[Interview] Éric Lafond, une liste indépendante avec des outils pour Lyon – Partie 2

C’est avec la liste indépendante « 100% citoyen » qu’Éric Lafond se présente pour les élections municipales 2020. Centriste libéral, il se présente comme une « boite à outils » de projets afin de « bousculer les vieilles habitudes » politiques. C’est en interview avec le LBB qu’il nous livre plus de détails sur la manière dont ses idées pourraient se mettre en place.

La question des transports à Lyon est devenue primordiale, que proposez-vous pour fluidifier la circulation en ville ?

Notre approche de la mobilité met en avant une nécessité de faire émerger du transport par voie aérienne, notamment par aérotram sur les collines pour moins prendre la voiture et redonner un peu d’espace au sol. On a une approche de la mobilité en général sur le territoire qui consiste à dire que la priorité est de donner aux gens qui viennent en voiture à Lyon des solutions pour moins avoir à le faire. Ce que l’on propose, ce sont des parcs relais significatifs, où les gens puissent s’arrêter, et les associés à des lieux de travail à distance. On est dans une ville à économie tertiaire, les gens n’ont pas besoin de venir tous les jours aux bureaux à 8h. Ça, c’est une culture, une habitude que l’on a prise. Si l’on donne la possibilité de travailler à distance, les gens peuvent venir une demi-journée ou une journée, voir ne pas venir en ville. Cela permet de décaler le flux, ce qui améliorera beaucoup la fluidité de déplacement. Ajouter à cela qu’il faudra que ces lieux soient connectés aux restes du territoire avec des transports en commun efficaces.

C’est là où nous parlons d’aérotram, de navettes fluviales, c’est-à-dire donner des outils aux gens pour se déplacer avec le même confort qu’ils ont avec la voiture. Et ces lieux, nous en sommes convaincus deviendront des petits centres sur le territoire. On a besoin de déconcentrer la ville. On ne peut pas tout mettre à la Part-Dieu. L’hypercentralisation nous parait mortifère pour le territoire.

Quelles sont les capacités d’un aérotram par rapport au métro ?

Les études du Sytral sur le métro E parlent de 60 000 personnes par jours. L’aérotram possède une capacité de transport de 5 000 personnes par heures et par sens. et ça tourne toute la journée. C’est équivalent. Toulouse a déjà mis en place sa première ligne.  Brest en a construit une plus petite. Et quand on voit ce qu’il se passe ailleurs dans d’autres pays, ça fonctionne très bien.

Et on apporte une réponse aux gens, tous les gens qui viennent de l’Ouest, du Nord du plateau du 5ème, parce que pour eux c’est un enfer de venir en ville.

Sans surcoût ? 

Oui, beaucoup d’argent est gaspillé. La ville de Lyon a mis 1,5 million d’euros pour le fond des caisses des pompes funèbres qui sont mal gérées. Les bacs à fleurs en ville coûtent 800.000 euros. De l’argent il y en a. La question c’est de la gérer avec transparence et efficacité.

Quel serait le budget pour ce projet  ?

Un aétroam est à environ 20 millions d’euros par kilomètre, là où la ligne de métro est à 200.

Seriez-vous pour la gratuité des transports ?

La réalité des transports en commun est qu’ils sont saturés. C’est pour cette raison que nous ne pensons pas qu’il faille amener la gratuité. Les gens prennent les transports en commun, ils veulent simplement des transports en commun de meilleure qualité. Il y a la contribution d’entreprise qui existe. La contribution de la métropole aussi. Donc il n’y aura pas d’augmentation d’impôt. C’est important de faire passer le message. Nous pouvons faire mieux avec ce que nous avons. Je suis convaincu de ça. Il faut faire de bons choix en termes d’investissement.

Le logement à Lyon a pris 40% en 5 ans et devient de moins en moins accessible, qu’est-ce que vous pensez à ce niveau-là ? 

Si on prend un peu de recul, c’est pire que ça. Sur les quinze dernières années, le prix au mètre carré est à 200%. En comparant, les salaires ont augmenté de 35%. Même les loyers sont au-dessus des salaires. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a des familles qui commencent à partir de Lyon parce qu’il est trop difficile de se loger. Les jeunes actifs ont du mal à arriver au premier logement, et si on regarde les deux dernières années, on construit de moins en moins. On est dans une espèce d’effet ciseau qui est terrible. Au début, les propriétaires étaient contents, effectivement vous êtes propriétaires, vous dormez sur un bien qui prend de la valeur, c’est super. Mais même aujourd’hui, on est dans une des grandes villes de France, celle où il y a le moins de propriétaire occupant. C’est-à-dire que même pour les propriétaires ça devient compliqué. 

Il n’y a pas de solution miracle en la matière. Nous ce que l’on préconise c’est d’optimiser le parc existant en créant des logements. Premièrement, il y a le taux de vacances à Lyon. Il est de 8,6%, c’est un taux important pour une grande ville. Si on divise par deux ce taux de vacance, dont une partie appartient à la collectivité, on met 10.000 logements sur le marché.

Il y a un deuxième sujet qui est le changement de destination des logements en centre-ville. Il y a beaucoup de logements en centre-ville qui ont été transformés en bureau et qui continuent à l’être. Alors qu’en parallèle, on ne construit que des immeubles de bureau. Pour nous, il y a une absurdité, et nous pensons qu’il faut arrêter le changement de destination, il faut que ça soit de l’habitat.

Aujourd’hui, on a besoin de faire émerger une offre de construction qui soit moins chère, comme de l’habitat en bois. On est la seule ville de France qui n’a pas tenté de faire des immeubles en bois. Bordeaux en a fait sortir, comme Strasbourg ou Saint-Etienne. Nous, on n’a rien tenté en la matière. Il existe aussi les habitats modulaires, comme ce qu’il s’est fait au Havre ou à Amsterdam pour les étudiants, en prenant des conteneurs réhabilités.  Cela est faisable et ça libérerait des logements en centre-ville.

Puis il y aurait des habitations modulaires différentes avec le bois ou d’autres matériaux qui seraient pré industrialisé. Les immeubles comme ça coûtent moins cher et sont construits plus vite. Là encore, sur le territoire, on n’a rien tenté depuis 10 ans. On est classiquement sur des constructions en béton. Dont on sait d’ailleurs que, sur le plan environnemental, cela est catastrophique dû au manque de sable. 

Et pensez-vous que les logements vacants pourraient être réquisitionnés ? 

Je trouve que ces mesures ne fonctionnent pas. On a très peu d’exemples d’efficacité là-dessus. Moi j’entends ce que dit par exemple le PS sur la fixation du prix des loyers. Cela nécessite une telle ingénierie administrative derrière. On n’arrive même pas à réguler AirBnb, gérer 300.000 logements sur tout le territoire me semble difficile. C’est un monstre bureaucratique qu’il faut monter derrière. Je ne crois pas trop à ces solutions-là.

Il vaut mieux pousser vers des solutions novatrices, pousser une offre différente en mettant en lien avec le logement intergénérationnel. Ça, la ville elle peut le faire. Ce n’est pas très compliqué.

Certains seniors sont confrontés à différents types de problème tel que des prix en EHPAD élevés et des manques de place sur Lyon, que faire selon vous ?

Il nous parait pertinent de promouvoir des immeubles à mixité d’usage.

De plus, on est dans une ville qui vieillit et on a un enjeu très fort qui est de permettre aux personnes âgées de rester le plus longtemps chez elles. Pour leur bien-être, et puis parce que collectivement ça coûte extrêmement cher de trouver des solutions en EHPAD. Le but est que pour ces personnes âgées, qui sont souvent isolées, pour qu’elles puissent rester seules chez elles, il faut qu’il y ait quelqu’un qui puisse être avec elles. Et en parallèle, on a des jeunes actifs qui ont du mal à rentrer sur le marché. Nous aujourd’hui, on pense que la ville doit porter une politique de mise en lien  des personnes âgées qui sont dans les appartements et des jeunes actifs. Ils s’avèrent que cela existe aujourd’hui. Mais cela est fait par une association, ou deux, à titre très marginal, comme Paris Solidaire.

C’est une sous-location en quelque sorte, mais en contrepartie, le jeune actif donne en faisant les courses par exemple. Cela a beaucoup de sens, sur le plan humain. Et ça apporte des solutions en termes de logements. Ensuite, il faut construire différemment.

On l’avait proposé il y a quelques années. C’est dans l’idée que si l’on doit construire un EPAHD ou un bâtiment adapté aux personnes âgées,  qui ait au rez-de-chaussée une crèche. Cela optimise des coûts de construction pour la collectivité. Ça fabrique des choses socialement. Les opérateurs voulant construire pour du tertiaire devront s’associer à d’autres domaines. Par exemple, dans un immeuble, qu’il y ait pourquoi pas une partie EPAHD et une partie de bureaux.

On est vraiment dans cette idée de réduire les dépenses de la collectivité tout en ne perdant pas de la qualité. Et ne pas enfermer les gens. Les gens ont besoin de liens, de relations, donc on fabrique des lieux où cela puisse exister.

Comment vous le financeriez ?

Aujourd’hui c’est réglementé avec des tarifs, et étant donné que la collectivité n’a pas les moyens d’en construire plus, c’est privé. Et là effectivement c’est relativement cher pour les gens. Donc là-dessus on n’a pas de prise. L’enjeu est de construire une offre semi-privée, semi-publique plus importante en associant les acteurs pour la co-construction. Cela coûte moins cher.

 

 

 

La rédaction

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