Ayman, 23 ans, est un étudiant gazaoui. Bien qu’entre 500 et 800 jeunes de Gaza aient obtenus des bourses de la part d’universités étrangères pour continuer leur cursus en échange universitaire, il est l’un des rares à avoir pu sortir de son pays.
Souriant et chaleureux, Ayman nous attend dans un parc où il pique-nique avec des membres d’associations qui l’accueillent le temps de son séjour en France. Il nous explique qu’à Gaza city, les familles aimaient se retrouver au parc Barcelona, construit grâce aux financements de la municipalité espagnole. Mais pendant la dernière guerre, le parc a été complètement détruit au bulldozer,
« c’était comme s’il y avait eu un tremblement de terre ».
Les gens se réunissent également à la plage mais suite au bombardement du centre d’épuration l’hiver dernier toutes les eaux usées se déversent dans la mer et les navires de guerre israélien guette les rares nageurs ou pêcheurs qui s’éloigneraient un peu trop des côtes. De plus, le blocus imposé par Israël affecte fortement la vie quotidienne : « Tu trouves le minimum pour survivre : du pain, de l’huile, de la farine… Quand je suis arrivé en Europe j’ai pris en photo une canette de coca et je l’ai envoyé à mes amis de Gaza. Cela faisait 4 ans, depuis le début du blocus, que je n’en avais pas vu ! ».
Pour la première fois de sa vie, après un véritable parcours du combattant, Ayman a pu sortir de la bande de Gaza pour arriver en Europe mi-février. Il suit actuellement un master « Paix, conflit et développement » dispensé dans plusieurs universités européennes. Mais s’il est parti pour poursuivre ses études, ce n’est que pour mieux revenir et faire profiter de ses connaissances à son peuple afin d’œuvrer pour la paix.
Très impliqué dans la vie de ses concitoyens, Ayman fait partie d’une association qui aide les enfants à surmonter les traumatismes de la guerre. Créée après l’opération « Plomb Durci » de décembre 2009-janvier 2010, lui et une dizaine de bénévoles cherchent à redonner de l’espoir aux jeunes enfants. Il travaille avec 50 familles, 85 enfants, victimes de différents traumatismes : anxiété, sentiment de peur, stress post-traumatique. « On cherche à ce qu’ils nous livrent leurs peurs pour les remplacer par de l’espoir ».
Il fait dessiner les enfants, certains peignent la vie et la paix mais d’autres qui ont vu certains de leurs proches mourir sous leurs yeux dessinent la mort et les bombardements. « C’est très dur pour nous car nous devons retirer ces images de la tête des enfants, c’est un travail de longue haleine qui peut être détruit à tout moment ».
Se qualifiant lui-même d’idéaliste, Ayman garde espoir : « Nous sommes tous des êtres humains, il faut passer au-dessus des différences religieuses, culturelles ou linguistiques. Il faut respecter la vie humaine pour que ce terme ait encore un sens. ».
Il a encore pleins de projets en tête : depuis l’Espagne, il coordonne un nouveau programme qui a pour but de créer des ponts entre les enfants de Gaza et les enfants européens afin de permettre la rencontre d’une même génération à la vie pourtant si différente.
Découvrez le Blog d’Ayman : http://peaceforgaza.blogspot.com/
Maeva Breau