Le chef du parti socialiste était en meeting ce mardi soir à l’Astroballe. Une arrivée entre les jeunes militants pour un candidat tout juste 5e des sondages pour les présidentielles 2017.
Qu’il est dur de ne pas flancher devant l’échec. Cette sensation que rien ne va, rien ne fonctionne comme le projet et le programme l’avaient prévu. Son plus gros défaut est à n’en pas douter, le quinquennat de François Hollande…Cinq ans où il sera passé du gouvernement à la fronde, de l’Éducation à la rééducation…Reconstruire un parti abandonné des Français pour faire illusion dans une présidentielle où les sondages et les discutions de comptoirs le donne K.O d’entrée de jeu. Benoît Hamon veut « une gauche moderne », une gauche…de gauche. Défi personnel et national, il parcourt la France en quête de renaissance. Fort de plus de 1700 parrainages mais affaiblit par les abandons.
Un rouge socialiste devenu légèrement morose.
Alors que sa famille politique se disloque, Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, Najat Vallaut Belkacem ou encore Europe Ecologie les Verts, hier présent, croient en la victoire. « Nous allons casser la machine à désespérer » répétait le chauffeur de salle. Ne pas désespérer. Évidemment pour Benoît Hamon, sa victoire au 1e tour ne doit pas faire de doute. « Je serai au second tour » lançait-il au milieu des « Hamon président » hurlés par les quelques 4500 personnes présentent au meeting. Il est pourtant le seul qui explique qu’en cas de défaite le seul candidat pour lequel il appellera à voter au second tour sera Jean-Luc Mélenchon.
Héritier malgré lui d’un quinquennat cogné, boxé, piétiné, il n’a eu d’autre choix que d’assumer ce qu’on lui avait légué avant d’essayer de le faire oublier. « C’est une force considérable pour vous représenter et gagner cette élection présidentielle », annonçait-il suite à son élection à la tête du Parti socialiste. Entre « jeu morbide » après le mauvais coup de Manuel Valls et l’échec de ralliement avec Jean-Luc Mélenchon, Hamon se retrouve chaque jour un peu plus seul. A douze jours du premier tour, la seule option est de faire face, de convaincre, et de lutter…
Un meeting pour se rassurer
Les jeunes devant, les anciens derrière. Il faut du neuf, mais pas avec du vieux. Il arrive d’un air émerveillé encouragé, acclamé par les jeunes socialistes en haie d’honneur, applaudit en standing ovation par le reste de la foule. Drapeaux EELV, LGBT, PS brandit ensemble pour montrer une gauche nouvelle, une gauche fière et unis. Après les discours de ses alliés, il arrive en héros pour une foule déjà acquise à sa cause. « Je l’ai vu à Bercy la dernière fois, il a tout pour être président », raconte une militante PS. Michele Rivasi la députée européenne, incarnait sûrement son plus gros atout, une alliance EELV-PS avec en ligne de mire la fermeture des centrales nucléaires comme Fessenheim.
Les candidats adversaires passent tour à tour à la trappe. Emmanuel Macron est hué et dit à « l’Ouest » pour sa « traitrise » et pour sa proximité avec le laboratoire pharmaceutique Servier. François Fillon est raillé pour l’affaire des costumes. Marine le Pen quant à elle est la candidate qui fait « peur » et qu’il faut détruire. Une phrase slogan est ressortie : « Des candidats qui font peur, des candidats qui y croient, des candidats qui s’y croient ». Najat Vallaut Belkacem est largement applaudit : « Et vous pouvez faire du bruit parce qu’il va embrasser Najat »…l’une des dernières têtes d’affiche a ne pas avoir changé de camp.
La jeunesse
« Elle est la belle surprise de cette campagne […] Voter pour le futur de vos enfants ». Il sait que la jeunesse sera un argument de taille pour sa campagne et son élection. L’avenir, une projection qu’il martèle, dont il fait son cheval de bataille en égratignant Marine Le Pen « Si vous aimez vos enfants vous ne pouvez pas voter pour Marine le Pen ». Toujours sûrement ce besoin de s’appuyer sur ce qui fait peur pour toucher le cœur des gens. À entendre les cris de la foule, cela fonctionne. Les vidéos diffusées avant l’arrivée du candidat montrent très largement des jeunes voulant du changement. « On est nombreux dans la classe, on veut plus de professeurs » raconte en quelques secondes un jeune homme. Personne ne pourra s’empêcher d’avoir une réflexion furtive dans son esprit pour se dire que les deux derniers ministres de l’Éducation ont été Benoît Hamont et Najat Vallaud Belkacem… mais sûrement n’étaient-ils pas les seuls à élaborer et voter pour des réformes éducatives…
Selon le candidat, il faudra stopper la caractérisation des gens de banlieues. « Sont-ils comme les autres », des choses qu’il ne veut plus entendre. Un sentiment d’abandon qu’il a l’air de comprendre avec sincérité avec un message qui pourrait rendre fier ces jeunes « ils ne se sont jamais fait passer pour des victimes ». Des quartiers populaires qu’il gardera longtemps en bouche pour expliquer que ce sont ces lieux qui ont engendré « les grandes revendications populaires ». Il parlera de La Marche de 1983, pour parler d’un élan de solidarité des Français venu d’Afrique et des Français sans liens avec eux. Discours tombant légèrement dans la démagogie qui ne manquera pas, là non plus, les cries de joies de sa masse de soutien. « La réussite réussissant toujours au même faisant la tronche toujours au même », Benoît Hamon montrera la ministre Vallaud-Belkacem comme « l’un des visages des plus incroyables de la réussite ». Il faut donc y croire quand tout laisse penser à l’échec…
Une soirée en définitive pour se rassurer, une soirée pour s’exprimer, pour une élection qui, selon des médias largement critiqués le donne perdant dès le premier tour.