Notre blogueur David s’est rendu à la Ferme du Vinatier, le service culturel du Centre Hospitalier du même nom, pour une manifestation artistique et culturelle. Le thème était la création de marionnettes et de contes inspirés des Amériques. Ce projet de pratique et de création artistique est réalisé auprès de personnes en soin au CH.
Un commencement en plein décalage, avec un RDV peu banal: Le Vinatier, 18h30 le 12 juin. Ensuite il y a une yourte à côté d’un écriteau « La Ferme ». C’est le nom commun, mais quand même ! Piquée à vif, la curiosité l’emporte.
En entrant sous les tentures d’une maison portable (bien avant le téléphone…), il y a l’étonnement. C’est bien plus grand et capitonné que le présage l’extérieur, le tout faisant moins de 300 Kg. Un habitat étonnement moderne si l’on considère que tous ces matériaux sont d’origine naturelle et parfaitement biodégradables…
Nous sommes au cœur d’une manifestation artistique et culturelle qui a lieu tout au long de l’année au cœur de VINATIER, et ce depuis 1997 ! Elle a pour objectif de « décloisonner » l’hôpital en favorisant l’expression des patients et leur ouverture sur la vie culturelle, de combattre les préjugés sur la maladie mentale, les malades et l’hôpital psychiatrique.
Bref, les « patients » deviennent les « impatients », comme tous ici présents, pour le spectacle qui va se jouer sous la tente nomade. Et là, on sourit à cette pensée: Dans cette ville de Lyon, quand il semblerait que tout « fou » le camp, et qu’en plus il y a écrit, la ferme! Ils sont là !!!
Guignol en vedette
Notre vedette d’abord, Guignol, toujours aussi hâbleur et caustique, se fait quand même pasticher par un médecin devenu croque mitaine de son bas de laine. Les mots fusent entre deux goulotées de Gnafron, l’ami au grand cœur de Guignol, dont le nez est si rouge que l’on y voit la carte du Beaujolais. Quand on sait que son prénom vient de gnafre, le cordonnier, on se dit que certains vont devoir surveiller leur matricule… Le gendarme se fait siffler puis assommer par un coup de bâton, juste avant l’apéro, c’est ballot… On a beau être républicain, on s’en réjoui un peu…Il y a aussi deux métalos (camarades métallurgistes), les canuts modernes, qui n’ont pas la langue de bois, pour des pantins, et qui brocardent les nouveaux « pépères » aux affaires de l’état.
Quant à la Madelon, la femme acariâtre de Guignol, son absence est fidèle à son caractère rabat joie.
Toujours dans la tradition du burlesque et prêts à dénoncer les injustices faites aux petites gens, nos compères s’en donnent à cœur joie. Et tout y passe, la crise, le chômage, les politiques, les banquiers, les financiers, les torgnoles tombent en mode rafale. C’est à l’image du mot de Victor Hugo : « l’humour, c’est la politesse du désespoir ».
Et si la yourte Tartare servait de message subliminal pour prévenir que cela va saigner, (tel le steak éponyme), comme sur le plateau d’une scène servie par nos durs à cuire, le tout entre deux éclats de rires du public de grands et de petits ?
Le spectacle, ou l’impromptu, écrit par Stéphanie Lefort, passe comme emporté par un esprit lyonnais bon enfant, mais avec un soupçon d’effronterie prêt à surgir.
Comme d’habitude, le théâtre des marionnettes de Guignols, de la compagnie des Zonzons, fini sur les applaudissements chaleureux. D’ordinaire, cette compagnie officie depuis 1998, rue Louis Carrand, où Laurent Mourguet a installé ses marionnettes, il y 204 ans de cela.
A n’en pas douter, ce petit théâtre donne envie de laisser repartir la yourte toute seule, en nous laissant sur ce plaisir finalement d’être dans cette ville de Lyon.
En sortant de l’hôpital psychiatrique, on pense même que ce serait dément de ne pas amener les plus petits, profiter de ce patrimoine du rire, mais aussi de la satire sociale pour les plus grands. Comme dirait l’adage : « Plus on est de fous, plus on rit… »