Après avoir quitté les Républicains, Emmanuelle Haziza s’est lancée dans les élections municipales de Villeurbanne sans étiquette. Rejoint par Bruno Bonnell pour la métropole, elle est déterminée à changer Villeurbanne. Le Lyon Bondy Blog l’a rencontré.
Pourquoi vous présentez-vous à ces élections et pourquoi à Villeurbanne ?
Je me suis lancée dans ces élections pour une raison très simple : j’aime ma ville, je l’aime passionnément. J’habite Villeurbanne depuis ma naissance. J’y ai grandi. J’y travaille. J’y ai fondé ma famille. Aujourd’hui, je veux apporter le changement dans cette ville. Depuis 12 ans que je suis au conseil municipal dans l’opposition, j’ai eu à me battre sur beaucoup de sujets qui me tiennent à cœur notamment la propreté, la sécurité et l’incivilité. Je veux que notre ville rayonne de nouveau, soit la fierté des Villeurbannais. Voilà la raison pour laquelle je me bats.
Selon vous, quels sont les chantiers prioritaires à Villeurbanne ? Et surtout, comment financer ces projets ?
Le chantier prioritaire qui est la condition préalable à tout développement de la ville c’est retrouver un climat de sécurité. Depuis plus d’une quinzaine d’années, on a eu une augmentation de la délinquance avec une détérioration du quotidien des Villeurbannais. Pour apporter le changement à Villeurbanne, il va falloir passer par ce préalable : l’instauration de la sécurité dans la ville. Effectivement, cela demande un budget conséquent.
Je serai la maire de ce changement budgétaire. Jusqu’à présent le budget municipal dédié à la sécurité était inférieur à 1%. Dans un budget communal, ce n’est rien. Il faut absolument que ce budget dédié à la sécurité augmente et c’est ce que je m’engage à faire. Il faut de la vidéoprotection dans toute la ville avec des femmes et des hommes pour pouvoir intervenir en cas de flagrances ou en cas de délits. Cela passera également par une police de proximité complétée par des éducateurs spécialisés dans les quartiers tout cela pour amener de la proximité dans toute la ville.
Il faut aussi s’occuper de la cause de la délinquance. C’est pourquoi nous nous occuperons aussi de la prévention contre la drogue. Aujourd’hui vous avez à Villeurbanne des mineurs qui dealent en toute impunité sur leurs chaises voir sur des canapés installés en pleine rue. Cela ne ne peut pas perdurer car ça empoisonne la vie des habitants, d’un quartier et des familles. Voir ces enfants dans leurs canapés, ça effraie la plupart des familles de Villeurbanne. La responsabilité du maire de Villeurbanne est de tout faire pour que ces enfants ne soient plus dans la rue. Cela passe par des mesures concrètes notamment en cas de décrochage scolaire. Faire que ces enfants puissent intégrer des structures culturelles, sportives et associatives pour pouvoir les occuper. Travailler ensemble pour que ces enfants ne connaissent pas l’univers de la rue, même pas une seconde, car cela peut les entraîner vers le décrochage scolaire et la délinquance. Nous allons aussi nous battre contre d’autres fléaux, comme le harcèlement scolaire. Etant avocate, je défends beaucoup de personnes en détresse ou en difficulté, notamment des mineures victimes de harcèlement scolaire. On en parle très peu, mais c’est une situation qui fait en sorte que la jeunesse sort des rails de la scolarité, et donc de l’emploi et de l’avenir. Il faut se battre contre cela, et c’est ce que je ferais avec des journées de sensibilisation avec des mesures d’urgence en cas de problèmes. Il y a des solutions concrètes pour que le bien-vivre et le mieux-vivre ensemble s’installent à Villeurbanne.
On peut mettre des millions dans la plantation d’arbres, dans le développement urbain, dans des infrastructures, mais si la population a peur de sortir dans la rue, ces millions utilisés ne servent à rien. Le préalable le plus important pour moi est d’instaurer un climat de sécurité et de tranquillité publique. Cela passe par la sanction des incivilités associées à des mesures préventives. J’ai, par exemple, horreur des personnes qui se garent sur les trottoirs et gênent ainsi les personnes en situation de difficultés, les personnes âgées ou les poussettes pour passer. Dans ces cas-là il faut verbaliser, et je n’ai pas la main qui tremble là-dessus, car c’est inacceptable. Cependant il y aura aussi le côté prévention avec l’instauration à l’école de deux journées de civisme. À chaque fois qu’il y aura une mesure que l’on peut dire répressive, il y aura également une mesure préventive. Le monde que nous allons construire passera de manière très importante par la jeunesse.
Pouvez-vous faire un bilan du dernier mandat de Jean-Paul Bret? Quelles sont ses réussites ou ses manques ?
Je me suis beaucoup battue pour que le budget dédié à la sécurité soit conséquent, pour qu’un climat de sécurité et de tranquillité publique puisse prospérer à Villeurbanne. Ça a été un point de confrontation entre Jean-Paul Bret et moi, nous n’avons absolument pas la même conception du sujet. Lui a été dans une position très idéologique par rapport à la vidéoprotection ou l’augmentation du budget lié à la sécurité. Durant ce mandat, je n’ai eu de cesse de lui demander de sortir de sa position partisane, de sa vision politique et de regarder uniquement la situation et les besoins de la ville.
Cependant j’ai toujours été dans une opposition constructive. Cela veut dire que j’ai toujours reconnu qu’il y avait des choses qui fonctionnent bien à Villeurbanne, notamment la vie associative et culturelle qui est très importante au sein de notre ville. La culture c’est notre ADN à Villeurbanne, et cela doit être préservé. Là-dessus, Jean-Paul Bret m’a toujours trouvé à ses côtés pour voter les subventions, et favoriser toutes les opportunités pour que Villeurbanne reste une ville culturelle et associative.
Selon vous, comment pourrait se gérer la relation entre le président de la métropole et le ou la maire de Villeurbanne ? Villeurbanne est-elle soluble dans la métropole ?
Je pars du principe que quand l’on se présente à un poste, il faut y être à 200% . Me concernant, j’ai arrêté mon métier pour me lancer dans cette campagne avec un but ultime, celui de devenir maire de Villeurbanne. Le plus dur commencera le 22 mars, car une fois aux commandes il y a beaucoup à faire. Ce mandat sera un mandat de responsabilités et de travail. C’est pourquoi depuis le départ, j’ai toujours annoncé que je ne serais que candidate à la mairie. Je pense que la future maire aura beaucoup à faire et ne pourra gérer un autre poste à la métropole. C’est la raison pour laquelle nous nous présentons en binôme avec Bruno Bonnell à Villeurbanne, qui lui est candidat à la métropole. Cela passera par une synergie entre les candidats et les gens en poste à la mairie ou la métropole. Nous avons mis avec Bruno Bonnell tous nos projets à plat, pour voir s’il y avait une osmose entre nos programmes, c’est le cas. Il y aura une bonne synergie.
Je veux que Villeurbanne retrouve sa place tant au niveau local que national. C’est une ville au potentiel incroyable, mais qui malheureusement est en marge de la métropole à cause de la mésentente entre Gérard Collomb et Jean-Paul Bret. Ces guerres idéologiques, politiques ou partisanes, je n’en veux plus. Je souhaite que notre ville ait une vraie place tant dans la métropole qu’au niveau national.
On est villeurbannais, et on veut que la différenciation avec la métropole perdure. C’est dans l’ADN de la ville, elle a toujours été différente. Néanmoins, il faut que Villeurbanne soit intégrée à la métropole dans les grands projets urbains, métropolitains., sans pour autant perdre son identité. Je veux que Villeurbanne soit montrée en exemple au niveau national. Qu’on la considère comme une ville innovante où il fait bon vivre.
La question écologique devient de plus en plus importante pour les citoyens. Comment vous positionnez vous sur ce sujet ?
Effectivement, la question de la transition écologique est une question extrêmement importante. Je me suis positionné depuis longtemps sur la question du développement durable, c’est-à-dire l’écologie au sens large. C’est notre devoir à tous. On apprend à nos enfants qu’on peut le faire chacun à son échelle, et que l’on peut changer le monde. C’est dans ce sens-là que mon projet intègre beaucoup de propositions écologiques. Je ne suis pas dans la compétition de celui qui plantera le plus d’arbres. Cela coûte très cher, et ce n’est pas toujours écologique. En effet beaucoup d’études expliquent que les moyens nécessaires pour planter des arbres engendrent des travaux et de la poussière. De plus, il y a un problème d’espace dans la question de la plantation d’arbres. Je suis dans une vision plus globale de l’écologie à Villeurbanne. Nous avons des hectares de jardin, et malheureusement ils ne sont pas mis en valeur. J’aimerais les remettre en valeur, en instaurant d’abord une sécurité. Cela passe toujours par le même biais. Les familles, les joggeurs et joggeuses, beaucoup ne veulent plus fréquenter les parcs car ils sont mal famés, et il faut y remédier. Ensuite, il faut faire en sorte que la jeunesse s’intéresse à l’écologie. C’est pourquoi mon équipe et moi voulons instaurer un centre d’éveil à l’écologie à la Feyssine. Il permettrait aux enfants scolarisés à Villeurbanne d’aller deux fois par an, en été et en hiver, apprendre les gestes liés à l’écologie selon la saison. Nous avons aussi décidé de créer à la mairie un poste d’adjoint à l’agriculture urbaine. C’est quelque chose qui n’existe pas et que je trouve extrêmement important. On a besoin d’un adjoint qui soit là pour diriger, influer sur les politiques écologistes. C’est également une de mes priorités à Villeurbanne.
Il y aura aussi la question de la rénovation urbaine et la mise en place de normes écologiques pour les nouveaux logements. Nous ferons en sorte que ces bâtiments soient aux normes et même plus. Pour les cantines scolaires, nous sommes pour l’instauration de repas bio, mais aussi végétariens. Pour moi, la problématique des cantines villeurbannaises doit être de manger mieux en quantité suffisante. Des mères de famille nous disent que des enfants mangent peu à l’école, et pour certains issus de classes modestes c’est parfois le seul repas de la journée. C’est extrêmement important, je veux que nos enfants mangent bien et suffisamment.
Il faut également parler des transports. À Villeurbanne, on ne peut pas interdire les voitures comme le veut la politique menée par Jean-Paul Bret, avec ses politiques de réduction des voies de circulation, d’extension du stationnement payant et de contravention. Cette politique-là est presque anti-voitures. On ne peut pas interdire la voiture. Je suis pour que l’on propose des alternatives à la voiture qui soient adaptées à la réalité des villeurbannais. C’est-à-dire, des voies cyclables plus sécurisées et une politique engageante sur les transports publics, notamment en améliorant l’accessibilité de certains quartiers. En effet beaucoup de quartiers comme St Jean sont enclavés alors qu’on dit aux habitants de ne pas prendre la voiture. Comment faire quand on a qu’un seul bus, toujours plein et en retard. On prend sa voiture car on est obligé et on ne veut par arriver en retard au travail. Je vais me battre pour que ces quartiers soient moins enclavés et beaucoup plus accessibles par les transports publics.