Les 2 et 3 juillet derniers avaient lieu les championnats du monde d’aviron J16 et moins de 23 ans. C’est au plan d’eau du Val d’Auron à Bourges dans l’Ain qu’avait lieu cette compétition qui rassemblait garçons et filles. Une occasion en or pour rappeler l’histoire de l’aviron : un sport très connu, mais qui n’est pas aussi médiatisé qu’il n’y paraît.
Vous avez sûrement dû en croiser lorsque les beaux jours sont arrivés. Ils sont nombreux sur le Rhône et la Saône à remonter ou descendre les fleuves de la ville, nous parlons ici de l’aviron. Un sport qui ne date pas d’hier. Apparu en France au XIXe siècle et plus particulièrement en 1834, date à laquelle la première course de régate est enregistrée par les registres de police de l’époque. Jusqu’au XVIIIe siècle, la promenade sur l’eau se faisait à l’aide d’un batelier professionnel. Jusqu’à la révolution de 1789, on ne pouvait pas circuler librement sur les fleuves et rivières françaises. Cet usage royal était exclusivement réservé aux passeurs.
Les premières courses n’apparaissent que sous le règne de Louis Philippe Ier. Dès lors et jusqu’à aujourd’hui, il existe des courses d’Aviron dans toute la France. Ces premières courses sont très populaires à cette époque. Elles se font « à virage » et le départ ainsi que l’arrivée se font dans le même espace.
En Angleterre, ce sport existe déjà depuis longtemps. Son développement s’effectue dès août 1715 à l’occasion du premier anniversaire de l’avènement au trône de Georges 1er. Dès lors, la course sera organisée tous les ans entre le London Bridge et Chelsea. Par la suite, les hautes écoles britanniques incluent l’aviron dans leurs programmes. Le sport acquiert une renommée mondiale bien que réservé à une certaine élite.
Un sport encore stéréotypé
Bien que le sport se soit démocratisé au fil des siècles et que la pratique soit ouverte à toutes et tous, l’aviron souffre encore de cette image élitiste comme le golf ou le tennis. « Quand je discute un peu autour de moi, beaucoup de personnes ont déjà pratiqué l’aviron dans le bassin rhodanien. » explique Antoine Pailhe-Belair, coach de l’Aviron décinois.
Pour pallier ce déficit d’image, le club de Décines a mis en place un partenariat avec la ville et la métropole du grand Lyon. « On travaille énormément avec la ville et la métropole notamment à travers le dispositif « Lyon métropole sportive ». Qui pousse les associations à s’investir pour proposer leurs activités au plus grand nombre. » détaille Antoine Pailhe-Belair. Ce lien n’est pas le seul que le club a développé. Des partenariats sont également entrepris avec les collèges Jeanne d’Arc à Décines et Charles de Foucauld à Villeurbanne permettant la mise en avant de ce sport auprès des jeunes : « Ça permet une initiation totale pour eux et pour nous ont peut repérer beaucoup de jeunes à fort potentiel qui souhaite faire autre chose que du football. »
Des stages de découvertes gratuits sont également proposés aux populations souhaitant s’essayer à l’aviron. « Généralement, on les prévoit tous en juillet et fin août. On en fait la promotion sur notre site internet et nos réseaux sociaux {…} Le coût d’une licence est de 190 euros. Il peut monter jusqu’à 200 euros maximum. Cela peut paraître beaucoup dit comme ça, mais les licences de football sont plus ou moins équivalentes. C’est aussi une façon de démontrer qu’aujourd’hui tout le monde peut faire de l’aviron et que ce n’est pas spécialement réservé à une certaine catégorie de la population. » explique Antoine Pailhe-Belair.
Un manque de médiatisation criant
L’éducateur, qui pratique l’aviron depuis 30 ans, reconnaît qu’un grand nombre des personnes qu’il interroge dans la rue connaissent le sport sans pour autant se renseigner dessus. « Dans l’imaginaire collectif, il faut être super bon et déjà très sportif. La retransmission télé a également son rôle à jouer. En montrant les meilleurs athlètes du monde avec le meilleur matériel, cela peut accentuer l’image d’un sport élitiste. Mais cette idée reçue est relativement fausse. En Angleterre, il y a vraiment une culture de l’aviron. Dans toutes les écoles, qu’elles soient réputées ou non, il y a de l’aviron. Dans les clubs en France, on accueille tout le monde et une fois inscrit, on peut en faire tout le temps. Il n’y a pas de trêve. » explique Antoine Pailhe-Belair.
Pourtant aujourd’hui le gros problème de l’aviron c’est la visibilité : « Il y a quelques années, la fédération d’aviron avait fait un bel effort pour que tous les championnats soient retransmis sur YouTube. À travers ce type de démarche, on veut vraiment faire comprendre à toutes les personnes qui s’intéressent à l’Aviron, que c’est un sport qui est praticable par tous. Chacun peut y trouver sa place. »
Ce manque de communication n’est pas seulement un problème lié à la fédération, les médias manquent d’attention pour ce sport. Très peu de papiers ou encore de spécialistes existent sur la question de l’aviron en France. « En France, pour suivre l’aviron, il faut aller chercher l’information. Aujourd’hui, on n’est pas forcément retransmis par les grandes boucles médiatiques. C’est assez paradoxal, on rapporte des médailles lors des championnats du monde et aux JO. On a des athlètes qui représentent fièrement la nation. Ces Hommes et Femmes, qui ont été félicités par le président témoigne bien de notre existence. » raconte Antoine Pailhe-Belair.
L’entraîneur ne manque pas de rappeler les événements à venir et la visibilité que cela va engendrer. « En ce moment, il y a une étape de la coupe du monde des 19 ans et moins de 23 ans qui va avoir lieu. Une compétition relativement sérieuse pour nous et l’ensemble du monde de l’aviron, et malheureusement on a juste des post Instagram où l’on retrouve les résultats des courses du jour. On a également des liens vers le site de la fédération et c’est tout. Cela manque de vidéos ou d’animations. Certes, la fédération a décidé d’envoyer Mag Aviron qui est le spécialiste, mais on devrait pouvoir faire plus pour rapporter des images plus concrètes. Ce sont quand même les futures étoiles montantes de ce sport et ça aurait montré qu’on s’intéresse à eux. »
Pour l’heure, le club va continuer de préparer au mieux les futurs sportifs de demain et avec un objectif tout trouvé pour son coach. « Je pense que pour bien faire, il faut vraiment une politique générale. Mon objectif au sein de l’aviron décinois, qui est finalement une toute petite fédération, est de monter une équipe de huit rameurs. C’est ça l’objectif ultime, c’est de pouvoir passer de quatre à huit. »
Thibaut Eperdussin
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