General Electric : À Villeurbanne, des Stocks-Options qui ne passent pas

La confirmation le 30 décembre d’un bonus de 38,5 millions d’euros octroyé au PDG de General Electric ne passe pas. La mairie de Villeurbanne, la CGT et les salariés ont tous exprimé leur révolte face à cette décision “indécente”, au moment où plus de 200 emplois sont menacés sur le site villeurbannais.

C’est une prime d’au minimum 38,5 millions d’euros, pouvant même aller jusqu’à 230 millions de dollars en 2025 que va toucher Larry Culp, le PDG de General Electric. Au même moment, l’entreprise prévoit la suppression de 285 emplois dans la branche Grid Solutions, basée à Villeurbanne. Un bonus qui provoque un sentiment de révolte chez les salariés et les syndicats. Noel Guichon, chef d’équipe logistique sur le site depuis 5 ans, contacté par le Lyon Bondy Blog, juge cette décision “immorale et indécente”. Il estime que “si le cours de l’action monte, c’est parce qu’il se débarrasse d’un certain nombre de personnes. Ces stocks-options sont finalement indexés sur le nombre de licenciements qu’il fait, dont ceux à Villeurbanne.”

Crédit : Clément Drognat

Le site villeurbannais est “l’un des deux au monde à produire et concevoir des disjoncteurs industriels destinés par exemple aux centrales nucléaires” explique Benoît Roux, secrétaire de section du PCF à Villeurbanne. Une perte de savoir-faire importante, quelques mois après que le Président de la République Emmanuel Macron a affirmé dans une allocution télévisée sa volonté de “tirer les conséquences de notre dépendance à certains pays”. Pour Benoît Roux, « au-delà de la question industrielle, un vrai souci de maîtrise de la distribution d’énergie se pose”. Malgré cet enjeu stratégique, le ministre de l’économie Bruno Le Maire ne semble pas préoccupé par la situation. Ce dernier a simplement réalisé un communiqué expliquant que General Electric devrait améliorer son plan de restructuration. Serge Paolozzi de la CGT Général Electric, s’agace : “ Le rôle des politiques, c’est de défendre des activités stratégiques comme celle-ci. Le plan social, c’est l’affaire des syndicats.” Le plan de suppression d’emploi n’impacte pas seulement la production. “Toute l’activité est impactée, jusqu’à la recherche et développement”, affirme Serge Paolozzi.

Même si le ministre de l’économie ne semble pas alarmé par cette situation, Noel Guichon se satisfait du soutien du maire de Villeurbanne. Celui-ci s’est d’ailleurs associé au sénateur de la métropole de Lyon Gilbert-Luc Devinaz, dans un communiqué de presse. Ce dernier qualifie “l’octroi d’un bonus de 47 millions de dollars pour le PDG de General Electric [de] profondément indécent et honteux.” Rappelons également que l’entreprise a reçu 200 millions d’euros d’aides publiques par le crédit d’impôt pour la compétitivité et le crédit d’impôt recherche. Un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avait été initié par l’entreprise l’année dernière puis annulé car jugé insuffisant.

Manifestation du 13 octobre | Crédit : Clément Drognat

Les salariés du site de Villeurbanne avaient réussi à obtenir des garanties lors du premier PSE. Ces dernières ayant été balayées par la création d’un second plan, les salariés du site ont dû aller jusqu’à une grève de la faim qui s’est achevée le 18 décembre pour obtenir gain de cause. Pour Noel Guichon, “c’est inacceptable, il faut aller dans l’extrême à chaque fois”. Pour l’instant, ils ont réussi à obtenir le maintien de l’activité de disjoncteurs industriels, soit 80 emplois. Des montants minimum d’indemnités ont également été garantis. Cependant, ceux-ci sont de 25 000 euros pour un départ volontaire et 12 000 euros pour un licenciement. Noel Guichon explique : “On s’est battu pour faire un bond d’un an en arrière. Tout ce que l’on a obtenu, c’est le PSE précédent ». “12 000 euros c’est rien, confirme Serge Paolozzi. Malgré tout on a réussi à obtenir une prime de présence de 400 euros entre le 15 janvier et le 15 février, à défaut d’une rémunération des jours de grève dont la direction ne voulait pas entendre parler”.

Une direction dont on peut reconnaître l’honnêteté puisqu’elle n’a pas tenté de justifier l’agrandissement du plan de restructuration par la crise sanitaire. Sergé Paolozzi a semblé observer “un petit changement de ton de la direction. Quelques pistes paraissent plus intéressantes que l’année dernière”.

 

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