Elodie s’est penchée sur la question des codes vestimentaires. L’orgine géographique détermine-t-elle la manière de se vêtir? Témoignage.
C‘est peut-être ridicule mais à chaque fois que j‘emprunte les transports en commun je reste fixée sur cette « Fashion attitude » que peuvent avoir les citadins. J’observe les gens autour de moi et me rends compte que leur style est très différent les uns des autres. Que ce soit des jeunes, des adultes ou encore des seniors. Mon but n’est pas de stigmatiser ou généraliser mais juste de soulever un phénomène de notre société.
Il est vrai que selon les différentes origines, les tenues ne sont pas les mêmes. L’exemple, une « Mama africaine » et une « mamie chic ». La Mama africaine a gardé certaines de ses habitudes du pays donc elle préfèrerait porter ce que l’on appelle un « boubou », tandis que la mamie chic, elle, porterait un tailleur, munie d’un foulard à son cou et d’un sac haute couture à la main. Mais j’ai remarqué que cet écart vestimentaire était très marqué, entre les personnes dites « de banlieue » genre les Minguettes ou encore des personnes dites « de la ville » c’est-à-dire les beaux quartiers de Lyon.
Moi, en tant que banlieusarde, je pense avoir un style très différent des « bobos » lyonnaises. N’étant pas doté des mêmes moyens, nous ne porterons pas les mêmes chaussures ou les mêmes doudounes. Une jeune fille de chez moi, aura tendance à aller au marché faire une affaire tandis qu’elles, elles iront chez « Zadig et Voltaire ».
Dans mon lycée, situé au cœur des Minguettes, tu retrouveras beaucoup de jeunes filles avec dix milles pinces sur la tête, cheveux tirés au maximum et maquillées mais ça pas au minimum. Quant aux autres, leur “ kiff ” c’est la grosse mèche sur le coté avec un coté: effet décoiffé.
La différence se fait plus flagrante chez les jeunes hommes. Un jeune de la “tess” (= cité) et un gars de la ville. Quand tu portes un survêtement Lacoste, des air max et une petite sacoche genre Prada, Burberry et bien d’autres encore, on devine tout de suite que tu viens de la Tess. Ou encore quand tu as une mèche à la “troy bolton de High School Musical” sur le front et des bensimons aux pieds.
Cependant, les jeunes de chez moi commencent petit à petit à vouloir prendre une allure inconnue de leur milieu. Aujourd’hui, la plupart des gars de la Tess portent des Kawasaki ou des Feiyue alors qu’il y a 2 ans, si on leur avait demandé de porter des Feiyues ils nous auraient répondu: “ Quoi.?! Moi?? J’suis pas une tapette..”.
Prenons l’exemple de Lacoste, qui au départ ne visait qu’une classe de la population: les plus aisés. Les riches portaient du Lacoste uniquement pour aller faire du sport, le weekend. Tandis qu’aujourd’hui, Lacoste n’a pas forcément baissé ses prix, mais a réussi a touché la classe populaire. Cette classe populaire veut ressembler à une classe à laquelle elle n’appartient pas. Mais ce phénomène est avant tout un problème sociologique. En sociologie on appelle cela le sentiment de ressemblance.
Après avoir interrogé quelques personnes, voici la réaction de Camille étudiante en Terminale communication :
– Camille en tant que banlieusarde, comment caractériserais-tu ton style?
« Lol , c’est une question assez complexe, donc je caractériserais mon style d’un style en parfait accord avec ma personnalité et surtout avec mon humeur du jour. En résumé, je ne me prends pas la tête. Autant le jour où je suis fatiguée, où je me lève 5 minutes avant l’heure d’aller au lycée et que je dois prendre le bus, je prends ce qu’il me vient en premier et hop je cours pour ne pas être en retard. C’est ce que j‘appelle le « mode dégaine », autant quand je veux, je peux prendre mon temps et me préparer donc je qualifierais mon style de simple mais classe , tranquillou quoi mdr (=mort de rire) ».
– Penses-tu avoir un look différent d’une « Camille » qui habiterait dans le 6ème, par exemple?
« En effet, je pense que notre style dépend essentiellement de notre environnement et de notre entourage. Mais je pense qu’il ne faut tout de même pas stéréotyper les jeunes de « banlieue » ou ceux de la ville car comme le dit ce célèbre proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». Comme tu la dis, aujourd’hui la mode s’est généralisée et on la voit se diversifiée de plus en plus et cela même dans nos cités ».
-Comment qualifies-tu le look des jeunes de la ville comparé à celui des gens de chez toi?
« Je pense que leur look dépend en partie de leurs moyens, mais cependant je ne le qualifierais pas de mieux ou moins bien, mais juste différent du notre ».
-Aimerais-tu leur ressembler au niveau vestimentaire? Les envies-tu?
» Non, je n’aimerais pas leur ressembler car je trouve que chacun se doit d’avoir son propre style. Et non je ne les envie pas car ce n’est pas parce que l’on vient de banlieue que l’on ne peut pas s’habiller comme eux, j’estime donc que si un jour j’ai envie de sortir habiller comme une jeune typique des quartiers chics alors rien ne m’en empêche ».
-Penses-tu que ce sont nos origines, nos normes et nos valeurs qui font notre tenue vestimentaire ?
« Oui, malheureusement je pense que l’on est toujours influencé par ceux qui nous entoure même si on a l’impression d’être libre et de décider par nous même, il est vrai qu’étant donné nos origines, nos valeurs et les normes de cette banlieue qui nous entourent, certains s’empêchent peut-être parfois d’oser de nouvelles choses et d’imposer un style vestimentaire par crainte du regard de leurs amis et de leur entourage ».
-Bah en tout cas, merci d’avoir répondu avec honnêteté Camille.
Elodie Nzeke