue, et il n’y a rien de péjoratif pour moi, mais quand une banlieue on en fait un ghetto ça devient compliqué. L’idée serait donc de reconstruire du pouvoir d’achat mais ça se fait dans le long terme, c’est même presque utopique.
Emma Duffrene