« On nous propose, la peste noire et la gastro-entérite, je ne les mets pas sur les mêmes plans, mais on a d’un côté le libéralisme économique, et la menace de l’extrême droite. Cela devient alors un gros défi pour la gauche de poser une troisième voie. »,
Rencontre avec Alice Bosler, ex lyonnaise et nouvelle figure des Jeunes Génération-s, sur son parcours mais aussi son analyse de la vie politique française.
Lyon Bondy Blog : Pouvez-vous vous présenter?
Alice Bosler : « Alors j’ai 23 ans, je me suis engagée, en 2015 exactement avec les régionales pour la campagne de Jean-Jack Queyranne président de Région.
Puis je suis passée responsable local du MJS 2016, puis j’ai créé le local Jeunes Génération-s (JG) après avoir quitté le PS en 2017. Je suis depuis mars 2019 coordinatrice nationale qui est donc le mouvement national de Génération-s. J’ai été récemment diplômée en aménagement des territoires mention transport à Lyon 3 et depuis encore plus récemment, je suis collaboratrice au groupe Alternative Écologiste et Sociales (le groupe écolo/Génération-s à la région Ile de France).
LBB : Pourquoi avez-vous choisi de vous engager en politique ?
AB : J’étais animée par un grand nombre de valeurs sur notamment les questions de justice sociale, et l’égalité réelle, qui n’est pas celle que l’on connaît juste en droit mais celle où chacun a la même capacité à s’émanciper. Au départ, j’étais engagé à Transformer à Gauche (NDLR tendance la plus à gauche dans les jeunes socialistes). Après, j’ai quitté le PS qui ne représente malheureusement pas le collectivisme. Puis le revenu universel d’existence m’a d’abord séduit.
À mon avis Generation-s est le parti qui a su comprendre les grandes mutations de la société travaillez moins, investir dans l’écologie, lutter contre les discriminations.
LBB : Quelles sont vos responsabilités à Génération.s ?
AB : Je suis coordinatrice nationale des JG (pour Jeunes Génération.s) c’est un espace jeune intégré au sein de Génération-s, les JG sont vraiment inclus dans la direction de Génération-s avec Grégoire Verrière (son binôme). On porte la voie des JG au sein de l’organisation, on a vraiment une autonomie de campagne et travaux de fond. Concrètement ce que je dois faire, c’est animer l’équipe nationale, construire le mouvement partout sur le territoire. Faire en sorte que les jeunes, partout, soient capable de s’engager et de militer dans Génération-s.
Ma deuxième mission, c’est de s’emparer des sujets de jeunesse, notamment la question climatique, où c’est clairement la jeunesse qui tire la sonnette d’alarme, puis la question d’accès aux études, de lutte contre les discriminations, et dernièrement la lutte contre l’uberisation du travail.
En fait, il faut que je sois force de proposition, avoir un point de vue sur ces questions, mais également de faire qu’un débat se crée autour de ces questions.
LBB : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est Génération-s ?
AB : Génération-s est un mouvement politique qui a été créé par Benoit Hamon, mais il n’est pas le seul représentant. Pour moi, c’est important de le souligner, il faut supprimer le culte pour les hommes providentiels. Même si en effet le mouvement est devenu populaire par son biais, car Benoit Hamon a fait les présidentielles. Notre mouvement est celui de l’écologie politique même si cela ne veut pas dire grand-chose. Pour clarifier, on essaye de faire la jonction entre la lutte écolo et la lutte ouvrière historique. On est donc entre l’héritage des luttes et celles écologistes qui aujourd’hui deviennent primordiales.
Par exemple, la crise des gilets jaunes, la réponse qu’on pourrait apporter, c’est qu’il faut effectivement redistribuer les richesses. Mais en même temps, on ne peut pas défendre l’idée qu’il faut produire toujours plus. Donc, là, à la place du gouvernement, on essaierait de proposer des solutions pour que les gens ne prennent pas leur voiture tous les jours, que les gens ne bossent pas tous les jours, etc.
LBB : Pourquoi avoir quitté le PS ?
AB : La plupart des gens qui ont quitté le PS ont essayé de se battre en interne, mais on s’adressait à un appareil figé. Mais en même temps, le jeu était vraiment déséquilibré, conjuguer la lutte sociale et écologique ce n’était plus possible au sein du PS.
Je voudrais juste appuyer sur le fait que nous ne sommes pas qu’un groupe de gens qui sommes partis du PS pour des raisons de mécontentement.
LBB : Pour évoquer des sujets plus actuels, vous avez fait un score de 3,2% aux Européennes, quelles conclusions vous tirez de ces élections ?
AB : Les Européennes « tout le monde s’est pété la gueule » et même si les écolos ont fait un score honorable, il n’est pas si élevé par rapport aux précédentes élections européennes.
Aujourd’hui la principale revendication des électeurs, c’est celle de l’urgence écologique, et finalement, c’est Europe Écologie Les Verts (EELV) qui a capté cette dynamique.
Après, effectivement, on paye le prix de la désunion, la gauche est partie éclatée, et c’est regrettable. La claque que nous a mise les Européennes doit nous apprendre à s’unir. On ne peut plus rester chacun dans nos chapelles entre 3% et 6%.
Après, ce que je retiens aussi, c’est que clairement il y a une stratégie macronienne entre un bloc progressiste (eux) et un bloc fasciste (Rassemblement nationale) et macron essaye d’enfermer son opposition au RN. Ce qui n’est pas la réalité. En fait on nous propose, la peste noire et la gastro-entérite, je ne les mets pas sur les mêmes plans mais on a d’un côté le libéralisme économique, et la menace de l’extrême droite. En suit alors un gros défi pour la gauche de poser une troisième voie.
LBB : Vous avez organisé un week-end de rentrée pendant le mois de septembre, cela s’est passé comment ?
AB : Très bien ! C’était un très très bon moment. C’était à la fois un temps interne, car les militants avaient besoin de se remotiver, mais en même temps un temps externe.
Il y avait environ 1 000 personnes beaucoup de jeunes, avec plein d’ateliers notamment sur les préoccupations autour des municipales parce qu’il y a évidemment des besoins de se former sur ces questions pour partir du bon pied.
LBB : Il y avait des grandes figures politiques actuelles : Clémentine Autain, Ian Brossat, Olivier Besancenot ou encore Raphaël Glucksmann, le but, c’est l’union de la gauche ? Comment cela se présente ?
AB : Ce qui était intéressant, c’est que toute la gauche était représentée, c’était un moment assez inédit.
Mais malheureusement, tous les grands médias étaient à la convention de la droite. Toutes les caméras étaient braquées sur les intellectuels de droite qui ne pèsent rien.
Après, oui on avait beaucoup de monde, cela allait du NPA incarné par Besancenot, jusqu’à radicaux de gauche. Il y avait quand même quelques tensions notamment de la part de Besancenot à l’égard du PS. On sent vraiment qu’on hérite de beaucoup de rancœurs dûes au quinquennat Hollande qui a vraiment frustré les militants de gauche.
La question, c’était quelque chose comme : « Est-ce que c’est déjà foutu pour la suite ? ». Du coup tout le monde y est allé un peu humble, ce qui est ressorti, c’est qu’un chef ne peut pas sortir auto-désigné. Puis que cela ne se fera pas en un claquement de doigt. Mais par contre évidement il y a de l’espoir, l’union de la gauche elle se fera au préalable par des luttes communes. Besancenot a beaucoup insisté là-dessus, si on veut se parler, il faut lutter sur des combats, notamment, très actuel, sur la question de l’aéroport de Paris.
Après, il faudra reprendre un dialogue de fond et pas des grands tacles en période d’élections. Il y a aussi Marie-Noëlle Lienemann, qui a évoqué l’idée d’université populaire, ce qui pourrait être une bonne idée.
LBB : Ce sont des sacrés défis pour la suite, quels sont les perspectives et horizons à Generation-s ?
AB : Pour les municipales, Generation-s s’est fixé une règle assez simple, mais toutefois difficile à tenir, on fera l’union avec l’ensemble des forces de gauche. Localement, les comités sont invités à s’allier avec toutes les gauches, avec une ligne rouge pas d’alliance avec La République En Marche. À partir de là le but est d’inscrire Generation-s avec des forces de gauche pour s’inscrire dans une union pour les municipales. Le but, c’est évidemment d’avoir le plus d’élus possibles, mais pas des élus qui partiront en vrille, livrée à eux-mêmes, des élus formés. Mais après la concrétisation du projet n’est vraiment pas facile, si on prend l’exemple de Marseille où EELV a voté contre l’union de la gauche aux municipales, on sent les difficultés arrivées. Après, c’est vrai que notre score aux Européennes nous force à y aller avec modestie.
Pour ce qui concerne le mouvement, en ce moment Benoit Hamon a pris du retrait, il est toujours là, et il va revenir dans le mouvement mais sans pour autant reprendre la place de leader maxima, le but c’est vraiment d’inclure des têtes émergentes. »
Clémence PINEAU
Retrouver du collectif dans un contexte de repli idrntitaire, c’est un joli défi.
Une politique plus participative plus ecolo sociale moins libérale est à inventée
Il s’agit aujourd’hui de rassembler la gauche.Pour ce faire il faut des rassembleurs non sectaires,animés par le désir d’agir en faveur de l’intérêt général,en faveur de l’intérêt supérieur de notre pays.Notre pays va mal,jamais peut-être depuis 1945 la France n’a eu autant besoin de la gauche.Nous n’avons plus le choix:soit Macron soit Le Pen.Eviter cette issue catastrophique signifie de RASSEMBLER la gauche sur la base d’un programme minimal et fédérateur ,sur la base d’un programme de salut public (républicain,social & écologique). La gauche rassemblée finit toujours par l’emporter.Tout doit être fait pour éviter le désastre démocratique qui s’annonce dans 2 ans ½ pour nous-mêmes, pour la gauche, pour la France !