Deux jeunes de la banlieue lyonnaise sauvent une femme des coups meurtriers de son mari. Un courage salué par toute la classe politique lyonnaise.
Samedi 23 février, alors que Younes rentre chez lui pour « une envie pressante », il entend les cris d’une femme. Il décide d’appeler son ami Mohamed qui habite dans la même allée d’où semblent provenir le bruit. Alors qu’il pense avoir affaire à une hystérique – bizarrement il n’y avait aucune autre voix – la femme implore Dieu et ses cris se font de plus en plus stridents. Il n’en faut pas plus à Younes Belhamra et Mohamed Ben Gaaied pour comprendre que la situation est grave. Ils décident donc d’enfoncer la porte d’entrée, verrouillée de l’intérieur, et découvre la scène dramatique : un homme, avec dans les mains un marteau et un hachoir de boucher, tente de tuer sa femme en lui portant des violents coups. La femme portait déjà de profondes entailles sur la tête et les bras. Malgré la présence des deux jeunes gens, l’homme continue à s’acharner sur sa victime. Ces derniers se jettent rapidement sur lui et le plaque à terre, puis appellent les secours.
La femme est transférée en urgence à l’hôpital. Elle a plus de cent points de suture et souffre de multiples traumatismes. Le pronostic vital est d’ailleurs resté réservé les premiers jours. Sans l’intervention des deux jeunes hommes, la victime aurait certainement succombée aux coups assénés avec acharnement par son mari. Les gendarmes ont reconnu que sans leur bravoure, cette femme serait fatalement morte. Une heure après le départ de Michel Havard, lui succède Najat Belkacem, conseillère régionale socialiste et porte-parole de Ségolène royal, accompagnée de sa jeune sœur. Elles tenaient elles aussi à féliciter les deux jeunes de leur courage.
Je décide de me rendre à l’hôpital pour rencontrer la victime. En rentrant dans la chambre, je la vois avec des bandes sur le crâne et les mains, une cicatrice au visage, expliquant les faits à son avocate, émue aux larmes. Le médecin m’indique qu’elle a été touchée très profondément. La victime, qui ne se souvient plus du prénom de Younes, le surnomme « l’homme qui ma rendu la vie ». Puis elle exprime son chagrin par des pleurs, lorsqu’elle pense à ses trois enfants majeurs, vivant seuls en Tunisie, loin d’elle, alors qu’elle a failli perdre la vie. Son mari divorcé deux fois, l’accusait d’infidélité. Pourtant la victime indique que, « très pratiquante », elle se contentait de faire ses ablutions quand son mari lui a asséné le premier coup de marteau. Son mari a voulu l’étrangler ; mais le sang qui coulait sur son cou l’empêchait de le saisir.
Elle pense que ce sont ses « appels à Dieu » qui lui ont apporté l’aide de Younes et Mohamed. Quant à son mari, il a été incarcéré, en attendant son procès et son jugement.
Azzedine Benelkadi