A l’occasion de la 11e édition du Raid Urbain, un grand concert était organisé à Saint Priest, place Ferdinand Buisson. A l’affiche des jeunes artistes locaux, Mokobé entre autres mais aussi Jimmy Oihid, grand nom du raï qui a grandi en partie à la Duchère.
A première vue, Jimmy Oihid n’a rien d’une star. Physiquement : l’homme est plutôt petit et il boite, rien à voir avec les chanteurs d’aujourd’hui qu’on croirait sorti d’un même moule. Paradoxalement, le fabuleux destin de Jimmy Oihid commence à la fin des années 1970 à Blida, en Algérie avec un drame. A cinq ans, Jimmy se fait vacciné de la polio. Le vaccin est périmé. Conséquence, l’enfant est handicapé.
Sa famille l’envoie alors en France pour qu’il se soigne. « A l’hôpital, les journées étaient longues. Pour passer le temps, j’écoutais de la musique et je priais Dieu. Au bout de six ans, l’Algérie n’a plus voulu me prendre en charge à l’hôpital. Je devais rentrer au pays mais moi j’ voulais pas », raconte Jimmy. « J’avais 16 ans, je me suis présenté devant Christine, la secrétaire des bureaux des entrées et sorties. Je l’ai supplié de me laisser rester en France. Elle avait aussi un handicap comme moi. Elle a noté sur ma feuille de sortie que je m’étais échappé de l’hôpital. A partir de là, je suis resté et je suis devenu un sans papier. »
C’est à Lyon, à la Duchère que Jimmy Oihid se réfugie. Il passera le plus clair de son temps sur un parc à écouter son radio cassette et à fredonner des airs de Jimi Hendrix, Madonna, James Brown. « J’étais timide, refermé sur moi-même. Un jour, un mec, Jean Marc, m’a dit : habit toi bien, je t’emmène en boîte, au Moulin Rouge, vers Neuville. »
Durant la soirée Jimmy reprend un titre de Madonna. C’est la surprise ! Le patron du Night Club vient en personne le féliciter et lui propose de payer ses prestations 3 000 francs, trois fois par semaine.
Mais sans ses papiers, l’homme n’est pas tout à fait heureux. Une avocate en permanence dans un centre social le convoque. C’est la crainte ! « Elle m’a dit : j’adore votre histoire, je veux vous aider dans votre démarche de régularisation. » Au tribunal, le procureur annonce le verdict mitigé : « Je devais repartir en Algérie pour récupérer des papiers médicaux pour ma régularisation. Il a vu que j’étais sérieux, que je travaillais et que j’avais rien dans mon casier judicaire. Il m’a aussi indiqué qu’il était invalide et qu’il jouait de la batterie », sourit Jimmy. Deux mois après, l’homme revient en France où il sera régularisé après quatre ans de clandestinité. Coté musique : Jimmy se fait remarquer aux Printemps de Bourges, au Japon, où même en Angleterre. « Les maisons de disques voulaient toutes signer avec moi », se souvient l’homme. En 2007, il en est à son 6e album intitulé Oriental Roots à écouter ici.
Par : Naïma Daïra
Jimmy sera en concert le 19 Juillet au Festival International de Casablanca (Maroc), le 26 juillet au Festival Africajarc (Midi-Pyrénées) .