C’est l’histoire de David, un petit berger, qui affronte Goliath, un géant surpuissant. En 2018, le mythe a bien changé : Goliath gagne sans surprise… et tout le monde s’en fout. Fin de l’histoire ?
Cette histoire, c’est d’abord celle d’un système qui marche sur la tête. Un système qui reconnaît d’une part le danger que représente la consommation d’aliments sucrés, gras ou salés. Un système qui reconnaît d’autre part que la publicité n’est pas sans effet sur la consommation. Mais un système qui, au final, prétend lutter contre la malnutrition tout en acceptant la publicité pour des aliments dangereux.
La loi est comme ça. Comme pour la cigarette : c’est dangereux pour les gens, mais ça rapporte de l’argent, alors on évite de trop y toucher. Enfin bon, que dit-elle, cette loi ? Entrée en vigueur en 2007, elle oblige les annonceurs à insérer dans leurs publicités pour des aliments jugés mauvais pour la santé (comme ceux de MacDonald’s, au hasard) un message de prévention couvrant au moins 7 % de la surface globale. C’est valable, par exemple, pour les affiches dans les panneaux JCDecaux qui fleurissent à Lyon à tous les coins de rue. Vachement contraignante, cette loi… depuis qu’elle est en place, c’est vrai que tous les gosses refusent d’aller au fast-food et demandent plus de légumes à leurs parents.
Sauf que même si elle est relativement faible par rapport à l’ampleur du problème (celui de l’obésité, en hausse quasi-permanente depuis les années 1970 en France) qu’elle a vocation à combattre, la loi c’est la loi. Quoique… visiblement, c’est quand même un peu plus la loi pour nous, citoyens lambda, que pour une certaine chaîne de fast-food. Un ami a arraché une affiche dans un panneau de publicité JCDecaux. Pour ça, la police ne l’a pas loupé. Un petit tour au poste ; il s’en sort avec un rappel à la loi, mais la prochaine fois ce sera une belle amende.
Quelques mois plus tard, il voit une affiche MacDonald’s qui ne contient pas le message légal. Cette fois-ci, il cherche à faire les choses bien : il la prend en photo, puis se rend sagement au commissariat pour signaler l’infraction. Sauf que sur place, la police lui répond que ce n’est pas leur problème. Il insiste. On refuse de prendre sa plainte. J’ai du mal à y croire tellement ça paraît fou. Donc je me rends dès le lendemain dans le même commissariat. Pendant les 10 minutes de marche qui m’en séparent, je tombe sur quatre panneaux avec ces affiches MacDonald’s sans message légal. Je les photographie. Apparemment, c’est le concept de la nouvelle campagne de la chaîne : des images sans aucun texte ni logo.
Au commissariat, rebelotte : « on ne s’occupe pas de ce genre de plainte ». Ah non, bien sûr. La publicité n’est pas une agression pour celles et ceux, c’est-à-dire tout le monde, qui la subissent au quotidien. Elle ne pénêtre pas en force et sans consentement notre imaginaire en permanence. Non, dans un commissariat, une « agression », ça doit n’être que quand il y a une trace physique. J’insiste, une policière m’invite à me tourner vers la DDPP, la Direction départementale de la protection des populations. On avance.
DDPP du Rhône, 10 minutes plus tard. À l’accueil, on m’écoute et me demande de formuler ma plainte par mail. Je le fais le jour-même. Une semaine plus tard, réponse de la DDPP du Rhône : le siège de MacDonald’s France n’est pas domicilié dans le Rhône, ma plainte est transférée à la DDPP des Hauts-de-Seine. Une semaine pour transférer un mail, rien de bien surprenant pour l’administration française. Je sais dans quoi je me lance : il faut rester patient.
Quatre semaines plus tard, aucune nouvelle de la DDPP des Hauts-de-Seine. Je les relance, pas de réponses. Finalement, encore un mois plus tard, je reçois une réponse : le siège de MacDonald’s est domicilié dans les Yvelines, ma plainte est donc de nouveau transférée à une troisième DDPP. Un mois plus tard, pas de réponses ; je relance. Identique le mois suivant ; relancé de nouveau. Cela fait maintenant trois mois que je n’ai pas eu de nouvelles, même pas un accusé de réception ou une fin de non-recevoir de la part de la DDPP des Yvelines.
Deux possibilités. Soit l’administration française est totalement débordée, dans quel cas je ne comprends pas comment le discours du « il y a trop de fonctionnaires » peut encore être audible en France en 2018. Soit, plus probable, tout le monde, même les autorités, s’en fout des fraudes de MacDonald’s. Vous imaginez l’inverse ? Mon ami qui arrache une publicité, la police qui refuse d’enregistrer la plainte de MacDonald’s, les DDPP qui se trompent d’adresse, mettent des mois à répondre, puis au final ne répondent plus du tout. C’est inimaginable. Parce que si ça arrivait, il y en aurait des lobbyistes pour vous crier à l’injustice sur tous les plateaux télévisés, des éditorialistes pour stigmatiser cette grave atteinte à la liberté d’entreprendre de MacDonald’s.
Bon, de toute façon, dans ce sens-là, ça ne marche pas. Alors on me dira que peut-être MacDonald’s a payé son droit pour ne pas afficher le message légal, c’est-à-dire 1,5 % de la somme investie dans sa campagne publicitaire. Mais venant d’une entreprise qui a réussi à éviter de payer 1 milliards d’euros d’impôts en Europe, permettez-moi d’en douter. Et puis même si c’était bien le cas, est-il si difficile que ça pour la DDPP de m’informer que la firme a effectivement payé son dû ?
Bref, moi j’abandonne. Si des fois cette histoire ne vous a pas convaincus, n’hésitez pas à envoyer un petit mail à DDPP[@]YVELINES.GOUV.FR pour constater par vous-même.
Sinon, sans parler d’appeler à la violence ou la dégradation, aujourd’hui je pense qu’il est temps de réaliser que les recours juridiques sont défaillants. Alors avant d’aller pointer du doigt et traiter d’extrêmistes celles et ceux qui arrachent les pub MacDonald’s… eh bien, proposez d’autres solutions* pour se défendre face à cette chaîne ! Je vous écoute. Parce que la voie légale, maintenant je peux le dire, ça ne marche pas.
* Dans l’actualité, ça marche aussi avec les « on est contre les réformes du gouvernement mais pas d’accord avec les formes de mobilisation » qui ne proposent rien d’autres qu’attendre sagement les prochaines élections…
Sources :
https://www.eurojuris.fr/articles/les-mentions-sanitaires-dans-la-publicite-alimentaire-6291.htm
http://inpes.santepubliquefrance.fr/30000/actus2015/028-obesite-infantile.asp
Et le fait que vous nous fassiez perdre notre temps et notre argent ne vous ait pas trop arrivé à l’esprit ?
Ni même le fait que vous n’aviez pas grand chose à faire et que peut-être la réalité d’un vrai travail , vous aiderait davantage que de dépênser votre courte vie pour des conneries ?
Avoir mis l’adresse complète fait courir un risque certain, que les bots ou les hackers du 18-25 lyon la récupère, ce n’est vraiment pas intelligent…
Cette adresse est déjà publique, disponible sur le site gouvernemental : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/coordonnees-des-DDPP-et-DDCSPP
En rappelant cette adresse ici, face à quel autre risque met-on la DDPP des Yvelines que celui de donner suite à notre requête, c’est-à-dire la mission dont elle a la charge ?
A.D
Re bonjour, pouvez-vous éditer votre article pour mettre le @ comme sur le site de la police :=> [@] ça devrait au minimum empêcher les scripts
En vous remerciant
Peut-être même effacer l’article tout simplement ??
pour un sujet comme ça, il faut s’adresser au tribunal de commerce ou à la DGCCRF. Le commissariat du coin r’est pas compétent en la matière.
Non – c’est inexact : – vous avez pu porter plainte et vous avez même reçu une réponse.
Mais il n’y a pas eu de suite ou vous l’aurais peut être dans très longtemps : tout ce titre, juste pour ça ? en voyant le titre, je m’attendais à une très grave intoxication alimentaire.. il faut vous rapprocher d’une association si vous voulez agir et avoir du poids
https://www.jdp-pub.org
Vous devriez porter plainte à l’adresse ci-dessus auprès du jury de deontogie de la publicité
Bjr c’est comme l’épaisseur des steaks hachés par rapports aux pubs pour moi inadmissible je désire porter plainte mais je ne sais pas où m’adresser svp un. Coup de main merci