Mardi 10 janvier, 14h33, Sofiane* entre dans le box des accusés. Au Tribunal des Grande Instance de Lyon, une nouvelle comparution immédiate est sur le point de démarrer.
Alors qu’en novembre 2022 une mobilisation regroupait magistrats et avocats, les comparutions immédiates ne se font pas moindres.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 8 au 9 janvier dernier. Un homme, alors qu’il découchait, a reçu un appel de ses voisins. Ces derniers l’ont prévenu qu’il semblait y avoir quelqu’un chez lui. Ni une, ni deux, l’homme se précipite à son domicile à Villeurbanne. Les forces de l’ordre sont déjà sur place lorsqu’il arrive. Le constat : une vitre brisée à l’aide d’un parpaing. Le rez-de-chaussée a été fouillé, tout a été renversé. Des tas de choses sont sur le sol, cassées, d’autres sont introuvables, volées. Au premier étage, c’est une drôle de rencontre que font les policiers et le propriétaire de la maison.
En tête-à-tête avec le prévenu
Un jeune homme de 19 ans est couché dans le lit, en plein sommeil. À ses côtés, une sacoche dans laquelle se trouve des objets déclarés disparus quelques minutes plus tôt. Le butin : une boîte avec à l’intérieur 357€ dont 173€ en pièces de 2€, un MP3, une statuette en or, un porte-feuille neuf, une paire de lunettes… Lors du dépôt de plainte, le propriétaire indique que tous ces objets lui appartiennent, excepté les lunettes de soleil. De plus, il précise l’origine de chaque produit trouvé.
L’accusé, un algérien arrivé en France il n’y a que quelques mois, a du mal à s’exprimer en français. Un traducteur est à ses côtés dans la 14e chambre du Tribunal de Grande Instance afin d’interpréter ses propos. Alors qu’il avoue que la sacoche était bien la sienne, il assure, « je ne suis entré que pour dormir, il faisait froid, je n’avais nul part où aller. J’ai essayé d’ouvrir la porte, j’ai réussi. Il n’y avait personne, j’en ai profité pour dormir au chaud ». Le prévenu conteste ainsi le vol et les bris de la vitre.
L’avocate de la partie civile indique que la victime n’est pas présente. « Il est bouleversé par les faits, on a dormi dans son lit, violé son intimité », précise-t-elle. SDF depuis son arrivée dans le pays, le jeune homme était en « situation de misère » explique l’avocate du prévenu. Elle défend, « il faut réfléchir à son histoire. Sa première intention était de dormir et non de voler. Il a avoué, il a été honnête ». Le procureur entend mais clame tout de même une peine de 12 mois d’emprisonnement dont six avec sursis. Le prévenu insiste en donnant le mot de la fin, « je voulais seulement dormir au chaud« .
AFFAIRE SUIVANTE !
*Prénom modifié