Chronique judiciaire : « la vie carcérale n’est pas faite pour moi »

Il est 17h20 au Tribunal de Grande Instance quand l’accusé entre dans le box. Vol, conduite dangereuse et sans permis, fausse plaque d’immatriculation et course poursuite… Voici l’histoire d’Antoine*. 

En novembre dernier, Antoine, déambulait à toute vitesse dans les routes de Corbas et Vénissieux. Au volant d’une Renault Mégane bleue, la vitesse a atteint les 120 km/h. La police a été interpellée par la vitesse de ce dernier et a demandé au conducteur d’arrêter le véhicule qui a refusé de s’arrêter. Les forces de l’ordre ont alors allumé les gyrophares et ont klaxonné. Quelques instants plus tard, le véhicule s’arrête mais redémarre aussitôt que la police sort du leur. Une course poursuite s’engage alors avec des dépassements de plus en plus dangereux. 

Finalement, la Mégane entre en collision avec une Audi A3, un véhicule de service d’un agent de police prévenu au préalable. Afin d’éviter un choc frontal, le policier a mis le véhicule sur le côté. Un choc tout de même violent qui a valu à la victime une cervicalgie et lombalgie. Lors d’un premier bilan, le policier blessé a reçu 5 jours d’ITT, puis finalement uniquement 2 jours. Quant au véhicule volé, il s’est retrouvé sur l’autre route. Trois individus en sont sortis et sont partis en courant. 

« Je ne savais pas que la voiture était volée »

Lors de sa première audition, Antoine raconte une histoire incohérente. Il dit qu’ils n’étaient pas trois. Finalement, lors de la deuxième audition, le jeune homme de 20 ans reconnaît qu’ils étaient bien trois. L’accusé explique que des personnes plus âgées l’auraient forcé à être au volant. Il avoue avoir menti sur le fait d’avoir conduit en premier. Le prévenu aurait pris le volant après. Il confirme qu’il conduisait très vite car « c’est une voiture sportive, et voilà c’est comme ça ». 

Il poursuit en disant ne pas avoir vu les gyrophares et que quand il s’est rendu compte de la présence de la police il a voulu s’arrêter mais les passagers ont refusé. L’accusé prétend qu’il ne savait pas que la voiture était volée quand il est monté dedans, ni que la plaque avait été changée. C’est lorsqu’il s’est arrêté une première fois que les passagers lui auraient dit de vite redémarrer car la voiture était volée. Il a pris peur et s’est donc exécuté. 

« La prison était un passage nécessaire pour l’éloigner de la délinquance » 

Le procureur prend alors la parole en dénonçant un « comportement inquiétant », notamment pour sa conduite mais aussi car il ne souhaite pas dénoncer le coupable du vol de la voiture. « Je ne suis pas une balance », défend alors l’accusé qui fait partie de la communauté des gens du voyage. Le procureur demande 18 mois d’emprisonnement dont 9 avec sursis probatoire, une obligation de travailler et un maintien en détention. Il souhaite également une interdiction de se présenter à l’examen du permis pendant trois ans et de conduire tout véhicule pendant trois ans également. Lors de cette annonce, les chuchotements de la famille de l’accusé dans la salle vont bon train. 

L’avocat de l’accusé rappelle le contexte en appuyant sur le fait qu’il avait peur. Il explique que la Renault Mégane est une voiture sportive et que « c’était le rêve d’Antoine d’en conduire une, il a pris cela comme une opportunité ». L’avocat assure que la détention va gâcher sa vie. « Il a vu ce qu’était la prison puisqu’il était en détention provisoire, ça lui a servi de leçon. C’était un passage nécessaire pour qu’il voit ce que c’est et pour l’écarter de la délinquance ». Les frères de l’accusé travaillent, ils ne sont pas connus des services de police. Selon l’avocat, l’accusé aurait perdu du poids et aurait des troubles du sommeil suite à cela. « Il s’inquiétait beaucoup pour la victime et pour la sanction finale qui allait lui être donnée », explique l’avocat qui demande un sursis simple ainsi qu’une obligation de formation.

L’accusé, quant à lui, souhaite se former et travailler. Il veut évoluer dans le domaine de la peinture mais n’a effectué aucune démarche pour le moment car « j’attendais d’avoir mon permis« . Il explique, « la vie carcérale c’est pas pour moi. J’ai vu des scènes horribles ». Le jeune homme, inconnu des services de police jusque-là avait un casier judiciaire vierge. « Je veux avoir un avenir, comme mes frères », a répété le plus jeune de la fratrie, plusieurs fois durant l’audience. 

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* Le prénom a été modifié

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