Kamel Mouellef se bat pour la mémoire des soldats indigènes qui comme son arrière-grand père sont tombés pour la France.
Oubliés de l’Histoire, ignorés et inconnus de beaucoup, ce sont ces soldats morts pour le drapeau tricolore, venus d’Algérie, du Maroc, du Sénégal ou d’Indochine. Alors que l’on commémore la Grande Guerre, Kamel Moueleff veut mettre en lumière la participation de ces hommes aux diverses victoires de la France. Pour lui, tout a commencé par un rêve en 1983 dans lequel il dit avoir vu son arrière-grand-père du IIe régiment de tirailleurs algériens disparu en 1918.
Après des années de recherche il retrouve la tombe de son aïeul dans la nécropole nationale de Bois-Roger à Ambleny dans l’Aisne. Depuis il veut porter à la connaissance du public cette Histoire méconnue, ne plus la réserver qu’aux seuls historiens ou amateurs d’histoire : 9 000 tirailleurs Algériens ont tenu tête à 90 000 soldats prussiens lors de la bataille de Wissembourg en 1870 – la conduite exemplaire de combattants indigènes poussa Napoléon III à solliciter leur représentation dans la garde impériale -, des Algériens ont débarqué en Normandie – des maquisards nord-africains ont pris part à la libération de la Part-Dieu en 1944 –, des résistants nord-africains et sénégalais ont combattu dans le Vercors…L’Histoire est dense encore, et très peu enseignée à l’école selon lui, « il y a une injustice de mémoire » plaide-t-il. Le cinéma s’en est occupé avec l’excellent film de R. Bouchareb Les Indigènes, mais cela ne marque qu’un début.
Kamel Mouellef poursuit, quant à lui, son combat en oeuvrant pour « créer une association de chercheurs qui auraient accès aux archives encore méconnues et publieraient une thèse sur tous ces combattants qui se sont battus dans l’ancien empire français », avec le soutien du club apolitique Rhône-Alpes Diversité dont il est membre.
A l’heure où les descendants de ces soldats se battent pour que leur mémoire soit aussi honorée, voilà que certains évoquent actuellement le trop grand nombre de commémorations (celle de l’esclavage…), il semble bien que la connaissance de l’Histoire, sa reconnaissance et sa célébration dérangent plus d’un. On sait déjà lesquelles ils souhaiteraient voir supprimer, balayant ainsi l’action de nombreux militants de la mémoire des leurs.
Le combat continue pour cet arrière-petit-fils de poilu, portant fièrement le drapeau du 1er régiment de tirailleurs algériens, décorés notamment de la légion d’Honneur et de la Croix de Guerre 1914-18, devenu l’emblème des combattants indigènes de l’armée française… et après tout ne dit-on pas que les plus belles réussites commencent par des rêves.
Auteur : Fouzia Othman