Dans le cadre de l’Université Européenne de l’Engagement organisée par l’Afev *, des « experts » de l’éducation ont débattu sur la question du « ghetto scolaire ». Extraits.
Dans moins d’une semaine, les cours bétonnées et herborées des établissements scolaires de l’agglomération retrouveront leur agitation habituelle. Mais avant que la première sonnerie ne retentisse, 3 spécialistes de l’éducation (une enseignante, un répresentant de l’Andev et l’Adjoint à l’éducation de la ville de Lyon) se sont retrouvés mercredi 25 août à l’Université Claude Bernard pour débattre du problème croissant de la ghettoïsation scolaire. Un thème qui méritait à lui seul une journée d’échanges et de réflexions. Pourtant, les intervenants n’ont eu qu’une heure et demi pour aborder leur constat et leur solution. Trop peu sans doute pour faire interagir le public et répondre à toutes les questions inhérentes à cette problématique.
Que cela ne tienne ! De façon pragmatique et parfois théorique, chacun a partagé un peu de son expérience sur le terrain, à Lyon, à Nanterre ou dans le 93. Premier point abordé : celui de la carte scolaire. Récemment assouplie par le gouvernement, elle n’aurait fait, selon les dires d’Yves Fournel (Adjoint à l’éducation à la Ville de Lyon) qu’aggraver la situation déjà difficile de certains établissements. « Cet assouplissement a par ailleurs provoqué pas mal de déceptions chez certains parents qui n’ont pas pu placer leurs enfants dans le collège de leur choix ». Mais qui dit carte scolaire, dit aussi territoire. Des territoires où quartiers aisés et quartiers populaires s’éloignent de façon inéluctable. Chacun avec ses établissements ségrégués où l’avenir des enfants, de 6 à 18 ans, est déjà tout tracé. (lire à ce sujet, « L’apartheid scolaire« )
Nathalie, professeur en ZEP dans le 93 (le département de tous les clichés et fantasmes en matière d’éducation), vient soudain électriser un peu le débat. « Demandons-nous à quel moment l’école peut fabriquer de la ségrégation ? ». En isolant la question scolaire, elle souhaite aussi remettre le corps enseignants face à ses responsabilités. « Il y a beaucoup de mythes, comme celui de l’égalitarisme républicain qui n’a jamais vraiment existé ! ». Selon elle, tout l’immobilisme de l’école reposerait sur ce mythe. « Nous, professeurs, nous discriminons de manière consciente ou inconsciente. Nous réorientons d’une certaine manière, nous valorisons les enfants sages. Sans parler du règne de l’écrit qui discrimine de manière phénoménale, tout comme les programmes scolaires qui uniformisent les élèves.»
Stop au fatalisme ! Nos intervenants ont su conclure sur des constats positifs et des solutions. « Dans un collège de la Duchère, nous avons favorisé le travail en équipe pour agir sur les récidives d’exclusion. Et ça marche ! », annonce Yves Fournel. « A Nanterre, nous sommes très satisfaits de l’accompagnement éducatif », ajoute le représentant de l’Andev. « Il faut arrêter ce système de notation dans l’éducation nationale qui fige les profs. L’idée de permuter certains profs entre différents lycées durant une période déterminée peut être très positif par exemple. », propose Nathalie.
* Pour en savoir plus sur l’Université de l’engagement :
http://www.afev.fr/u2e/2010/index.php?page=fr_2010_programme
Pascale Lagahe