A l’initiative de la Licra Rhône-Alpes, un débat sur le thème : « Le port du voile intégral sur le territoire national » était organisé dans la Salle du Conseil du Grand Lyon lundi soir. Parmi les débatteurs se trouvaient Najat Belkacem (PS), Dominique Perben(UMP), Leila Bencharif (Europe Ecologie) et André Gerin (PC).
A Lyon, une poignée d’hommes et femmes politiques se sont retrouvés ce lundi afin de livrer leur position sur le sujet du voile intégral. Le débat est ouvert, dans les salons du Grand Lyon, par le président du mouvement antiraciste, Alain Jakubowicz.
Le médiateur de la soirée indique qu’un questionnaire sur le sujet a été soumis aux membres de la Licra et que certaines de ces questions vont être posées aux quatre élus.Un jeu de Questions / Réponses auquel se sont prêtés volontiers les participants.
Pour Najat Belkacem, le voile intégrale incarne « l’expression d’un islam inconnu, une pratique étrangère à l’islam familial, fait d’amour, de tolérance, une exigence partagée et une honnêteté. La burka n’est pas une prescription religieuse. C’est une dérive sectaire qui marque la frontière entre l’islam et l’islamisme. Mais cela reste un épiphénomène. Le vrai mouvement de fond se situe dans la construction d’un islam de France ».
C’est au tour de Dominique Perben de prendre le micro. Pour l’ancien ministre, le sujet est aussi important que la crise qui traverse notre pays ou l’augmentation du chômage. Tout est donc une question de priorité ! A savoir, mettre sur une même échelle le mode vestimentaire de quelques deux mille femmes et les huit millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté.
Après avoir eu droit au traditionnel florilège d’expressions et d’exemples sensés dénoncer la « menace salafiste » : « talibans français, cercueils ambulants, des horaires de piscine réservés aux femmes, pas de sport pour les filles… », André Gerin, l’ancien maire de Vénissieux à l’initiative du projet de loi, relève une chose que l’on peut trouver assez juste. « Ce n’est que le sommet de l’iceberg, tout le travail reste à faire ». En effet, une loi qui réprimerait le port du voile mais qui ne s’intéresserait pas aux causes serait assurément une erreur.
A la question « êtes-vous favorable à une loi interdisant une interdiction du voile intégral sur le sol français ? », Leila Bencherif, invitée à répondre en premier par tirage au sort, dénonce le triptyque « immigration, insécurité et identité nationale » autour duquel le débat sur le voile se déroule.
« Il faut une loi pour dire stop » réitère le député communiste. Najat Belkacem également favorable à une loi apporte une nuance : « les intentions qui animent le débat sont aussi importantes que le débat », en référence « à la stratégie électoraliste de l’UMP pour reconquérir l’électorat d’extrême droite. Il faut trouver un équilibre entre la liberté individuelle et la laïcité ».
Un ami m’a dit un jour : « la France a l’islam qu’elle mérite ». Je trouve l’expression plutôt juste au regard des difficultés rencontrées par les musulmans au sein de leur pays qu’est la France : un débat qui les stigmatise, des mosquées souvent trop petites pour accueillir tous les fidèles, des contraintes administratives qui empêchent la construction de lieux de culte plus adaptés et aux normes de sécurité…
Cela fait plus d’un siècle qu’il existe une présence musulmane en France, la construction de la première mosquée date de 1905. Profondément liée à l’histoire de l’immigration africaine et nord-africaine plus particulièrement, la question de la place des musulmans ne s’était encore jamais posée avec sérénité et pragmatisme.
Même si des efforts ont été faits dans ce domaine, ces dernières années, il reste encore à faire afin d’intégrer le fait que l’on puisse être en même temps Français et musulman, citoyen à part entière qui ne réclame pas un droit à la différence mais une égalité de traitement.
Auteurs : Rafika Bendermel et Maéva Breau