Dimanche 25 mai, les citoyens européens votaient pour leurs députés. Ce scrutin voit arriver en force au parlement les eurosceptiques. L’abstention en est en partie responsable. Nous sommes allés à la rencontre d’Alain Réguillion, président de la maison de l’Europe Rhône-Alpes (information citoyenne, favorise les échanges InterEuropéens) pour décrypter les résultats. Il revient dans la deuxième partie sur les difficultés à promouvoir l’action européenne.
Quel est le budget de la Maison de l’Europe ? Est-ce que le budget évolue lors de ces élections ?
Le budget de la Maison de l’Europe est constant. On ne va pas se plaindre. Nous avons quand même 120 000 euros annuels de subventions publiques entre la commission, la région, la ville et le département. Nous répondons aussi à des appels d’offres qui nous dégagent d’autres moyens (80 000 euros). C’est une dotation importante (200 000 euros en tout). Pour faire notre travail sur toute la région Rhône-Alpes, c’est ridicule. Mais on n’a pas trop à se plaindre pour une association avec le statut de la loi 1901. C’est par rapport aux missions que nous mettons en place, comme le bus pour l’Europe. C’est un bus à impériale, nous l’affrétons depuis huit ans, ce qui nous permet de faire un tour dans cette région à raison d’un jour par ville. Cela nous permet de toucher un public qui ne vient pas traditionnellement à nos réunions, on ne peut tout faire sur Lyon. Une animation comme celle-ci coute 30 000 euros. Si on veut la multiplier, il faut plus de moyens.
L’intérêt de l’Europe, un travail de fond
Vous êtes président de la maison de l’Europe Rhône-Alpes, qui fait aussi de l’information citoyenne. Quel est le travail à accomplir pour ces cinq prochaines années ?
Nous avons justement élargi notre bureau lundi dernier, au lendemain des élections, pour réorienter notre action. Notre travail est important, mais insuffisant. On reste modeste et conscient de la tâche à accomplir. Nous sommes une maison de l’Europe et des Européens qui fonctionne avec trois salariés et une dizaine de bénévoles. Nous couvrons tout le territoire Rhône-Alpes. Il est évident qu’on ne peut pas être partout. Il y a une insuffisance constatée.
Nous devons interpeller les élus territoriaux et nos principaux partenaires financiers (la ville de Lyon, la région et le département) sur le rôle de la maison de l’Europe. On doit continuer nos actions en ayant très peu de moyens.
Le deuxième angle d’attaque sera d’interpeller l’État et L’UE. On a actuellement 500 centres pour 508 millions d’habitants. C’est dérisoire ! Chaque centre doit donc toucher un million de personnes. C’est très compliqué à gérer. Quant à l’état, il ne finance que les maisons et les centres d’informations européens. Il est vrai qu’en ce moment, l’argent manque, mais il faut réagir. Nous sommes obligés de trouver d’autres partenaires au niveau européen et national. Il faut sensibiliser les gens sur la politique extérieure et intérieure de l’Europe, notamment le TAFTA (traité nord-atlantique) et la politique de transports (ex. : TGV Lyon-Turin).
Comment lutter contre l’abstention ?
Nous devons faire un travail pédagogique, c’est indispensable. Les gens ont une ignorance totale de ces élections. Une fois encore, je ne pense pas que les conférences soient un moyen d’inciter les gens à voter. Là, on touche un public déjà sensibilisé et engagé. Il faut trouver la bonne formule. L’opération, « un bus pour l’Europe », ce n’est pas la panacée, mais cela nous permet de toucher un autre public. Il faut essayer de la développer, avec d’autres partenaires qui ne sont pas touchés par les questions européennes. En exemple, nous avons travaillé cette année avec l’ADAPT (association pour l’aide aux handicapés). Ce travail a porté ses fruits. D’après des échos, tous sont allés voter dimanche. Notre démarche a fonctionné. Avec les services de la ville de Vénissieux, on a fait un travail d’approche sur l’Union européenne, à base de jeux de rôle et de simulation parlementaire. Mais une fois encore, c’est une goutte d’eau.
Jumeler les élections (municipales+européennes ou législatives+présidentielles) est une solution pour lutter contre l’abstention ?
Cela pourrait être une des solutions. Dans un grand nombre de pays, ils groupent les élections (ex. : Belgique). En France, on n’a pas cette habitude. Le problème de ces élections, c’est qu’elles se déroulent soit fin mai ou début juin. Les 28 pays doivent se mettre d’accord sur une date. C’est très compliqué. L’état français devrait dans ce cas décaler les élections municipales de deux mois. En 2007, ils les avaient repoussées d’un an. Donc c’est possible. Je crois qu’il faut prendre l’habitude de regrouper certaines élections parce qu’il y a une lassitude de la part des électeurs.