TGI de Lyon, 14ème chambre, comparutions immédiates
Jean Poigne* se retrouve devant la cour pour violences avec arme (un couteau) en état de récidive légale. Il lui est également reproché une dégradation de biens, en l’occurrence la cellule où il a passé sa garde à vue.
Il avait déjà eu affaire à la justice pour transport d’armes de catégorie 1 et 4 (soit des armes à feu dites aussi armes de poing), port d’arme de 6ème catégorie (encore un couteau) et outrage à agents.
La présidente revient sur les faits. Jean aurait des troubles du comportement. Son voisinage a noté des agissements bizarres ces derniers temps.
Un voisin lui reproche de faire du bruit avec son scooter et lui dit de venir s’expliquer. Il voit alors l’accusé arriver avec un couteau de cuisine. La victime, qui n’a pas été touché par l’ustensile, le fait fuir en lui donnant des coups de chaine. Le prévenu a par ailleurs insulté la famille de la victime à coups de « sale noir » et de noms d’oiseaux que ne renierait pas le journal facho Minute.
Ni la victime ni l’accusé ne sont présents à l’audience. L’ambiance est plutôt surréaliste avec l’avocate de la défense seule face aux juges et à la procureure. Cette dernière débute son réquisitoire : « Je serais très rapide (…) Il n’a même pas daigné venir. Il s’agit de sa vie. J’y vois là une défiance. Je demande de tenir compte de son casier. » Elle réclame donc un an ferme d’emprisonnement.
La présidente questionne l’avocate de la défense, qui a repris le dossier d’un collègue au dernier moment : « Vous n’avez pas eu de contact ? – Non. » Elle enchaine : « Mon confrère m’a demandé de le substituer. Il m’a dit que le prévenu était très fragile psychologiquement. Il a plus besoin de soins que d’emprisonnement. La réquisition est sévère. Les faits auraient pu mais n’ont pas été graves. Une partie de la peine doit être assortie de contrôle judiciaire avec sursis et mise à l’épreuve avec obligation de soins. »
Les délibérations se concluront finalement par six mois ferme assortis de sursis et de mise à l’épreuve avec l’obligation de soins pour Jean, qui dorénavant y réfléchira à deux fois avant d’aller s’expliquer au couteau.
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Chronique rédigée en novembre 2013
* Nom changé