UNE MATINEE A LA PREF (I). Reportage dans la file d’attente du service des étrangers de la préfecture.
Quel Lyonnais n’a jamais été interpelé par cette immense file d’attente qui borde les trottoirs du quai Sarrail aux abords du Rhône, en plein centre ville. Cette file d’attente, pour ceux qui l’ignoreraient, est celle du service des étrangers de la préfecture du Rhône. Les plus mauvais jours, quelle que soit la météo, elle peut contenir près de 500 personnes.
Alors que le service n’ouvre ses portes qu’à 9h, certains usagers tiennent le piquet depuis 6 h du matin. Patience et longueur de temps je vous dis… Un homme a pris soin d’emmener un petit siège pliable. D’autres ont des livres, à boire, à manger, de quoi calmer les plus petits. Il y a les portables aussi. Pour écouter la musique, surfer, jouer. Parfois, le calme de l’attente est brisé par un esclandre ou une discussion houleuse avec un policier. C’est toujours ça de gagner contre l’ennui.
La queue s’allonge. Le policier fait des allers et venues afin de s’assurer que tout ce petit monde va bien. Durant de longues heures d’attente, c’est la discipline qui prime. Les gens sont d’une patience exemplaire. Des contacts se créent alors parfois. On se questionne sur les problèmes de dossiers, les vicissitudes du service… Visiblement, la situation s’est détériorée depuis le mois de janvier, date à laquelle la préfecture du Rhône a modifié le fonctionnement de traitement des dossiers au service étranger. Auparavant, chacun prenait un ticket et pouvait vaquer à ses occupations avant d’être reçu par un fonctionnaire. . Désormais, « aucun ticket n’est délivré si votre dossier est incomplet. »
« En fait, vous faites une première fois la queue pour récupérer votre ticket. S’il vous manque ne serait-ce qu’une photocopie, l’on vous renvoie chez vous. Ensuite, si c’est bon, vous devez encore attendre un long moment avant de faire valider votre dossier. », m’explique-t-on. Au total, certains usagers restent bloqués à la pref près de 6 heures.
Bizarrement, toutes les machines (photocopieuses, machine à café, distributeur de bonbons, photomaton) sont hors services. « Ils font ça pour nous emmerder c’est tout. », assène une homme. « Ah et en plus vous savez qu’ils ont augmenté de 40 euros le prix des cartes de résidents depuis quelques jours ! », prévient un autre. Consternation. « Ah Bon ? »
Un petit groupe d’hommes et de femmes s’amusent à comparer leur nombre de venues à la préfecture. « Moi c’est la troisième fois que je viens pour la même chose »- « Moi, la 5 ème ! » – « Et moi la 4 ème ! ». Beaucoup préfèrent plutôt en rire qu’en pleurer. De toute façon, ont-ils le choix… Pour ceux qui travaillent, la compréhension des patrons comptent beaucoup.
Je demande à une salariée de la préfecture une explication sur ce changement de règle. « On a eu des soucis avec des gens qui vendaient des tickets. Du coup, on a du mettre en place ce nouveau système. »
En attendant, chacun attend patiemment son tour en priant à ne pas avoir à revenir le lendemain.
« J’ai rencontré une dame qui avait amené la totalité de ses papiers personnels avec une photocopie pour chacun d’entre eux. C’était pour elle le seul moyen d’être sûre d’avoir son ticket. Et elle l’a eu ! » ma raconte une dame d’origine algérienne.Tout le monde ne connaîtra pas le même sort. « Aucune exception ne sera faite », prévient le service sur des dizaines de papiers placardés sur les boxes des agents.
–> Retrouvez dès 12h le reportage d’Hamza qui est allé interroger le service d’ordre de la préfecture.
Pascale Lagahe