C’est un moment de détente qu’ont partagé les intervenants du Forum Libé durant la conférence « fiction et réalité : quelles frontières ? ». Marjane Satrapi, dessinatrice et réalisatrice devenue populaire après le succès de ‘’Persepolis’’, accompagnée de Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière de Lyon, se sont laissés aller à une libre discussion sur leur sujet favori : le cinéma.
Catégorie internationale : pas facile de délimiter les frontières
Comment définir les frontières entre fiction et réalité ? Le thème annoncé du débat est assez flou. Ceci étant dit, cela a été un point de départ. Seul le terme de « frontière » a été retenu pour mieux rebondir vers d’autres problématiques contemporaines plus variées, à commencer par la classification des films selon leurs origines. A ce sujet, il n’a pas fallu chercher bien loin pour trouver un exemple : « le film d’animation Persepolis a concouru en 2007 au festival de Cannes en tant qu’œuvre iranienne. Pourtant, Marjane Satrapi est aujourd’hui de nationalité française », explique Therry Frémaux. « Mais l’âme du film est iranienne ». Le film n’avait pas été apprécié par l’Iran qui a d’ailleurs réagit à l’époque, l’enjeu devient alors politique.
Production militante : le clivage politique
Cinéma et politique sont par ailleurs très liés. Au sein même de la France, il y a eu des frontières entre le cinéma de droite et le cinéma de gauche. Selon Thierry Frémaux ce n’est plus le cas : « On a connu des films profondément humanistes avec par exemple ‘’Le fond de l’air est rouge‘’ de Chris Marker. Mais ce genre s’est fatigué. Il n’y a plus de production militante. On peut le voir notamment avec ‘’Tous au Larzac’’ actuellement en salle, dont on ne peut pas dire qu’il soit gauchiste. Pourtant le thème aurait pu très bien s’y prêter. Mais ce n’est pas le cas ». Plus tard, il ajoutera que le monde du cinéma a quelque peu mis de côté le propos des films, oublié la création pour ne parler que de la technique.
En pellicule ou au numérique ?
Cette question n’est pas nouvelle et peut faire l’objet de longs débats. Quel outil préférer entre la bonne vieille pellicule de 35 millimètres ou le support numérique qui s’est rapidement développé ? « La qualité est moins bonne au numérique, notamment en ce qui concerne la profondeur de champs », répond Marjane Satrapi. « Mais en 35 mm, les équipements coûtent cher. Par exemple si l’on ne veut pas avoir une image tremblante, donnant l’impression que le caméraman fait une crise d’épilepsie pendant le tournage, il faut installer des fixations », ironise-t-elle.
Ce thème, aussi important soit-il, a été abordé simplement et avec une légèreté habile. Cette discussion libre autour du cinéma a duré au total une heure et demie, durant laquelle il a été question d’esthétique, d’engagement politique, d’échange et de productions internationales.
Légende : Marjane Satrapie, réalisatrice de ‘’Persepolis’’ et ‘’Poulet aux Prunes’’ (à gauche) et Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes (à droite), ont librement parlé de cinéma lors d’un débat animé par Béatrice Vallays (journaliste à ‘’Libération’’, au centre).