Darfour, Afghanistan, Roumanie, Somalie, Rwanda…autant de pays parcourus par le photographe James Nachtwey que de conflits de notre temps. L’exposition qui se tient actuellement à la bibliothèque municipale de Lyon agit comme une décharge : les photographies témoignent de l’horreur de la guerre, de l’effroi des populations touchées par les conflits.
Le métier de photojournaliste prend ici tout son sens : J.Nachtwey, par la force de ses cadrages, de ses compositions, par sa distance – très proche – avec ses personnages, rapporte des émotions, des situations, la détresse des peuples.
James Nachtwey est ‘’au bon endroit, au bon moment’’ comme l’était Robert Capa, premier grand photographe de guerre, mort sur le terrain. Aucune hésitation dans ses choix, il va là où il faut témoigner, et c’est en cela qu’il est exceptionnel : dans cette poursuite de l’événement, dans le cri qu’il dépeint au spectateur.
A première vue, on peine à comprendre l’œuvre de Nachtwey, qui en met plein la vue, renvoie l’homme à sa cruauté. Les conflits, les catastrophes naturelles, les hôpitaux, le photographe est partout où le chaos règne. Les images agissent comme une prise de conscience et permettent de dénoncer l’horreur qui règne en certains pays. Aussi, plus on avance dans l’exposition, plus on survole les conflits, plus on est touché, forcément, mais pas pour autant sûr d’avoir toutes les clés en main pour comprendre ces images.
Quelques allers-retours dans le couloir de l’exposition, des coups d’œil aux légendes des images permettent de déceler un positionnement de Nachtwey, notamment sur la fresque d’images de soldats américains hospitalisés en Irak nommée ‘’Le Sacrifice’’. Le photographe ne semble pas ériger les soldats en héros, mais c’est la seule série de l’exposition qui possède un titre plus subjectif (comparé aux ‘’Famine’’, ‘’Génocide’’, ‘’faits de guerre’’…), et qui intervient à la fin du trajet dans l’exposition, après avoir vu toutes les horreurs de la guerre, au moment où les visiteurs courbent le dos, particulièrement touchés, nous faisons face à ce mur d’hommes blessés.
Ainsi l’on peut se questionner sur le positionnement que peut avoir J.Nachtwey, en tant que photographe américain, sur les conflits qu’il traverse partout dans le monde. De la même manière il s’est plié à l’interdiction de prendre en photos les corps du World Trade Center, quant on peut voir une dizaine de cadavres somaliens ou rwandais dans l’exposition. C’est un positionnement que l’on peut attendre de sa part, grand reporter libre et reconnu, mais que l’on regrette en sortant de l’exposition.
C’est dans tout les cas, une exposition qui est à voir, pour découvrir le travail du photographe, ce qu’être photographe peut vouloir dire, analyser les images et leurs répercutions… et se faire son propre avis sur le travail du photographe !!
-prochaine visite commentée le 30 novembre, à 17h, par la commissaire de l’exposition, durée : 1h, sans inscription, gratuit.
Laura Tangre