C’est dans un théâtre des Célestins bondé d’enfants, de jeunes, et un petit peu d’aînés que se tenait hier soir le spectacle du groupe acrobatique de Tanger. Ce show, pourrait-on dire, puisqu’on en prend plein les yeux, évoque le Maroc, son histoire, son quotidien grâce à la simplicité des images dansées, des tableaux créés par les acrobates.
11 acrobates sur scène, on ne leur donne pas plus de 25 ans, ils sont souples comme des chewing gums et déconcertants de légèreté. Les acrobaties se succèdent, de plus en plus spectaculaires, des pyramides, des sauts, on les voit grimper sans obstacles quelconques, et c’est avec cette impression ébahie que la pièce commence. Mise en scène par ‘’Zimmermann’’ et ‘’De Perrot’’, deux adeptes du théâtre sans paroles, la pièce chamboule la place du danseur en tant que personnage sacré : il est ici objet, transbahuté, porté, modelé par ses acolytes. Les deux artistes ont su insuffler l’humour, l’absurde, le clin d’œil dans un spectacle physique, associé habituellement à la démonstration de force. L’un est ‘’artiste du mouvement’’, danseur pour faire simple, et l’autre est dj, compositeur. En plus de donner à voir le talent des acrobates par des jeux poétiques, ils ont su concevoir une scénographie presque magique : un mur de planches en bois avance et recule sur les danseurs, se décompose, absorbe les personnages pour les faire apparaîtres sous d’autres accoutrements, leur permets de se hisser au dessus de la scène, ils figurent la ville mais aussi les falaises, comme des élément de jeux à nouveau expérimentés par le groupe acrobatique de Tanger.
Tanger, le Maroc, le monde arabe est évoqué par des vêtements, des chants, des situations, des onomatopées. Rien n’est dit mais on perçoit des figures de manifestations, de révolution, des cris, la jeunesse heureuse qui s’entraide, le système D… Les tours de bois prennent aussi la forme d’obstacles, de frontières, qui doivent être gravis, franchis par les jeunes, qui y parviennent dans leur énergie de groupe.
Le voyage proposé au théâtre des Célestins ravi le spectateur : pas un bruit dans la salle, des applaudissements toutes les 10 minutes à la suite des acrobaties, les personnages nous apparaissent comme des magiciens, qui d’un toucher du doigt éteignent une lampe, fendent l’air en une pirouette semblant dévier les lois de la gravité, ou encore se jettent dans le vide, rattrapés par leurs compères.
L’on apprend dans le programme distribué qu’il existe au Maroc une tradition acrobatique exemplaire, transmise de troupes en familles, que les numéros se montent dans la rue, que des contrats sont conclus pour le bonheur des yeux des touristes. Petit à petit cette énergie se transforme et nous permet de prendre connaissance de ce spectacle (ou d’autres comme Taoub, d’Aurélien Bory, ou le festival Awaln’art de Marrakech) et d’apprécier la chaleur, l’énergie positive et l’originalité que transmettent ces jeunes acrobates.
Chouf Ouchouf signifie en arabe « Regarde et regarde encore », c’est ce que l’on a fait au théâtre des Célestins, et que l’on vous encourage à faire, avant la fin de la programmation du spectacle, le 31 décembre !
Chouf Ouchouf, Zimmermann & De Perrot, Théâtre Des Célestins,
Lyon 2ème, tous les soirs jusqu’au 31/12, excepté le lundi et le samedi 24.
Horaire : 20h, dimanche à 16h.
Tarifs : plein tarif de 17 à 34 € ; tarif réduit de 15 à 30 € ;
carte Célestins de 14 à 29 € ; -18 ans, carte 18/25 ans de 8,5 à 17 € ;
personnes handicapées, demandeurs d’emploi de 10 à 20 €
Laura Tangre