Le 28 décembre dernier, c’est sur la péniche La Marquise que le rappeur Guizmo est venu se produire avec le Lyonnais Yoko et Le Marseillais La Mouche. Un concert dans le cadre d’un Open Mic qui a attiré de nombreux adeptes. L’initiative des organisateurs a été appréciée et les prestations à la hauteur des attentes.
Sur l’eau, c’est original. Les fans et même les artistes n’ont pas toujours l’occasion de profiter de tels moments en se laissant porter par les flots. La péniche La Marquise accueillait plus de 250 personnes pour cet Open Mic coorganisé avec le label de Guizmo Y & W. C’était une idée pour le moins rafraîchissante. À savoir que l’Open Mic est une scène ouverte où tout le monde peut s’adonner aux joies de la rime et du flow sur la scène pendant cinq à dix minutes.
Une productivité hors pair
« Ma perception est celle-ci : Fait ce que tu veux ou ne fait pas de rap » appuie Guizmo.
Dans le paysage hip-hop français, il tient une place à part. Ne serait-ce que par rapport à l’école d’où il est issu. C’est en effet un grand habitué de ces Open Mic qui ont forgé sa réputation.
« J’en fais encore. L’Open Mic, c’est un état d’esprit de gladiateur. On arrive pour dévoiler ce qu’on a gratté chez soi. Le but c’est de mettre les gens d’accord. Ces évènements ont une valeur particulière pour moi parce qu’ils m’ont ouvert des portes. Cela peut être le cas pour d’autres jeunes. »
À 23 ans, le rappeur de Villeneuve La Garenne (92) a un parcours déjà très riche avec cinq albums et un EP enregistrés depuis 2011. Son dernier opus « Dans ma ruche » sorti le 15 décembre dernier est au centre de l’actualité. Il a écoulé 8000 exemplaires dès la première semaine d’exploitation, ce qui lui a valu d’être à la tête des classements iTunes. Le titre « André » inspiré de « Place des grands hommes » de Patrick Bruel fait déjà l’unanimité auprès du public.
« Si on dit que je me démarque, c’est parce que je suis influencé par tous les styles de musique », affirme-t-il. Pour la chanson « André », je voulais imaginer comment les choses allaient se finir pour moi dans dix ans. Imaginer le pire si je continue à faire des bêtises comme boire ou fumer. Dans « Muselière », je parle de l’industrie du disque et surtout de ses travers. »
Yoko et La Mouche : Lyon et Marseille représentés
Pour cette soirée, la programmation avait été fignolée tel un menu de réveillon. Le rappeur vénissian Yoko, très apprécié dans le Rhône, allait assurer la première partie. Vainqueur du Buzz Booster Rhône-Alpes 2012 et troisième au niveau national, il a participé au festival l’Original aux côtés de Nemir, Psy4de la Rime ou 1995 en 2013. Celui-ci venait défendre son premier album JCVD (Jeunesse charismatique vaillante et débrouillarde) sorti en 2013.
« Mon dernier projet a connu un certain retentissement, mais j’ai préféré prendre un peu de recul ces derniers mois. Je me prépare pour un autre projet qui s’intitulera “Besoin d’air” avec des beatmakers de Lyon, de Paris ou de Toulouse. Je ne veux pas être cantonné qu’à la catégorie du rap lyonnais et m’élargir un maximum, aller un peu partout en France. Pour sortir du lot, il faut sortir de Lyon car ici on n’est pas pris au sérieux. »
Et d’ajouter à propos du principe de la soirée :
« L’Open Mic est un évènement où on ne se sent pas supérieur aux autres, ça donne des ailes tout en permettant d’exprimer son potentiel. »
La Mouche représentait la relève du rap à Marseille. « L’effet moucheron » (2013) et « L’hypnose » — sorti cet automne – sont les deux écrins du rappeur d’Aubagne que le public lyonnais allait retrouver ou découvrir. On attendait alors un mistral de flow percutant fait de poésie et de rafales de punchlines.
Un public acquis pour tous les artistes
Lors de l’Open Mic, chacun en décousait en étalant sa détermination à sortir du lot. Les artistes venus des quatre coins du Rhône avaient leurs supporters. On pouvait surprendre le public reprendre par cœur les textes de ces MC amateurs qui n’étaient finalement pas en manque de reconnaissance, loin de là !
Le public accueillait dans une haie d’honneur Yoko qui n’a jamais de mal à chauffer une salle de concert. Accompagné de DJ Tooniz, il étalait son talent d’artiste de scène. Le sulfureux « hijo de puta » ou encore « quoi qu’il arrive » étaient repris en chœur.
Guizmo offrait une vingtaine de titres à un public connaisseur et cosmopolite. Joueur sur la scène et relâché, le poète exprimait ses sentiments jusqu’à l’autodérision. Le public naviguant entre le son jazzy et les textes profonds s’est bien retrouvé dans cette soirée hip-hop qui a ouvert ses portes à tous les passionnés. Ce fut le cas pour Kevin venu du huitième arrondissement de Lyon et qui effectuait une prestation sur scène :
« L’Open Mic, c’est un très bon moyen de montrer ce qu’on est capable de faire en tant que rappeur ou beatmaker. Comme Guizmo qui est un prodige et qui a montré qu’on pouvait y arriver par les Open Mic. D’autant qu’on se retrouve dans ses titres. Et ce soir il nous a vraiment gâtés ! »