Jeune reporter d’images : même pas peur !

Rendez-vous à 15h au local du Lyon Bondy Blog avec Johann Prod’homme, journaliste reporter d’images d’une trentaine d’années ayant déjà beaucoup d’expérience. Formé à l’ISCPA Lyon, Johann a déjà de nombreuses fois voyagé et beaucoup tourné. On lui doit notamment « Un printemps en Méditerranée », un documentaire pour France 3 et TV5 sur l’engagement et les rêves de la jeunesse méditerranéenne. Il rentre tout juste du Mali et nous a accordé un peu de son temps pour une interview.

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Peux-tu nous parler de ton parcours ?

J’ai fait une école qui s’appelle l’ISCPA puis des stages à télévision, en radio et en presse écrite. Au fil des stages j’ai pu rencontrer des gens et du coup j’ai pu commencer à travailler avec M6. Mais très peu de temps après, M6 Lyon a fermé. J’ai ensuite essayé de trouver de nouveaux collaborateurs et de nouveaux médias. Actuellement je suis en Free-Lance. Je travaille pour des télévisions et des boites de production.

Comment définirais-tu ton métier ?

Mon métier a plusieurs facettes. Je suis principalement Journaliste Reporter d’Images (JRI) mais selon les missions je peux très bien être monteur, cameraman, ou même réalisateur. En fait, je suis un peu un touche à tout.

Ton métier te fait donc beaucoup voyager. Tu as fait des reportages dans plusieurs pays d’Europe et méditerranéens. Dernièrement c’était au Mali. Comment cela se passe ?

Encore une fois cela dépend des missions. Pour tout ce qui était des pays d’Europe, ça rentrait dans le cadre du documentaire « 20 ans en Méditerranée ». J’ai fait aussi pas mal de missions pour Euronews. Ces derniers m’ayant permis de pas mal voyager. Pour le Mali c’est via une rencontre avec un journaliste d’Euronews, Farouk Atig, qui a une boite de production « intégrales productions » que j’y suis allé. On a ensuite produit et vendu nos images à une chaîne Suisse.

Quelle est la condition des journalistes Free-Lance ?

Alors ça dépend du média pour lequel tu travailles. La presse écrite, c’est très compliqué en ce moment. Je ne sais pas trop pour la radio, mais ça doit aussi être compliqué. Et pour la télé, il y a eu une certaine évolution. Avant chez France 3, ils partaient sur le terrain à trois : un journaliste qui posait des questions, un cameraman et un preneur de son. Maintenant, je ne suis pas sûr qu’ils partent à trois pour chaque reportage. Après, concrètement, certains s’organisent mieux que moi et ont des contrats de piges avec des boîtes de production ou des médias.

Revenons à ton travail de JRI. Quand tu dois faire un tournage à l’étranger, comment fais-tu ? Tu as des contacts là-bas ?

L’idéal c’est quand même d’avoir des contacts sur place, ce qu’on appelle les « fixeurs ». Ceux sont en quelque sorte des couteaux suisse, ils peuvent être guide, interprète, conducteur…Ils connaissent les bons coins, les bonnes adresses et les bon contacts. Tu as même certains fixeurs qui te proposent de te sécuriser. Le fixeur est quelqu’un de très important suivant l’endroit où tu vas. C’est primordial si tu ne connais pas le pays.

J’imagine que ces « fixeurs » ne travaillent pas gratuitement. Il faut les rémunérer, non ? Qui le fait ?

Alors oui, il faut les rémunérer. Après qui le fait, ça dépend, c’est assez complexe. Cela dépend avec qui tu travailles, mais en général c’est la boite de production ou le média.
Quand je pars avec une boîte prod, c’est elle qui les rémunèrent. Certaines fois, le JRI doit tout avancer : la nourriture, le billet d’avion, … mais après tu te rembourses avec l’argent que tu gagnes en vendant le reportage.

Est-ce qu’ils sont répertoriés quelque part ? Comment fait-on pour les joindre ? Par exemple pour tes divers reportages, c’est toi qui les as contactés ?

C’est une bonne question, en général c’est le journaliste avec qui je pars qui les contacts. En fait, pour les contacter, c’est beaucoup de réseau. Souvent les fixeurs sont aussi journalistes dans leur pays. Par exemple, j’ai un ami qui est journaliste au Caire et sur son temps libre, il propose à des médias d’être fixeur.
Après il y a sûrement des sites internet avec des adresses pour joindre les fixeurs. Certain médias comme Euronews on sûrement une base de donnée importante de fixeurs. C’est vraiment important si tu pars dans un pays en guerre de pouvoir faire confiance et de t’appuyer sur lui.

Justement, tu parles de pays en guerre. Tu en as déjà fait l’expérience. Comment cela se passe ? Est-ce que tu as peur ?

Non je n’ai pas peur, juste de l’adrénaline. Après je n’ai jamais été confronté à des scènes de guérillas urbaines ou des batailles devant moi, mais selon les situations tu peux vite être mal placé. Je n’ai jamais été confronté à des moments où j’ai vraiment eu peur, mais on y pense. Récemment j’ai d’ailleurs découvert sur le site de Reporters sans Frontières qu’ils proposaient un guide du journaliste en guerre, téléchargeable gratuitement et qui explique beaucoup de choses. C’est très intéressant et comme on dit « mieux vaux guérir que prévenir ».

Tu étais au Mali récemment. Comment s’est déroulé ton reportage ?

On était au Mali à une période charnière. On est arrivé quand l’armée Française s’est déployée, à un moment où il y avait une course vers le nord. Et en fait, selon les autorisations et les papiers que tu peux montrer, également selon le bon vouloir des personnes qui tiennent les barrages, tu peux les passer. Nous on a été hyper retardé à parlementer. Tout ça pour qu’au final on soit bloqué au dernier barrage pour des questions de sécurité, mais on a pu faire notre travail.

 

http://fr.rsf.org/le-guide-pratique-du-journaliste-12-04-2007,21667.html

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