I am Somebody est un projet monté par l’association l’Éducation en Héritage dans le quartier de la Perralière à Villeurbanne. En réponse aux difficultés de la jeunesse actuelle, ils cherchent à connaître les capacités de chacun et les accompagner dans leurs projets. Interview avec Nathalie Lafrie, la responsable du développement et formatrice en management interculturel.
Porté par l’Éducation en Héritage, le projet I am somebody propose des cafés-débats, rencontres interculturelles, soirées et ateliers sur les divers sujets. Visant surtout le public jeune ils apportent ainsi une portée vers le développement du pouvoir d’agir des habitants dans le quartier de Perralière. Plusieurs évènements ont eu lieu cette année (projection-débat « Ils l’ont fait » ; World Café sur le thème « ESS, Leadership collectif et Genre ») et encore pleins à suivre prochainement.
Comment fonctionne l’association Éducation en Héritage ? Est-ce qu’I am Somebody est son projet principal ?
Education en Héritage vise à promouvoir une réforme sociétale avec comme levier l’éducation. Son crédo est de faire ensemble un monde plus juste et plus éthique. Pour cela, elle agit à travers deux axes : un centre de formation à visée émancipatrice, et un café-pont, le Caravansérail café. C’est un café solidaire, intergénérationnel et interculturel situé à Villeurbanne. La campagne I am Somebody est l’un des outils mis en place par l’association pour mener à bien cet objet. Nous partons du postulat que notre humanité n’est pas négociable.
Comment est venue l’idée de créer ce programme I am Somebody au sein de l’association ?
Notre société traverse une profonde crise multifactorielle qui affecte l’ensemble des aspects de la vie. Notre jeunesse se croit pauvre et inutile. Les personnes âgées se sentent isolées, bien qu’indispensables à la cohésion sociale. Dès lors, comment faire ensemble un territoire dans lequel chacun trouve sa place, dans lequel chacun puisse se réaliser ? Chercher ce qui nous rassemble tout en cultivant nos différences, au-delà des mots, dans la force de l’agir : construire une unité plurielle.
Le programme I am Somebody vise-t-il plutôt le jeune public ?
Pas seulement tant il est vrai que les lignes de fragmentation de notre société sont nombreuses. Les jeunes sont notre avenir, nous leur accordons une place particulière, mais chacun a le droit d’être quelqu’un et peu importe son âge.
Nous pensons qu’un autre monde est possible. La campagne #Iamsomebody offre un lieu, un espace et des outils d’émancipation aux divers publics du territoire en particulier aux jeunes de 12 à 25 ans. En effet, les objectifs sont multiples et concernent l’ensemble des individus composant notre société. Partir à la reconquête de soi pour mieux interagir avec l’Autre. Construire des ponts durables entre les publics afin de mesurer et vivre pleinement la pluralité comme une richesse.
Est-ce que les jeunes qui participent aux évènements de I am Somebody connaissent déjà la structure et son local, le Caravansérail café ?
La plupart des partenaires éducatifs de Villeurbanne connaissent le Caravansérail Café. Nous sommes d’ailleurs force de propositions sur les volets Lutte contre les discriminations, Économie sociale et solidaire et Éducation en lien avec la ville. Nous avons initié un certain nombre d’actions avec la MJC de Villeurbanne, l’Asvel Citoyen et la Maison de quartier des Brosses. Tout l’enjeu réside dans notre capacité à mobiliser les publics directement ou en lien avec nos partenaires actuels et à venir, à Villeurbanne, mais aussi par exemple à Lyon 3 et Vaulx-en-Velin.
Par ailleurs, le programme n’a pas vocation à se concentrer sur un lieu en particulier. Il constitue un outil de co-construction à disposition de l’ensemble de la communauté éducative, pour questionner, interroger, et insuffler le pouvoir d’agir.
Comment developpez-vous l’envie et le pouvoir d’agir des habitants (empowerment) chez les jeunes ?
Avec les jeunes nous utilisons une pédagogie de l’action/de projet. Les différents ateliers sont menés en cohérence avec les valeurs de l’éducation populaire, notamment son axiome central : agir par soi-même pour soi et les autres. Nous visons l’autonomie des publics impliqués et la coopération de manière durable.
En quoi les propositions de rencontres culturelles sont-elles particulièrement intéressantes pour les habitants de la Perralière ?
Tout simplement parce qu’il n’en existe pas ou peu au sein du quartier. Dès lors, à nous de les initier et de les co-construire. Par ailleurs, le quartier est cosmopolite et multiculturel, mais cette réalité sociologique ne donne lieu qu’à peu de contact sur le terrain. La vie de quartier est à bout de souffle.
Avec #Iamsomebody et plus largement l’implantation du Caravansérail Café, nous souhaitons être force de proposition et développer un maillage territorial bénéfique à tous, avec en particulier, l’art et la culture comme vecteur d’émancipation et de lien social.