Candidate écologiste pour la mairie de Villeurbanne, Béatrice Vessiller a pour objectif de faire de la ville un lieu où il fait bon-vivre dans le respect de l’environnement. Pour cette seconde candidature, elle souhaite de nouveau rassembler les écologistes seules pour le premier tour. Le Lyon Bondy Blog l’a rencontrée.
Partie 1 à retrouver ici
Villeurbanne est une ville très étudiante, avec son campus. Comment aider les étudiants et lutter contre la précarité qui les touche?
En effet, Villeurbanne est une ville étudiante, la métropole est une métropole étudiante. Il y a plusieurs pistes pour améliorer la vie, le pouvoir d’achat des étudiants. Il y a à la fois la question du logement et la question du transport. Pour les transports, ils ont la capacité à faire du vélo, et nous comptons leur offrir des stations sécurisées un peu partout. Pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire du vélo, nous allons diminuer l’abonnement étudiant. Il est aujourd’hui de 32,20 euros et nous le passerons à 20 euros. Un effort important pour favoriser la mobilité des étudiants en transport en commun.
Sur la question du logement, il faut continuer à construire du logement étudiant avec le CROUS, mais nous voulons aussi développer d’autres solutions : comme du logement contre service, c’est-à-dire des étudiants qui peuvent rendre service à des familles qui ont des enfants à garder ou des personnes âgées qui ont une chambre vide. Pour ça, il faut faciliter la mise en relation de l’offre et de la demande, et aujourd’hui ça n’est pas très lisible. Nous mettrons une plateforme en place pour faciliter cette mise en relation.
Les EPHADs manquent de place dans la métropole, mais aussi à Villeurbanne. Que prévoyez-vous de faire?
Les EPHADs sont vraiment pour les personnes dépendantes, qui sont en perte d’autonomie. C’est sûr qu’il faut continuer à construire des places et dans des structures accessibles du point de vue du tarif mensuel, parce que les structures privées à plus de 3000 euros par mois, tout le monde ne peut pas se le payer. Mais il y a aussi à agir pour le maintien à domicile, avec l’adaptation des logements au vieillissement. Il y a aussi la solution de logement contre service, parce qu’on sait que beaucoup de personnes âgées ont un appartement ou une maison où elles peuvent très bien accueillir un étudiant. Mais il faut que ce soit simple, que la question du bail, du contrat de travail soit réglée. Il faut de la confiance mutuelle.
La collectivité peut alors servir de caution, pour toujours garder cette sécurité entre les deux?
Tout à fait. Il faut qu’il y ait une médiation possible, une simplification des choses. Nous avons tout à fait notre rôle à jouer, et nous nous y emploierons.
Comment comptez-vous faire pour tout ce qui touche l’aide à l’emploi à Villeurbanne?
Villeurbanne est une ville qui est toujours dynamique, du côté de l’activité économique, puisqu’il y a 56 000 emplois et de nombreuses entreprises. C’est important de le préserver, cela fait aussi partie de cette identité de la ville, d’avoir cette fonction économique important. Il y a de plus en plus tertiaire et de moins en moins industriel, mais c’est un peu l’évolution économique en général. Nous souhaitons conserver ce tissu économique, aider à l’installation d’entreprises et accompagner les projets d’entrepreneurs sociaux ou innovants. Je suis frappé de voir, notamment chez les jeunes, des idées pour créer de l’activité. Ils cherchent des locaux, et souvent ont besoin d’une aide au démarrage. Donc des « villages de créateurs » , des aides à l’installation, tout ça sont des pistes que nous souhaitons mettre en oeuvre pour faire en sorte que l’activité économique responsable se mette en place. Il y a des secteurs d’activités à soutenir et à impulser dans le domaine de l’économie circulaire, du bâtiment qui est un secteur que je connais bien puisque je suis vice-présidente en charge de la rénovation de l’habitat. Je vois bien tout ce qu’il est possible de faire pour améliorer le confort des logements, c’est de l’activité économique locale. Si l’on veut isoler les bâtiments avec des matériaux recyclés, biosourcés, qu’avec du polystyrène à base de pétrole, il y a tout un secteur d’activité à soutenir pour aider à éclore. Nos déchets sont des ressources et il y a des enjeux dans cette métropole. On a déjà une entreprise comme à Villeurbanne. On a Territoire Zéro Chômeur à St Jean, qui est un type d’opération que nous souhaitons développer et étendre à d’autres quartiers. Si le gouvernement est accord, puisque c’est un dispositif expérimental.
Sur l’accompagnement des jeunes à l’école, il y a évidemment à renforcer les moyens et la mise en relation des structures qui offrent des formations pour les parcours difficiles. C’est aussi un des objectifs de notre programme.
Comment aider les petits commerçants à Villeurbanne, face à la concurrence des grandes surfaces?
Le commerce est aussi un sujet important pour la qualité de vie des habitants, pour qu’ils aient du commerce en proximité. Mais aussi pour la vie et l’animation des quartiers. On voit bien quand il y a des rez-de-chaussée commerciaux ou quand il y a des rez-de-chaussée vacants, cela ne donne pas la même ambiance dans la ville. Dans un certain nombre de quartiers, le sujet est difficile. La vie commerciale a du mal à être maintenue. Pour ça, la ville peut soutenir l’installation de commerce. Cela est déjà amorcé sur le cours Tolstoï par exemple. Il faut aussi aider à la promotion des producteurs locaux, je pense que les gens sont aussi en attente d’avoir des produits de qualité locaux à disposition sur le marché et aussi dans des commerces de proximité. Il faut travailler avec les commerçants et les associations de commerçants existantes de partout. Il faut en discuter pour que notre manager de centre-ville intervienne dans d’autres quartiers, je pense que les commerçants eux-mêmes ont des idées sur ce qui peut les aider. Il faut travailler avec les commerçants et les habitants du quartier. Il y a parfois un paradoxe de la part de nos citoyens, qui veulent des commerces de proximité, mais vont quand même à la grande surface à l’autre bout de l’agglomération. Il faut aussi que les habitants soient conscients qu’on aide à installer les commerces, mais qu’il faut aussi les fréquenter.
Il y a des quartiers très disparates au sein de Villeurbanne, certains en pleine gentrification et d’autres qui sont très populaires. Comment faire pour ne pas plus pousser le fossé entre ces quartiers et créer une unité de ville?
Pour la garder, je dirais. Elle est aujourd’hui effectivement un peu mise à mal, avec par exemple St Jean qui est un quartier avec plus de 50% de logements sociaux. L’objectif avec le projet urbain de St Jean, que je partage dans la philosophie générale, est cette idée de créer d’autres types de logements, ce qui me parait une bonne chose. Mais il faut aussi aider à l’installation de professionnels de la santé, améliorer les transports. C’est typiquement le type de quartier isolé, mal-raccordé, avec un seul bus qui a une fréquence et une régularité insuffisante, qui ne circule pas le dimanche. Nous souhaitons rajouter des bus pour que les gens soient facilement et rapidement à Laurent Bonnevay, avec le métro d’autres bus.
Il faut aussi travailler sur la mixité des habitats, sur le soutien aux commerces, à l’installation professionnelle de santé, et sur accessibilité. Mais je crois qu’il faut être volontariste comme ça sur la mixité de l’habitat dans tous les quartiers et préserver la part du logement social pour éviter la gentrification. Aujourd’hui, c’est assez contenu, il faut continuer. Il faut vraiment être vigilant sur ce qui se construit, comme je disais sur ce qui se vend, pour ne pas contribuer à une certaine gentrification. Cela ne peut pas être que du logement à 4000 euros le mètre carré mis sur le marché aujourd’hui à Villeurbanne.
Comment voyez-vous les relations entre le ou la maire de Villeurbanne et le futur président de la métropole ? N’y a-t-il pas un risque que Villeurbanne devienne soluble dans la métropole lyonnaise ?
Je pense qu’il faut fluidifier la relation entre la ville et la métropole, qui aujourd’hui sont parfois inutilement compliquées. Mais je ne me fais aucun souci si la métropole est présidée par un élu écologiste, par mon collègue Bruno Bernard. Nous devrions travailler ensemble très facilement et en bonne intelligence sur tous les projets que j’ai évoqués. Le risque que Villeurbanne soit soluble dans la métropole, c’est à mon avis infondé. Villeurbanne est Villeurbanne, et la ville aura toujours ses caractéristiques, comme son identité, avec la vie culturelle ou associative. Et puis l’identité physique aussi, avec le parc de la Feyssine, les Gratte-Ciels, ses différents quartiers. Il faut savoir préserver l’identité de ces différents quartiers ou la revaloriser, en préservant aussi des secteurs d’intérêts patrimoniaux, autres qu’aux Gratte-Ciel. Mais je pense qu’il n’y aucun problème pour que Villeurbanne tienne toute sa place dans la métropole, c’est une ville importante qui pèse dans la métropole. Il n’y a pas de quoi agiter le chiffon rouge.
Envisagez-vous des alliances d’ici les élections?
Aujourd’hui je parle aux Villeurbannaises et aux Villeurbannais, je leur parle de mes propositions, de notre projet écologique et citoyen, et c’est ce qui m’intéresse. Je suis dans cette campagne pour arriver en tête au soir du premier tour, nous verrons bien ce qui se passera ce soir-là. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que les Villeurbannais aient le choix de différents projets. Je m’emploie à présenter notre projet, notre programme, pour leur expliquer en quoi il va améliorer leur vie quotidienne en améliorant la ville, en préservant ce qu’il y a à préserver, et en améliorant ce qui doit l’être sur les questions de bien-vivre ensemble, de qualité de vie, de pollution, d’espace vert, d’école, de solidarité dans le logement, etc. C’est ça qui m’intéresse, pas les histoires d’alliances, comme l’on fait d’autres.
Comment voyez-vous Villeurbanne dans dix ans?
Je pense que dans dix, après un mandat et demi d’une mairie écologiste, Villeurbanne aura retrouvé une qualité de vie, en termes de cadre de vie. Une ville moins polluée, plus respirable, plus végétalisée, toujours mixte, où il fera bon vivre, où on aura renforcé le lien social et la place des citoyens dans les décisions publique, parce qu’ils auront contribué aux assises de la sécurité, au projet d’aménagement des parcs, sur le projet St Jean. On se déplacera facilement à vélo, à pieds, parce qu’on aura plaisir à cheminer dans des allées ombragées. On participera aux fêtes de Villeurbanne, aux événements culturels dans l’espace public qui sera très convivial. Je pense que c’est tout à fait faisable et que les Villeurbannais dans dix ans seront fiers d’avoir élu une équipe avec une maire écologiste à la tête. Dans dix ans je ne sais, mais au moins pour les six ans à venir en ce qui me concerne.
Votre objectif est aussi de limiter l’accroissement de la ville ? Vous ne souhaitez pas une ville avec 20% de population en plus dans dix ans ?
Oui, je crois qu’on a atteint un niveau vraiment élevé. Évidemment, il ne s’agit pas d’arrêter la progression, mais je pense qu’il faut ralentir le rythme de construction qu’on a connu, à plus de mille habitants. Je souhaite qu’effectivement, on modère la construction de logements, et donc l’augmentation de la population. On construit des logements aussi aujourd’hui pour le vieillissement de la population, pour les jeunes, mais il faut le faire de manière modérée et dans des formes urbaines respectueuses de l’identité de Villeurbanne et en prenant en compte le besoin de ne pas créer des îlots de chaleur. Il faut à la fois tenir compte du positionnement des nouveaux bâtiments par rapport au soleil, et végétaliser fortement les parcelles privées. Nous devons faire attention à comment on construit, et moins qu’aujourd’hui.