Éloignée des terrains depuis 2017, cette ancienne internationale française vient de retrouver les parquets au sein de l’école de formation « Gones Basket Fauteuil Academy », dans le 3e arrondissement. Originaire du Nord, la trentenaire se livre sans détour sur son engagement associatif et sa carrière internationale.
Envisager l’après-carrière n’est jamais chose aisée pour les sportifs. Juliette Watine l’a appris à ses dépens. Pourtant déjà bien occupée sur le plan professionnel, son désir de retrouver les terrains a pris le dessus. Une volonté qui l’a poussée à rejoindre l’école de basket-fauteuil pour enfants et adolescents « Gones Academy ». « Le sport a toujours pris une place importante dans ma vie. Même après l’arrêt de ma carrière internationale, j’ai toujours continué le sport. J’ai découvert le hockey en fauteuil, je me suis même remise un peu au tennis, mais maintenant le sport doit rester un loisir. D’où cette volonté de retrouver un statut amateur. »
D’abord peu réceptive à l’idée de se remettre au basket à son arrivée à Lyon il y a près d’un an, c’est finalement sur les conseils de son ami Julien Robert, co-fondateur de l’école, que la néo-lyonnaise a décidée de rejoindre le centre de formation : « Je ne m’étais pas trop posée la question du basket au départ, puisque maintenant je fais également du cirque. En plus, quand je suis arrivée, le club professionnel d’handi-basket de Lyon était déjà dissout à ce moment-là. Romain m’a proposé de rejoindre la Gones Basket Fauteuil Academy, et l’idée d’encadrer des jeunes âgées entre 8 et 20 ans pour leur apporter notre expérience m’a beaucoup plu ».
Concilier le plaisir de jouer et la transmission aux plus jeunes, tels sont les objectifs de Juliette Watine : « J’y vais d’abord pour mon plaisir personnel, pour taper un peu dans le ballon et shooter. Ensuite, l’idée d’encadrer les jeunes, les conseiller même si je suis ni éducatrice ni coach. Ça me donne un peu l’occasion d’entraîner ce groupe, même si j’ai pas officiellement ma licence. ». L’enthousiasme de l’ancienne pensionnaire de la faculté de Lille se devine facilement au fil de son témoignage. Parmi ses sources de motivation, une démocratisation toujours plus large du handi-basket : « Les enfants sont très heureux d’être là, ils nous le font sentir par leurs sourire et c’est très agréable. Moi, j’étais très déjà très étonnée de voir le nombre de jeunes inscrits. À l’époque où j’ai commencé à Lille en 2007, j’avais 17 ans et j’étais la seule nana entourée de mecs de 40 ans. Ce manque de diversité m’avait quelque peu effrayée au départ et c’est pour ça que je m’étais retirée de ce sport dans un premier temps. L’environnement ici est hyper positif et j’aurais aimé avoir ça quand j’ai commencé. En plus de ça, je constate que beaucoup de filles viennent aux entraînements et ça aussi, c’est vraiment positif. »
Des courts de tennis au Maracana
En 2014, Juliette décide de reprendre le basket, après sept ans de pause. Durant cette longue période, elle s’était illustrée par des performances dans le tennis, décrochant un titre de vice-championne de France en 2011 ainsi qu’une troisième place en 2013. Mais la jeune femme est polyvalente, et compte bien mettre ses compétences sportive au profit du basket. De retour sur les parquets lillois, elle participe la même année à sa première coupe du monde à Toronto. L’équipe de France finit à la , et Juliette Watine amorce une véritable ascension individuelle.
L’année suivante, la native de Roubaix participe aux championnats d’Europe à Worcester, pour la deuxième fois de sa carrière, avant de terminer en apothéose, avec les jeux paralympiques de Rio en 2016 – la deuxième qualification de l’histoire de l’équipe. Et quand on demande à Juliette quel est son plus grand souvenir chez les Bleues, celle-ci reste un peu hésitante : « C’est une question difficile. Mon premier, c’est le match qui nous permet d’obtenir notre première qualification pour les Jeux, contre l’Espagne. C’est une année où on c’est vraiment du 50/50 avec eux. C’était le match à gagner ! On l’a fait, et avec la manière en plus. Cette victoire avait vraiment une signification particulière pour nous, parce que c’était l’aboutissement de quatre ans de travail pour beaucoup d’entre nous. Un grand moment ! Et le deuxième grand moment qui me vient à l’esprit, c’est la soirée d’ouverture des Jeux Paralympiques de 2016, au stade Maracana. À ce moment-là, on se sent tout petit et en même temps grand par notre présence dans ce stade mythique. On se dit qu’on y est, et que tous les sacrifices entrepris pendant quatre ans ont vraiment servi à quelque chose ».
Aujourd’hui, Juliette Watine souhaite passer le flambeau aux jeunes de l’Académie, avec l’espoir et l’ambition que parmi eux se trouvent de futurs champions. Qui sait ?