Nous sommes arrivés au terme de la campagne. Dimanche, les citoyen.ne.s de France seront invité.e.s à choisir le prochain Président pour les cinq années à venir. Alors que les militant.e.s redoublent d’effort, nous avons choisi de nous pencher sur le phénomène abstentionniste. Et pour cela, nous avons interrogé des habitants de la banlieue lyonnaise.
Une abstention qui se banalise
Pour rappel, l’abstention consiste à ne pas se déplacer au lieu du vote. À différencier du vote blanc. Pour voter nul, il faut déchirer ou laisser une marque sur le bulletin de vote.
Ces trois formes de votes sont comptabilisées de la même façon. Cependant, aucune n’est prise en compte dans le scrutin. Elles n’auront pas d’impact sur le résultat final, aussi importantes soient-elles.
L’abstention, soit la non-participation au vote, semble se banaliser chez les jeunes en particulier. Elle est davantage marquée dans les quartiers populaires. Ce phénomène s’expliquerait parce que ces endroits ont été délaissés par les partis.
Faut-il interdire l’abstention ?
Alors que les élections présidentielles occupent un immense espace médiatique, les injonctions à aller voter sont très fortes. Pour enrayer ce fléau, les partis et les sphères du pouvoir politique rivalisent d’ingéniosité et de propositions. Par exemple, le NPA souhaite s’approprier le vote abstentionniste. Des sénateurs voudraient rendre le vote obligatoire et le candidat FI qui propose d’éventuellement compenser cette obligation en comptabilisant le vote blanc
Pourquoi l’abstention préoccupe-t-elle les politiciens, les médias et même une entreprise comme Ben & Jerry ?
La légitimité d’une démocratie comme la nôtre repose sur l’élection des représentants par le peuple. Si l’abstention est trop forte, cette légitimité s’affaiblit. Le risque alors est de donner lieu à d’autres canaux d’expressions qui ne sont pas maîtrisés par les institutions détentrices du pouvoir. C’est le cas des manifestations, des grèves et des critiques virulentes lors de déplacements de personnalités politiques.
L’abstention, un vote utile.
Des associations cherchent à mobiliser les quartiers populaires pour inciter leurs habitants à voter. En effet, les quartiers populaires sont les plus disposés à s’abstenir, comme l’expliquait un article du Lyon Bondy Blog en 2014.
Pourtant, le témoignage de Justine atteste que l’on peut être engagé.e politiquement, et choisir consciemment de s’abstenir.
Comme le souligne Antoine Buéno ici et là, l’abstention peut-être un acte politique qui signifie le refus de participer à un système représentatif. En effet, celui-ci n’offre aucune garantie que le candidat élu respectera ses engagements ! Alors qu’un mandat impératif, par exemple, permettrait de récuser le président s’il manque à ses promesses. Le problème c’est que l’abstention est un vote silencieux par excellence. Elle peut incarner à la fois une contestation virulente du système politique mais aussi signifier un évanouissement de l’intérêt citoyen.
Micro-trottoir
Les questions et les interprétations sont ouvertes. Nous avons décidé de donner la parole à des citoyen.ne.s de Bron, Villeurbanne et Rilleux-La-Pape.
Dylan Munoz et Marta Sobkow s’y sont rendus, pour recueillir l’avis de citoyen.ne.s sur l’abstention. De nos entretiens se sont dégagées des impressions mitigées. Beaucoup des interrogé.e.s estiment qu’il est important de respecter le droit de vote en l’utilisant. Cependant, la majorité comprend ceux qui ne se rendent pas aux urnes. Ils et elles ne croient pas que l’élu.e changera leur situation. De façon générale, c’est un regard profondément désenchanté qu’ils posent sur leur futur.e président.e.