Le festival du film court francophone de Vaulx-en-Velin atteint cette année sa majorité. Cette 18ème édition s’est déroulée du 19 au 27 janvier 2018 sur le thème d’Haïti. Avec plus de 1 420 courts-métrages reçus, le festival bat son plein. Au programme : de la compétition, des ateliers, des soirées thématiques et, surtout, du cinéma.
Mercredi 24 janvier, une séance proposait de découvrir des « films d’écoles d’ici et d’ailleurs ». Du Canada à Vaulx-en-Velin, des étudiants en cinéma et en art dramatiques ont présenté sept films au cinéma Les Amphis. La CinéFabrique, la Comédie de Saint-Étienne, les collèges vaudais Aimé Césaire et Duclos, une école de Québec et le lycée Lumière de Lyon étaient présents.
Début des festivités
Le festival a démarré en 2000 de l’initiative de trois Vaudais : Azzedine Soltani, actuellement directeur artistique, Laurent Millet, coordinateur de la MJC de Vaulx-en-Velin, et François Martorell, cinéaste en résidence sur la ville. Nicole Granier est aujourd’hui la présidente de l’événement.
La région Auvergne-Rhône-Alpes et la ville de Vaulx-en-Velin sont également impliqués. Nicole Garnier nous confie : « au niveau des subventions, on y arrive tant bien que mal. Ça va en progressant. Nous avons une petite aide de la DRAC, la Direction régionale d’action culturelle. La ville nous soutient elle aussi. Tant en finance, qu’en mise à disposition de salles, de personnels et de moyens de communication. On a également une aide de la région AURA, même si on dit qu’actuellement elle s’intéresse difficilement aux événements culturels. Curieusement, on y échappe un peu ». Si le festival fait exception dans la course au financement de la région, c’est sûrement qu’il touche à une thématique qui lui est chère : la citoyenneté.
Regards de jeunes sur leur ville
Lors de cette séance du mercredi 24 janvier, de jeunes vaudais·es ont eu l’occasion de faire parler leur quartier à travers des courts-métrages. Les Rois du dimanche par exemple, réalisé par Guillaume Ballandras avec la CinéFabrique, a été tourné à Vaulx-en-Velin. Filmé à la Grappinière, le court-métrage raconte le dimanche de six jeunes garçons du quartier. Pour les élèves qui en sont les scénaristes et les acteurs, il s’agissait avant tout de présenter leur quotidien. « Le réalisateur voulait créer une image jolie de notre quartier, il voulait le rendre beau. Parce que nous ici, à Vaulx-en-Velin, on a souvent habité dans la démolition et dans destruction. On voulait rendre ce quartier plus joli », témoigne un des acteurs.
Si ce court-métrage répond notamment à certains clichés que ces jeunes vaudais avaient envie de raconter, cela s’est fait sur le ton de l’humour. On retrouve alors l’ambiance de la ville, son histoire et ses particularités à travers les yeux innocents de ces jeunes habitants. « Il y a le garçon qui vit dans le passé, parce que c’est une vérité à Vaulx-en-Velin, qui voudrait que l’histoire se perpétue, et qui se sent grand avec cette histoire, raconte leur enseignante. Il y a le rapport aux filles. Même si cela paraît être tabou, ce sont des amoureux transis. Ils aiment parler des filles. Ils sont romantiques, mais ne veulent surtout pas le montrer. Puis, il y a celui qui sort de prison évidemment, parce qu’on ne peut parler de Vaulx-en-Velin sans quelqu’un qui sort de prison. Mais on voulait justement que ce soit quelque chose de drôle. Enfin il a celui qui nous parle de la ville en mutation et de ses habitants, qui sont à la fois heureux de cette mutation et tristes, parce que c’est aussi tout un pan de leur vie qui disparaît ».
Les Rois du dimanche, mais également Les Tchoupis, réalisé par la classe ULIS du collège Aimé Cesaire de Vaulx-en-Velin, Venus d’ailleurs des élèves d’UPE2A du collège Duclos, ou L’Ascenseur émotionnel d’Aida Sadeghi, tous projetés ce mercredi, nous font découvrir les paysages vaudais à travers les regards des locaux. Ils font parler leur ville. Parfois de façon caricaturale, mais toujours avec une maturité surprenante.
L’implication de jeunes locaux n’est pas une première pour ce festival : « dès le début, il y a eu des propositions de centres sociaux et de collèges, d’ici ou d’ailleurs, explique la présidente. C’était même la majorité des participants. Pour nous c’est important de voir des élèves y participer, pour la jeunesse du festival. On essaie de les sensibiliser et de les rendre conscients de ce qui existe sur la ville. Qu’ils s’en emparent. C’est une façon de les concerner. ».
Une envolée internationale
Pour Nicole Garnier, l’événement est notamment l’occasion d’échanges et de partages. « Il y a un mélange entre les Vaudais et les villes environnantes », nous dit-elle. Si au cours de cette séance du mercredi 24 janvier, les habitant·e·s de Vaulx-en-Velin étaient majoritairement présent·e·s, le festival prône l’ouverture au monde. Le but n’est pas d’être « sectaire », rappelle Nicole Garnier. Au contraire. Ce qui explique la présence d’écoles du Canada, ou de réalisateurs d’Haïti, de Nouvelle-Calédonie, de Corée du Sud, de la Réunion, et de Belgique.
Vaulx-en-Velin est une ville constituée d’une multitude de nuances d’exils. Issu d’un métissage culturel, le festival rend hommage à cette richesse. Les courts-métrages sont le média pour communiquer cette diversité et faire ouvrir les yeux sur le monde grâce à ses nombreux invités. Un des projets du festival, soutenu par la métropole, serait, d’ici l’année prochaine ou pour la 20ème édition, de s’envoler vers l’international, notamment le Canada.
Clara Delormeau