Suite au décès le 21 octobre 2024 de David Vallat, la rédaction du Lyon Bondy Blog a souhaité faire un article pour lui rendre un dernier hommage.
Il y a quinze jours, le Lyon Bondy Blog est en émoi et en souffrance. Ce lundi 21 octobre, nous apprenons la mort de l’ancien président de notre structure, David Vallat. Il a été président de cette association pendant quatre années de 2012 à 2016.
Il y a un mois David Vallat laissait ce message sur ses réseaux sociaux :
“ De l’identité. On m’a posé la question de mon identité, en ces temps ou ce sujet est à la mode. Ma réponse, celle de la somme de mes identités, serait la suivante : Si ma raison est française, pour être rationnelle et cartésienne hors de toute superstition, mon cœur est caucasien pour être sans partage quand il est offert, mon corps est méditerranéen pour être à l’image de tous ceux autour de cette mer qui est le berceau des pays qui l’entourent, mon caractère est algérien pour ne pas aimer le chichi et le tralala, ma détermination est afghane pour ne pas reconnaître la marche arrière quand d’avancer s’impose, mes espoirs sont juifs pour me consoler dans la peine en pensant à la Jérusalem terrestre et céleste, mes joies sont chrétiennes pour être simples et dans le plaisir de les partager avec le plus possible, mes endurances sont musulmanes pour savoir que Dieu est toujours du côté de celui qui patiente dans l’épreuve, ma croyance est athée pour l’être aux yeux des portes paroles du bon dieu qui ne sont souvent que ces portes flingues et ses portes monnaies, mes peurs sont humaines pour être aussi vielles que l’humanité, ma culture s’est forgée à l’aune et sous l’ombre de Fizuli, Hugo, Rumi, Zola, Nizami, Senghor, Huxley, Homère, Ronsard, Apollinaire, St Exupéry, mon esprit de résistance me vient des exemples de Toussaint Louverture, Omar Mokhtar, Jean Moulin, l’imam Chamyl, Rosa Parks, Louise Michel, et tant d’autres, et mon âme est perse pour sa capacité à voir la beauté en toute chose. Si tant est qu’elles puissent appartenir à une quelconque part de cette terre c’est ainsi que je revendique mes identités. D’ailleurs cette somme d’identités ne fait que grandir à chaque rencontre et à chaque voyage, plus sûres d’elles et plus fortes. Être citoyen français me permet tout cela, loin des débats stériles sur les prénoms, la couleur de la peau et autres billevesées identitaires, le plus souvent tenus par ceux qui se cherchent encore et ne savent pas qui ils sont, sauf à n’être que dans la peur pour seule identité. Une citoyenneté qui s’affranchit des injonctions identitaires et me laisse libre de choisir qui je suis en restant l’égal de tout autre. » David Vallat
Certains anciens bénévoles et militants associatifs lui rendent un dernier hommage :
Jelena Dzekseneva, ancienne service civique au sein de l’association Lyon Bondy Blog : “ J’ai rencontré David en 2013. Je venais alors d’intégrer le Lyon Bondy Blog. Souriant, plein de conseils, David nous racontait des histoires à dormir debout avec bienveillance, et nous partageait son regard inédit sur la laïcité. C’était un homme simple, qui arrivait à faire des blagues dans les moments les plus inattendus. On ne peut que difficilement comprendre ce qu’il a vécu et traversé lors de sa vie. En racontant son histoire David a eu la force d’être confronté à nous, à nos regards et à nos critiques. On peut le remercier d’avoir eu ce courage si rare, et d’avoir su trouver les mots. David avait cette envie immense de transmettre, de partager son opinion, de nous dire quelque chose qu’on n’a pas compris. Il essayait malgré les dangers auxquels il faisait face de rendre cette société un peu plus juste et un peu plus égalitaire. Les gens comme David nous motivent à parler plus haut et plus fort, à ne pas avoir peur et surtout à ne pas perdre foi en l’humanité.
Cédric Deglise, président de le l’UPOP Pays Viennois:
“ David Vallat était un reconverti sincère, nul ne peut en douter. Il n’a eu de cesse de clamer son amour pour la République, la laïcité, la jeunesse de ce pays. Il a fait feu de tout bois pour que cette République prenne conscience de ce que l’Islam politique représente. Sans concession, il expliquait que même dans la mort les musulmans ne peuvent s’affranchir du reste de la société en réclamant des carrés musulmans dans les cimetières …. Alors que la légitimité d’être tourné vers la Mecque n’est pas contestable. Il demandait à ce que des livres qui promotionnent une lecture tronquée du Coran soient interdits à la vente. Il nous considérait en guerre, et en guerre, ces coups-là sont permis. Il exprimait des idées très politiquement incorrectes, il regrettait la mansuétude de l’Etat envers les signaux faibles de marginalisation des musulmans radicaux. Il aimait profondément sa religion, mais devait toutefois lutter contre ceux qui le taxaient d’islamophobe … un comble.
Etienne Aazzab, président de l’association Lyon Bondy Blog depuis 2016 : “J’ai rencontré David Vallat en 2014 pour les élections municipales. J’étais au début de ma carrière de journaliste. Il m’a tout de suite pris sous son aile, en toute bienveillance. La première chose qu’il m’a dit c’est : “ Tu prends du plaisir à écrire car pour moi c’est devenu une passion”. J’ai fait un article avec lui en allant à un meeting du FN à l’époque, toujours en 2014, et il jouait avec les mots comme on joue au lego. Un homme droit dans ses bottes qui a su me faire évoluer personnellement et professionnellement. Je te remercie David.
Azzedine Benelkaldi, créateur du Lyon Bondy Blog, lui rend également hommage :
J’ai rencontré David Vallat lors d’un barbecue à Villefontaine, chez une amie, au début des années 2010. Ce jour-là, il était avec sa fille, Sarouchka, comme il aimait l’appeler affectueusement. David m’a ouvert son cœur et m’a raconté son histoire. Sa vie sociale s’était effacée, et tout tournait autour de sa fille, de la maison et du travail. Même le dimanche, il emmenait Sarouchka à l’atelier. Je venais souvent lui rendre visite pour l’encourager à écrire pour le Lyon Bondy Blog. Je lui disais que s’il n’écrivait pas son histoire, s’il nous quittait sans laisser de traces, certains pourraient le réduire à un simple terroriste. Il a fini par accepter, bien qu’au début, il croyait que j’étais un agent des renseignements. Après six mois de discussions, il s’est lancé. Ce fut le début d’une grande aventure. Je lui ai présenté plusieurs de mes amis et connaissances, qui l’ont soutenu dans l’édition de son premier livre, “Terreur de jeunesse”, un titre trouvé par Olivier Bertrand, alors journaliste à Libération. Pour moi, et pour beaucoup d’autres, David était le meilleur pour expliquer ce que représente le modèle français et la laïcité. Ses récits, son humour, ses éclats de rire, et surtout ses coups de gueule, vont terriblement me manquer. David, mon ami, mon frère, tu laisses un vide immense dans nos cœurs.
Hommage signé par Azzedine, Cédric, Etienne, Jelena et Marie